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«Dis moi...dis moi que maintenant tu restes.»
Elle restait figée, elle restait muette. Une expression étrange s’inscrivait sur ses traits et elle finit par accepter les quelques larmes qui séjournaient à l’ombre de ses yeux, ultimes traitresses de sentiments dont elle se refusait à laisser paraitre. Elle souriait, elle riait, elle préférait créer des mensonges aux yeux de tous, que de s’avouer vaincue. Que de confirmer qu’elle luttait chaque jour un peu plus. Qu’elle crevait aussi. Qu’elle crevait chaque seconde, chaque minute, avec l’espoir macabre que cela serait rapide. Après tout, elle « les » retrouverait à la fin : tous ceux qu’elle avait perdus. Tous ceux qui étaient partis. Tous ceux qu’elle aurait voulu sentir près d’elle, juste une dernière fois. Dire adieu…elle n’avait jamais eu l’occasion de le faire, sauf quand leurs paupières étaient closes, leurs bouches éteintes. Quand leur voix ne pourrait jamais passer la barrière de leurs lèvres. Adieu…Puis, elle essuya ses joues, revancharde et s’installa sur son canapé, allumant la télévision machinalement, tentant d’oublier son extrême solitude et les diverses émotions qui venaient encombrer son cœur déjà endolori. Même si Priape et Emrys étaient ici, une part d’elle s’affaiblissait. Cette part restée en Grèce, ou avec Jackie. Cette part qui croyait à des rêves d’enfant. Alors, elle compensait ce mal-être dans des faux-semblants qu’elle finissait par accepter comme des évidences. Des faux-semblants qu’elle préférait au réel. Des faux-semblants qui cachaient ses secrets trop ancrés et trop profonds pour être prononcés.
Et même quand elle se voulait sincère, elle savait combien la place des mensonges était importante. C’était notamment le cas avec Konrad. Charmant, charmeur, il jouait avec les femmes, se délectait de leurs regards et les poussait dans un vice qui n’appartenait qu’à lui. Et derrière cela, il y avait autre chose, un garçon qui attirait l’âme, qui remplissait le vide et qui redorait les sourires fanés. Il était cela pour elle : un ami. Cependant, elle continuait de se créer des mascarades, de se créer des barrières. Attirée ? Oui, sans doute, avec une facilité déconcertante, comme elle le faisait avant. Elle se lassait pourtant si vite, elle détestait l’attachement. Lui, c’était autre chose. Il y avait quelque chose de précieux, immuable. Un jardin vierge et secret dont ils ne pouvaient fouler l’herbe. Ils n’avaient pas le droit de venir sur ce terrain-là…mais comme tous les interdits, ils étaient tentés de le faire. Si bien qu’elle poussait le vice jusqu’à l’apogée, l’invitant dans son petit appartement d’étudiante. Elle nota d’ailleurs que quelqu’un frappait à la porte. Elle partit l’ouvrir, ses yeux éclaircis par les anciennes larmes, les joues rougies par l’émotion. « Konrad… » Une voix suave, un sourire charmeur et elle l’invita à rentrer. Elle nota qu’il était définitivement terriblement sexy. Ses mâchoires carrées, son regard brûlant d’une fièvre étrange et ses lèvres qui offraient des promesses d’avenir…ses lèvres qui hurlaient le mensonge et le jeu, mais qui lui suffisaient à elle…elle qui construisait sa vie autour d’une comédie humaine des plus minables et des plus pathétiques. « T’es beau habillé comme ça. » nota-t-elle sur un ton amusé, sa bouche s’étirant en un sourire provocant et manipulateur.
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