ARYA HOPKINS ► Tatiana Maslany

« Well, that's essentially how I feel about life. Full of loneliness and misery and suffering and unhappiness, and it's all over much too quickly. »

- Woody Allen

Woody n'a pas tort, mais en plus il a raison, comme Buzz d'ailleurs : « Vers l'infini et au-delà. » L'infini pour moi c'était l'océan, et au-delà, c'était les Etats-Unis. Je ne voulais pas vraiment quitter Wellington, ni la Nouvelle-Zélande, mais j'étais attirée par cette terre promise, celle que je voyais dans les films. Peter m'avait parlé d'Hollywood et de la créativité sans limite que personne ne pouvait contrôler. A l'époque il n'avait pas mentionné les producteurs qui le faisaient toujours revenir au pays. La vie est courte et lorsque l'on vous donne un pass pour l'American Dream, on ne crache pas dessus. « Harvard, me voilà ! » C'est le cri lancé par une jeune fille qui venait de recevoir son sésame. Un niveau exceptionnel, obtenu avec une trop grande facilité, me permettait d'accéder à la prestigieuse université. Et à la grande surprise de mon entourage, je ne choisissais pas d'étudier les Arts Visuels mais la Philosophie et la Sociologie, afin d'apprendre à comprendre les films plutôt qu'à les faire, comme Peter. A vrai dire, j'avais déjà toute la culture cinématographique requise et enseignée par Peter lui-même ; une culture résolument geek certes, mais une culture grande de toutes ses connaissances. Outre les films, la lecture de Tolkien me fut inévitable. En grandissant, j'élargissais mes horizons vers Woody, Tim, Rowling et Martin. Monsieur Lee devenait l'idole de mon adolescence et je me jetais à corps perdu dans le comic, sans succès ; mais ses créations restaient une fascination, une vision du monde que je voulais étudier. Je tentais de parler avec le créateur, mais les passe-droits qui m'avaient permis de rencontrer mon autre idole, George, maitre jedi du cinéma, ne fonctionnèrent pas cette fois-ci. J'essayais alors les lettres, mais il restait comme toute idole, inaccessible. Je n'étais pas une créative, à l'exception peut-être de la plume. Quelques papiers de ci, de là, quelques ébauches de scénarios, rien de très sérieux mais un hobby tout à fait honorable. Je montrais d'ailleurs mes créations à Peter qui me gratifiait de commentaires encourageants. Aimait-il vraiment ce que je faisais ou se comportait-il comme le parrain responsable qu'il se sentait être ? Je n'ai jamais abandonné l'écriture, même si je m'éloignais significativement de la fiction pour me rapprocher du commentaire et de l'information. Je cherchais le meilleur moyen de m'exprimer. « En direct de ma chambre d'Harvard, je lance mon douzième et premier podcast harvardien. » Youtube, ou le meilleur moyen d'expression à grande échelle. J'aurais aimé prononcer cette phrase mais le courage m'a toujours manqué pour élever ma voix et me proclamer sociologue ou philosophe du cinéma.

Si Oncle Mike n'avait pas travaillé sur Braindead, je crois que je ne serais pas à Harvard aujourd'hui. Je n'aurais jamais connu Peter et je ne saurais peut-être rien des hobbits de qui je tiens, apparemment, une grande partie de mon caractère. Je le remercie d'avoir été le plus merveilleux des oncles et de m'avoir présenté le plus fabuleux des parrains. Je n'ai jamais manqué de rien, j'ai bercé dans le milieu merveilleux de la fantasy. Il n'est fait ici jamais mention de mes parents car ils ont eu la grandeur de coeur de me laisser naviguer parmi les personnes qui avaient le plus à m'apporter. Mon père était médecin, aujourd'hui à la retraite et ma mère était sa secrétaire, je tiens de lui son sérieux et d'elle l'attitude hippie. Ils étaient et sont toujours pour moi, à la distance qu'il faut pour me laisser toute ma liberté.

« Remember, pain is temporary; film is forever. »

- Peter Jackson