CALYPSO THOMSPERS ► Frida Gustavsson

La Grèce, ça fait rêver non? Quand je parle de ce pays, les gens imaginent une mer bleue, des paysages de rêves avec des maisons blanches partout. Et puis il y a Athènes, sa culture, ses monuments... connue dans le monde pour un passé historique riche. Cette ville étudiée dans beaucoup d'endroits sur la terre pour ses jeux, et bien, c'est là que je suis née, au milieu d'une famille aisée mais heureuse, de parents qui s'aimaient plus que tout au monde. Ça parait idyllique comme ça non? Attendez, ça fait que commencer.
Je naissais dans ce pays, que je porterais pour toujours dans mon coeur, pour ses villes, ses paysages... tout. Seulement quelques mois après cette naissance si attendue, je partais rejoindre un tout autre monde, et ma vie peu idyllique commençait à s'écrire, l'encre qui était si douce au départ devenait de plus en plus noire. Je suis en train de me relire et je réalise que mes propos laissent peu de place au bonheur, pourtant j'ai été très heureuse dans ma vie et je le suis aujourd'hui, mais j'ai toujours eu cette tendance à de garder qu'un peu d'espoir, comme si en avoir trop pouvait mener à ma perte. Notre vie, les événements qui l'accompagnent forgent notre personne, notre point de vue et notre ouverture d'esprit. On devient qui on est à cause de ce qu'on était. Tout ça pour dire que mon départ à Atlanta marquait le départ des événements qui allaient me changer. Je grandissais, prenais confiance en moi dans cette ville que je connaissais par coeur, mes notes étaient excellentes et j'apprenais deux autres langues : le français et l'italien en plus du grec et de l'anglais que je connaissais déjà. Les langues représentaient une ouverture sans limites, une barrière tombait lorsqu'on arrivait à communiquer avec des locaux d'un pays. Néanmoins, je me consacrais à une tout autre passion : l'équitation. Un coup de foudre absolu, on a souvent une mauvaise image des personnes qui font de l'équitation, et pourtant c'est plus qu'un sport, c'est une sensation. La première fois que je me suis retrouvée sur un cheval (c'était un poney bien évidemment puisque j'étais très jeune), je me sentais déjà dans mon élément et depuis ce jour je ne suis jamais vraiment redescendue de mon cheval. Aujourd'hui, cette passion est mon job, je donne des cours dans un grand centre hippique de Cambridge, je suis bien payée car il est destiné à des personnes relativement riches. Cela me permet de maintenir un niveau de vie aisé, tout en évitant de manger toutes mes économies. Reprenons le fil de notre histoire, je vivais une enfance heureuse, comme ma naissance, j'avais tout ce que je voulais mais ma mère tenait à ce que je garde les pieds sur notre très chère planète, et fort heureusement, je n'aurais jamais supporté de devenir une fille pédante à cause de mon argent. J'étais utopique et heureuse à la fois, comme tout enfant qui a un bon équilibre de vie. Malheureusement toutes les bonnes choses se terminent un jour, moi j'avais 13 ans lorsque mes parents sont morts d'un accident de voiture. C'est stupide comme mort, vraiment stupide. Je ne pourrais jamais me positionner de manière objective sur comment j'ai vécu cette mort, tout était si rapide, si... je ne sais pas, j'ai l'impression encore aujourd'hui, que ce n'était qu'un rêve, qu'ils sont toujours là, qu'ils m'attendent à la maison. Il a fallu six mois enfin que je reconnaisse leur mort, ma tante était pleine de désespoir devant le déni que je faisais. Je prétendais qu'ils étaient toujours là, et je me battais avec chaque personne qui osait me dire le contraire. Je devenais la petite terreur de l'école, beaucoup de parents se plaignaient de mon comportement violent. J'étais devenue cyclothymique et encore aujourd'hui, il est difficile pour moi de surmonter cette maladie. Proche de la bipolarité, j'arrive à me contrôler mais tout aurait été beaucoup plus dur si je n'avais jamais eu l'occasion de rencontrer mon cher Valentin. Ne pas parler de lui serait oublier une partie de moi même importante. J'ai commencé à faire des échanges scolaires avec Valentin avant la mort de mes parents, il habitait en Italie, c'est d'ailleurs pour cela que j'ai appris l'italien, j'aime beaucoup ce pays même si j'ai des difficultés avec l'accent. Je suis allée le voir plusieurs fois, et petit à petit notre complicité est devenue grande, et plus forte que tout.  