«
Ventseslava ! ». Je me tournais doucement, cette voix me disait quelque chose, mais je n'avais presque pas de souvenirs d'où je la connaissais exactement. La chose qui m'avais surprise, c'est l'accent. Mon prénom avait été parfaitement prononcé, ce n'était pas un américain qui m'avais appelé, ou alors il s'était entraîné des heures et des heures pour arriver à dire mon prénom. Lorsque je me suis tourné, tout m'est paru plus clair, c'était mon frère. Je souriais et allais dans ces bras. «
Mais … on devait se voir seulement ce soir au restaurant, tu te souviens ? ». Niels et moi, c'est une grande histoire. On a vécu pendant environ dix ans en Ukraine, on s'y ai fais des amis, notre famille est là bas, on avait tout pour nous, même si le confort et les choses ne sont pas les mêmes qu'ici, en Amérique, on s'y plaisait, on y vivait bien et on était heureux, je crois. Je me souviens de ce jour, il arrive en deuxième position sur la liste des journées où j'ai le plus pleuré de ma vie ; papa était rentré du travail, comme tout les autres jours, et c'est une fois à table que le pire arriva, ou le meilleur, tout dépend comment on le voit. On mangeait un plat de maman, un plat spécial, et j'avais déjà trouvé ça bizarre, du haut de mes dix ans et demi. Les plats spéciaux, elle les faisait soit quand on avait de la famille, soit quand le patron de papa venait, soit .. quand on avait quelque chose à fêter, et ce jour là, ce n'était ni un anniversaire, ni une fête, et on ne recevait personne. «
Ventseslava, Niels .. on va déménagé. Papa a eu une promotion. » Niels avait neuf ans, pour lui c'était cool de déménagé, il ne comprenais pas trop encore .. «
Chouette ! J'pourrais avoir la plus grande chambre ? ». A dire vrai, je ne comprenais pas non plus, mais avec le recul, je pense que cette journée n'aurais jamais eu lieu d'être. «
On va où ? ». Maman avait attrapé la main de papa et elle l'avait serré fort, un sourire illumina ses yeux et son visage tout entier semblait tellement heureux, elle avait l'air comblé par cette nouvelle, comme si désormais elle pouvais mourir sans que jamais rien ne la détruise de cette joie «
On va en Amérique, à Washington, Papa est le nouvel ambassadeur d'Ukraine là bas ». Je soupirais doucement … «
ça veut dire que .. on verra plus Oksa et Nastassia ? » Ma mère voyait bien que j'étais triste rien qu'à l'idée «
mais si mon cœur, on les verra, mais pendant les vacances ».
↬ on the line.
J'ai passé du temps à en vouloir à mes parents, je faisais n'importe quoi, à l'école j'étais une vraie tête à claque et ce sont les autres qui me servais de tête à claque. Je frappais beaucoup, j'étais énormément violente pour une jeune fille de mon age. C'est vers mes quatorze ans que j'ai commencé à arrêter de frapper les autres. Non pas parce que je me lassais ni même parce que je redevenais plus gentille, mais juste parce que mes parents m'ont menacés. Ouais, quel beau pays, l'Amérique. On y trouve de tout, des centres pour aider contre l'anorexie, la drogue, la bipolarité, l'alcool, … la violence. Qu'est ce que je ne ferais pas pour un peu de liberté, pour la liberté tout court, en fait. Rien que de me savoir enfermé dans un endroit loin de mon frère, ça m'a coupé l'envie de frapper les autres. Mes parents se sont juste rendu compte trop tard qu'il fallait que je remplace la violence par autre chose. Eh oui, votre fille ne sera pas vierge jusqu'au mariage, quelle tristesse. Je sortais jusque très tard, et la culture américaine étant très loin de celle que nous avons en Ukraine, tout d'un coup, le fait d'avoir déménagé ne dérangeais plus seulement moi. Mon père était jamais là, ma mère s'est mise dans l'idée d'ouvrir un restaurant avec que des spécialités d'Ukraine, alors elle était moins présente, ce qui laissais à moi ainsi qu'à mon frère plus de temps libre. Sauf que mon frère en a trop profiter, de ce temps libre …
↬ you're not sorry.
Maintenant que j'étais entré à Harvard avec un très bon niveau, je n'avais plus les parents sur le dos. Trois ans que j'étais ici à étudier les langues et je m'en sortais bien, même très bien. «
Ventseslava ! ». Mon frère, que je devais voir seulement au restaurant ce soir, m'avais trouvé, en fait. Il était nouveau ici, et je crois qu'il s'y plaisais. Il y avait des filles , ça devait certainement lui suffire. «
on se voit au resto' ce soir alors ? » je souriais, il acquiesça. C'est plus tard dans la soirée que les choses devinrent plus sérieuses «
je comprend pas pourquoi t'es comme ça 'Ava .. ». Je fronçais les sourcils et relevais la tête, ne comprenant pas réellement ce qu'il me disais. «
tu fais la bonne petite américaine toute douce et toute gentille, alors qu'on sait très bien tout les deux que tu n'a jamais été comme ça ! Putain mais réveille toi, ma sœur me manque ! Dis moi ce qui s'est passé … j'en peux plus d'essayer d'avoir un semblant de lien avec une inconnue .. » Je détournais le regard … ce qui s'était passé ? Je savais bien que je ne devais rien dire, parce que je n'ai jamais voulu qu'il le sache, mais si maintenant je n'étais pour lui qu'une inconnue, alors je suppose qu'on a plus rien à nous dire ? Je soupirais et me levais, prenant mon manteau. «
L'inconnue elle t'emmerde, et si t'es pas content c'est pareil. T'a même pas intérêt à essayer de me retenir, parce que sinon tu vas vite la retrouver la vraie 'Ava et crois moi, c'est pas ce que tu veux. » J'avais vu son sourire, content de voir qu'il avait réussi à me faire réagir. J'avais vu sa façon de froncer les sourcils assez tristement parce que je lui manquais vraiment. J'avais vu durant tout le long du repas sa main jouer avec la serviette, parce qu'il avait peur de dire quoi que ce soit à propos de mon changement. J'avais vu tout ça, parce que je le connaissais mieux que personne. Cependant lui il n'avait pas vu ma tristesse, il n'avait pas vu ma colère, il n'avait pas pu voir qu'à chaque fois que je le voyais, j'avais une atroce envie de vomir, il n'avais pas vu non plus que je le détestais pour ce qu'il avait fais, et que même si le temps avait commencer à me guérir, il y avait encore de la colère. Il n'avais pas vu que mon soulagement pour sa vie cachait ma peine pour une autre vie.
Niels n'avais pas vu que j'aimais son ami, Alec, et que nous étions en couple. Il n'avais pas fais attention aux litres d'alcool qu'il avait bu. Il n'avais pas vu ce camion avant de le percuter, il n'avais pas assez de force pour rétablir la voiture. Il n'a pas vu cet arbre et il n'a pas fais attention au sang qui a coulé du nez d'Alec. Il ne s'est pas rendu compte qu'en tuant son meilleur ami, il tuait aussi mon amour.