Cher journal,
Je n'pense pas que le destin y soit pour quelque chose. Pourquoi elle ne m'a rien dit? Pourquoi elle m'a laissé dans les bras d'autres gens? Oui, j'ai été adoptée et bam, je m'en suis rendue-compte juste avant la bombe à Harvard, gros coup de massue me direz-vous. Oui et non. Mes parents adoptifs, depuis le 10 décembre 1992, ont toujours pris soin de moi, comme à la prunelle de leurs yeux. Deux personnes très attachantes, avec des revenus moyens. Deux vétérinaires, c'est peut-être pour ça que j'aime autant les animaux. Enfin, le principal a été la façon dont ils m'ont élevés. Dans une petite maison de Londres. Non loin du centre de la capitale. C'est arrivé à 3 ou 4 ans que mes parents ont certainement compris que j'allais comprendre. J'étais blonde, yeux bleus, le teint assez mate l'été. Et puis eux, bruns, yeux bleus et le teint pâle. Les gens n'étaient pas bêtes ni aveugles, leur entourage le voyait bien. Et puis, je n'avais pas vraiment le même caractère que mes deux parents. Ils étaient calmes, simples, et si près des gens et des animaux. Je n'étais pas méchante, loin de là, mais j'avais une certaine folie en moi qui m'habitait. J'aimais la fête envers et contre tout. Je voulais voyager, rire, découvrir des centaines de choses, malgré mon jeune âge.
Je commençais à devenir assez intelligente et me passioner pour la science, au début du collège. Je me laissais un peu faire par mes parents, je n'avais que 11 ans. Je ne m'habillais pas vraiment comme toutes les petites filles de mon âge, j'étais plutôt vêtue comme un garçon. Les cheveux toujours attachés, des jeans et des pulls unicolors. L'école, c'était tout. Je me plongeais dans mes devoirs parfois des heures, parce que mes parents n'étaient pas souvent là, et en contre-partie, j'avais tout ce que je désirais. Enfin, une télévision, un ordinateur, des jeux. Je n'étais pas à plaindre, non, ce n'est pas ça. Mais.. Je savais qu'il me manquait quelque chose. Et fur et à mesure que les années passait et que je me voyais grandir, je me posais des questions. Pourquoi ma mère n'avait pas de photos d'elle enceinte? Pourquoi je ne lui ressemblais pas? Je ne savais pas.
15 ans, l'âge bête, et les conneries, les garçons, les fugues, l'adolescence. Vous me direz, le plus bel âge. L'âge où l'on croit que tout est possible. Rien est impossible. J'étais tombée amoureuse d'un garçon un peu plus âgé que moi, et après les cours de Seconde Scientifique, on se voyait quelques minutes derrière le lycée, puisque je devais rentrer tôt pour ne pas me faire engueuler. Mes parents ne voulaient pas me voir grandir ni même que je puisse avoir un petit-ami, comme ils diraient si bien. Mais je leur devais tout. Je leur devais le fait qu'ils me payaient l'école privée où j'étais, ils me nourissaient sans compter et je commençais à m'habiller comme les jeunes filles de mon âge, à la mode. Et ça, ça me plaisait. Et puis Londres, ses fast-foods, ses sorties et tout en général, j'adorais. Je découvrais le week-ends avec lui, le garçon parfait à mes yeux. Je n'aimais pas beaucoup les filles en général, disons que, elles se faisaient sans cesse des coups en douce et n'avaient pas honte. Moi j'étais bien avec ce garçon, il me faisait rire. Jusqu'au jour où il abusa de mon corps, un vendredi soir où l'on devait aller au cinéma, celui-ci avait été annulé et il m'avait emmené chez lui. Ses parents n'étaient pas là, ils se fichaient pas mal de leur fils, et de ce qu'il faisait sans eux. Puis je me laissais faire. Il venait d'être majeur. Et j'avais perdue ma virginité avec lui. C'est bizarre et étrange à penser mais, il m'avait dégoûté, il ne m'avait pas demandé réellement mon avis et j'en gardais un très mauvais souvenir.
Je l'avais quitté par la suite, sans explications. Et je me rapprochais donc de certaines filles, pour me confier, avoir des copines, des vraies. Enfin. La terminale, l'année du bac, mes 18 ans en poche. Et le permis, bien entendu! Depuis deux ans et demi, je n'avais pas couché avec un autre garçon. J'aimais les séduire, mais sans plus. Je trouvais toujours un moyen de ne pas aller chez eux. Je m'étais replongé dans mes études. La médecine me plaisait vraiment. Et j'étais destiné à aller à la fac de Harvard, si je serais prise bien entendu! Je voulais devenir médecin, tout simplement, peu importe la spécialisation pour le moment, je voulais pouvoir aider les gens, bien que celui était contrasté par rapport à mon caractère bien trempé et mon dégoût pour l'attachement avec les hommes, et les femmes aussi.
Je me destinais à prendre les gens et les jeter, ne plus avoir de regrets, ne plus pleurer, ne plus avoir mal. Juste profiter. Voilà. Mon bac en poche, une lettre recommandée de Harvard : Mademoiselle Helington, ... faire votre entrée à Harvard. Voilà ce que j'avais compris, j'allais rentrer dans une des plus importantes écoles du pays. Et j'étais tellement fière. Mes parents aussi, mais ils s'éloignèrent peu à peu de moi, comme si ils avaient honte. Ma première année commençait dans cette prestigieuse école et je ne cessais de retrouver mon naturel. Je ne voulais pas me laisser faire, ni lier de grandes amitiés fortes. Mais je voulais changer, je voulais profiter, donner de l'importance à certaines personnes. Pendant presque un an, je me plongeais sans arrêt dans mes devoirs, dans mes cours, tellement compliqués à comprendre certaines fois. Et c'est pendant une recherche en fin de première année que je retrouvais dans le bureau de mes parents un papier important. Mon adoption. Je ne savais pas l'identité de ma mère biologique, mais elle m'avait abandonné. Comment pouvons-nous abandonner notre propre enfant? Je ne sais pas.
J'avais lâché le morceau pendant un repas de famille, en leur annonçant que rien ne changerait. Au fond, je savais bien que j'aurais aimé la connaître, mais soit.
Deuxième année à Harvard en Médecine, j'étais bien motivée à travailler tout en faisant la fête, en rencontrant de nouvelles personnes. Voilà. Ma devise.