Aujourd'hui, c'est mon meilleur ami et ce n'est pas pour rien, il a toujours été là, dans les bons moments comme dans les pires. Il est mon âme soeur, mais une âme soeur particulière, une âme soeur amicale, sur laquelle on  pourra toujours se reposer. On a tout fait ensemble, il m'a toujours suivi, c'était un réel coup de foudre amical, et aujourd'hui, je ne pourrais jamais vivre sans lui, il est comme un frère, non c'est mon frère, il est comme un membre de ma famille. Lorsque j'ai décidé de partir au lycée à Miami sur un coup de tête, car je ne pouvais pas rester dans cette fille, j'avais réussi à tenir deux ans déjà, deux ans en voyant le visage de mes parents à chaque coin de rue, deux ans dans cette maison dans laquelle j'avais passé des moments plus qu'heureux avec eux... c'était trop à supporter pour une adolescente alors quand j'ai eu l'occasion de partir, je suis partie. Imaginez l'enfer, j'avais l'impression d'être dans un film d'horreur, ils étaient mes fantômes invisibles, comme si ils étaient là pour me torturer, mais au fond, je me torturais toute seule. Lors de mon départ,  je n'emportais pas que ma valise avec moi, mais également Priape, un très bon ami. Valentin me suivait à Miami et il rencontrait Priape : une amitié naissait et finalement nous formions un trio de feu, les meilleurs amis du monde. On était comme les cinq doigts de la main, mais on était que trois. Une fusion omniprésente nous liait, elle était là, et on ne pouvait y échapper. Un regard suffisait pour que les deux autres comprennent, on était les rois du monde ensemble. Rien ne pouvait se mettre au travers de notre chemin, rien, si ce n'est... nous même. Priape et moi, nous commencions à détruire de l'intérieur ce qui était notre famille. Comme un sabotage inévitable. Ils étaient mes frères, on parlait de tout, mais est-ce normal un jour de ressentir une certaine jalousie lorsque l'un de vos frère vous parle d'une de ses conquêtes? Est-ce normal d'avoir une idée derrière la tête lorsqu'on pose des questions car on veut savoir si notre frère voit une fille? Non, et pourtant c'est ce que je commençais à faire, à ressentir. Je me rendais compte que finalement, il était pas si mal ce Priape et qu'il était à mon goût, jamais avant ce jour je n'avais réalisé qu'il était un homme derrière l'amitié que j'avais pour lui. Comme si, mes yeux n'avaient pas voulu voir l'évidence, l'inévitable : je l'aimais. Lorsque à mes 16 ans, je perdais ma virginité avec lui, je ne pouvais plus fermer les yeux sur mes sentiments. Mais comment lui avouer? Non ce n'était pas le plus dur, je ne pouvais accepter qui il était, il était ce genre de garçon avec qui on ne veut pas être, ce genre de garçon qui se tape toutes les filles du lycée, le genre de garçon dont je ne pouvais tomber amoureuse, j'avais trop souffert pour cela. Alors, je décidais de m'éloigner, je venais en prenant cette décision de déclencher une bombe, de finir le sabotage. Il fallait que je me change les idées... et James tombait à pic, c'était un jeune homme brun, charmant, violent avec un égo surdimensionné, pourtant il me plaisait et je tombais amoureuse de lui, tout en gardant quelque part, dans ma tête et mon coeur, mes sentiments refoulés pour Priape. James et moi on se ressemblait au fond, on avait un problème avec nous même et c'est pour ça que notre relation a duré 4 ans, on était les mêmes. Trop violent, trop intolérant... on était toujours "trop" quelque chose. On s'comprenait sans se comprendre en même temps, on aurait été capable de faire n'importe quoi