[Une vie peut basculer d’un moment à l’autre. Une relation peut se retrouver porté vers des cieux en instant et détruite l’instant d’après, sans que qui que ce soit ne puisse y faire quelque chose. Une douleur lancinante s’installe. Au début, il est difficile de réaliser, naviguant en eaux troubles et bercé par des souvenirs beaucoup plus vivants que l’instant présent. Et, un jour, tout change. La descente commence, elle fait mal, elle paralyse pour certains et pour d’autres, comme moi, c’est une source de motivation.
A ta mémoire mon ami.]
« California, here we come » comme le dit la chanson. Jimmy est née et à grandit en Californie. Pour lui qui y vit depuis 23 ans maintenant, c’est toujours un émerveillement du quotidien de découvrir et redécouvrir les moindres recoins de cet Etat. Alors qu’est-ce que ça doit être pour une personne d’un autre Etat ou même d’un autre pays que de découvrir LA, Sacramento, San Diego, San Jose ou encore Anaheim. Autant de villes, d’endroits qui ont forgés la vie et le caractère de Jimmy Deathbat. Une vie somme toute ordinaire, sûrement plus ordinaire que celle de la plupart des étudiants d'Harvard.
Tout a commencé en 1991 lorsque Jimmy est né. Il tient son prénom du légendaire Jimmy Page dont ses parents étaient fans jusqu’au bout des ongles, et dont il hérita le goût musical un peu plus tard tout en développant cela à sa propre manière. Issu d’une famille américaine typique, Jimmy a toujours pu compter sur un soutien familial infaillible. Avec son père, comptable, il partageait l’amour de la musique et celui du sport. A 9 ans, il l’emmena à son tout premier concert et ce fut un des moments qui changea la vie du jeune homme, voir Iron Maiden vous change un homme et sa vision de la musique. A peu près au même moment, son père devint assistant coach pour l’équipe de football du lycée de Walnut Creek et commença une deuxième passion pour le jeune homme. Pas besoin de passion commune pour que la relation mère-fils soit forte. Et c’est vrai qu’il n’y avait pas de passion reliant les deux, mais les passions du fils en devenaient celle de sa mère. Il n’était plus possible de compter les kilomètres pour emmener Jimmy aux répétitions, aux entraînements, aux matchs, etc. Il n’était pas son premier enfant, ni le dernier alors elle savait que ces tâches lui incombaient mais elle semblait s’en accommoder avec grand plaisir. Ce sont ces instants qui forgent, à son sens, une relation de qualité et qui saura résister à la crise d’adolescence. De crise, il n’en fut pas question pour Jimmy. Ainsi, son enfance passa un peu comme une lettre à l’US Postal. Pas de changements, pas de tragédies, peu de remous et d’une banalité réconfortante pour la construction d’un enfant.
Le lycée ne changea guère les choses dans le fond, il y eu simplement de nombreuses choses qui se sont greffer à cette vie simple. Le lycée est souvent catalogué comme étant un endroit où l’on reste avec ses semblables, des clans se forment. Sportifs avec cheerleaders, geek au fond du couloir bavant sur les cheerleaders, les skateurs/musicos qui s’aiment bien parfois et se détestent aussi parfois. Tout cela, Jimmy ne l’a jamais expérimenté. Il s’habillait exclusivement avec des tee-shirts de groupes de Rock et/ou Metal, pratiquait la guitare dans un groupe et faisait partit de l’équipe de football du lycée. Le mélange des genres, voilà ce que voulait Jimmy dans sa vie. C’était naturel chez lui et celui lui permettait de fréquenter des gens aux caractères opposés, à la façon d’être totalement différente et cela dans la même journée. Avec ses mensurations, 1 mètre 77 pour 71kgs à son arrivée au lycée pour finir à 1 mètre 87 pour 86kgs à la fin de son année Senior, Jimmy joua au poste de receveurs dans l’équipe de football du lycée. Un poste que l’on dira destiné puisque c’était celui de son père au lycée, et c’était le poste qu’il entrainait. Pour certains, avoir son père pour Coach aurait pu être une sinécure ; pour Jimmy, c’était un plaisir. Le plaisir de partager de longs moments avec son père. Ils furent Champions de l’Etat de Californie lors de la saison Junior de Jimmy, un moment inoubliable pour un gosse de 17 ans. Malgré un talent indéniable, Jimmy comprit très tôt qu’il n’irait pas à la Fac grâce à une bourse d’études venant d’une équipe. Pour y accéder, il ne devait compter que sur son travail scolaire. Celui-ci fut toujours très bon. Oh bien sûr, il n’était pas toujours le plus concentré, ni le plus travailleur mais ses capacités lui ont toujours permis de s’en sortir haut la main sans travailler comme un acharné.