ensemble, je me sentais pas protégée par lui mais j'me sentais en confiance, comme un coéquipier il était, oui c'est ça comme un coéquipier qu'on veut pour braquer une banque, ou organiser un meurtre de masse, il était aussi fou que moi et on aimait se chercher. Notre relation était basé sur le jeu mais parfois le jeu allait trop loin... Et finalement j'étais la perdante de notre dernier jeu : il a levé la main sur moi. Je sais même plus comment et pourquoi c'est arrivé. Mais avant de parler de ça il faut aborder ma relation avec Priape qui n'était plus la même évidemment, surtout que James et lui, ne s'entendait guère, mais heureusement j'étais toujours proche de Valentin, même si je sentais bien qu'au fond il ne savait pas quoi faire, il ne pouvait se départager en deux, on évitait donc de parler de James et de Priape, on faisait comme si de rien était. Mais lorsqu'il a vu que j'étais détruite par ma relation avec James, il m'a demandé de venir avec lui à Harvard, plus rien ne me retenait pas même pour mon amour pour James qui n'existait plus. Seulement le voyage n'allait pas se faire qu'avec mon meilleur ami... Priape, nous accompagnait et ça je l'avais au travers de la gorge, mais en même temps je ne pouvais en vouloir à Valentin. J'étais froide et insolente avec Priape, même devant Valentin, il me dégoûtait, peut-être parce qu'au fond je m'en voulais de ne pas avoir eu la force de me battre pour lui, pour mon amour... surtout après qu'il soit en couple durant un long moment avec cette fille, que je ne peux même plus voir aujourd'hui. J'avais ce gout d'amertume omniprésent lorsque je voyais ses petits yeux se poser sur moi, comme s'il était là pour me rappeler que je l'aimais, mais que j'avais fait le mauvais choix avec James. James n'était pas un mauvais choix... ou peut-être que si? je savais pas, j'étais perdue mais extérieurement je semblais si sûre de moi. Malgré tout ce que j'ai traversé, mon sourire et mon assurance ne me quittent jamais, seule arme que je garderais à jamais car je la contrôle. À Harvard, je poursuivais mes études de vétérinaire afin de prendre une véritable indépendance et ne plus gaspiller l'héritage de mes parents, mais en attendant je devais toujours supporter le poids de mon passé, enfin tout n'était pas qu'un poids. Déjà à cause de Valentin qui était mon rayon de soleil quotidien et aussi parce que je faisais de nouvelles rencontres, mais il y avait toujours mon démon intérieur qui cherchait l'être aimé. Mon côté cyclothymique ne jouait pas en ma faveur. Mais même avec un tempérament de feu, peut-on en vouloir à quelqu'un pour toujours? Peut-on ne jamais céder malgré toutes les promesses? J'ai enfin donné une réponse à ces questions lorsque j'ai couché avec Priape au Summer Camp et que je me suis mise avec lui, j'sais pas si ça va durer, j'sais pas si je vais tenir parce que c'était pas dans mes plans, ça vient faire face à tout ce que j'avais prévu et pourtant une part de moi même est satisfaite. Je pourrais parler pendant des heures de ce que j'avais prévu, comment je voyais mon avenir et pourtant aujourd'hui j'ai tendance à vouloir effacer tout ça pour remplacer mes intentions par un point d'interrogation, comme si tout était une remise en question. Je ne regrette pas mes choix, et surtout mon couple, car soyons honnête, cela devait arriver, je réalise cela surtout que mon idylle me rend heureuse mais comment l'accepter complètement? Je ne suis pas douteuse à cause de mon passé avec James, bien que cela aurait pu jouer. Je suis plus douteuse car je me connais, et je connais mon tempérament, malgré ma générosité et l'affection que je peux porter à quelqu'un, j'ai tendance à douter lorsqu'il s'agit de Priape. J'aimerais lui dire, lui dire qu'il n'était pas prévu, que je suis perdue, mais comment dévoiler ma fragilité? Non je ne peux pas, alors au lieu de prendre les rames du bateau qui est ma vie, je me laisse emporter par le courant, quitte à me cogner contre un rocher...