Ce qui changea vraiment la vie de Jimmy « The Rev » Deathbat, c’est sa rencontre avec 4 personnes qui ont changés le cours de sa vie. Max Warrant, Paul Taylor, Blake Inger et Matt Phantom. Ces 5 la se sont rencontrés au lycée. Ils étaient californiens tous les 5 mais ils n’habitaient pas tous Walnut Creek avant l’année freshman et donc l’entrée au lycée. Ce qui les a réunis, c’est la passion de la musique. Cette passion s’appelle Iron Maiden, Metallica, Pantera, Guns’N’Roses … Ils commencèrent à jouer dans le garage des parents de Paul, au départ des reprises pour amuser les copains, les parents et (surtout) pour plaire aux filles. Et oui, le cliché du mec qui se met à jouer pour impressionner les filles existe encore. Et puis ils commencèrent à composer des titres lors de leur année sophomore avant d’avoir la chance d’entrer en studio lors de l’été précédent l’année Junior. Ils ne s’attendaient à pas grand-chose en enregistrant ce premier EP, à vrai dire pouvoir en distribuer une cinquantaine au lycée et jouer dans 2-3 bars les auraient plus que convaincus. Mais le destin en décida autrement. Ce que les 5 membres de Beyond Hell/Above Heaven avaient oubliés – ou n’avaient pas voulu penser – c’était la présence du fils d’un producteur au lycée. Un producteur qui, par hasard, du tomber sur le CD de son fils et trouva intéressant ce qu’il put entendre. Et voilà comment démarre une carrière. Mais une carrière quand vous êtes lycéens c’est compliqué, assumer les cours, la musique, les concerts et en sus pour Jimmy, le football qu’il ne voulait absolument pas arrêter. Autant dire que ses journées étaient pour le moins plutôt remplie. Le groupe continua à enregistrer des morceaux lors des 2 années qui suivirent tout en commençant à jouer hors de la Californie notamment en Arizona, au Nouveau-Mexique et dans l’Oregon. L’examen en poche, les garçons étaient face à un grand dilemme : partir à la Fac chacun dans son coin et donc stopper cette aventure ou se consacrer à 100% au groupe et oublier les études pour le moment. Dans la tête de Jimmy le choix était clair, mais il était beaucoup plus compliqué de convaincre ses parents. Finalement, l’envie de réaliser un rêve et de voir jusqu’où la musique allait bien pouvoir les emmener pris le pas sur la raison, celle qu’un jeune de 18 ans se doit d’aller à l’université. Après tout, il était encore temps d’y aller plus tard ou lors d’une pause dans groupe dans 10-15 ans, n’est-ce pas ? Jimmy ne croyait pas si bien dire en effet. Être une « rockstar », c’est génial. Souvent en tournée, avec les copains, à faire la fête, à coucher avec les filles du premier rang, etc. Mais c’est aussi un revers de la médaille bien plus sombre, et il l’apprit bien assez tôt.
En cette fin d’automne le groupe rentre de sa première tournée européenne, ils ont visités Paris, Londres, Berlin, Munich et Amsterdam, autant dire des cultures totalement opposées à ce qu’ils connaissent, ils avaient même composés 2 morceaux lors de rares moments de sobriété. Ils étaient à la fois heureux de rentrer à la maison mais triste de quitter le Vieux-Continent et ses innombrables choses qu’ils n’avaient pas encore pu visiter. Ils avaient fait promettre au manager de négocier une tournée plus longue en Europe lors de la sortie du prochain album pour visiter d’autres pays comme l’Italie ou encore les pays nordiques qui attirent beaucoup Jimmy concernant la symbolique musicale. Avec 9h de décalages dans les paluches, chacun rentra chez soi pour se reposer. Ils avaient décidés de se retrouver le lendemain soir pour débriefer de la tournée et surtout offrir une soirée à tous les techniciens qui les avaient accompagnés tout au long de ce road-trip. Jimmy arriva avant tout le monde, comme d’habitude et commença à discuter avec tout le monde, un verre à la main. Tout le monde était là, tout le monde sauf Matt. Et personne ne le vit de la soirée. D’ailleurs, personne n’avait eu de nouvelles de lui depuis leur retour. Le revers de la médaille, c’est la perte d’un ami, d’un meilleur ami, d’un musicien hors-pair, de quelqu’un qui partageait la vie de Jimmy depuis 6 ans maintenant. Saleté de drogue, saleté de « star-system », saleté de VIE.
La décision des 4 garçons fut unanime et ne soufra d’aucun remord. Ils ne pouvaient pas continuer, c’était impossible de faire des concerts ou même écrire des chansons sans Matt. Il représentait 20% de l’essence de Beyond Hell/Above Heaven et sans ces 20%, impossible de faire de la musique. Alors comme il l’avait promis à ses parents, et comme il se l’était promis à lui-même, Jimmy décida de faire son entrée à l’université. A 23 ans, il allait entamer sa 1ère année de fac. Il aurait 4-5 ans de plus que ses compères, mais cela ne représentait pas un problème pour lui. Il avait besoin de ce nouvel environnement pour se reconstruire et ne pas perdre pied.