Benjamin! Arrête de courir partout!Le petit garçon cessa soudain de s'agiter et devint aussi blanc que le carrelage de l'appartement. Ses yeux s'embuèrent doucement, puis il pleurnicha jusqu'à sa chambre. Il s'assit tristement sur son petit lit douillet et se contenta d'appuyer sa peluche contre son menton. Une petite voix fit irruption et de jolies bouclettes blondes se glissèrent dans l’entrebâillement de la porte.
Pourquoi tu pleures Balthazar? Tu es malheureux? Oui Bérengère. Maman m'a grondé... C'est pas si grave! Elle gronde beaucoup de personnes! Comme la nounou, la dernière fois elle nous a donné des yaourts natures plutôt que des yaourts allé... Non Bérengère! Elle m'a encore appelé Benjamin! Elle ne m'aime pas! Elle préfère Benjamin. Oh Balthazar, ne soit pas si triste!De ses petites mains frêles, il essuya les larmes sur sa joue et sourit faiblement. Aussitôt, sa petite soeur qui n'avait que cinq ans le serra fort dans ses bras. Balthazar se trouva alors chanceux d'avoir une telle petite soeur. Son jumeau, lui, ne lui prêtai guère attention et passait le plus clair de son temps à lui voler son mérite.
Un bruit de clefs se fit entendre et la voix d'un petit garçon turbulent vint détruire le silence pesant du grand appartement. La maman des trois enfants hurla une autre fois
BALTHAZAR! BERENGERE! BENJAMIN EST RENTRE EN PLUS C'EST SON ANNIVERSAIRE!Pour faire plaisir à Bérengère, il se força à sourire d'avantage et sortit de la chambre, tiré par sa toute petite frangine. Mais lorsqu'il vit Benjamin se faire enlacer par sa mère, il perdit simplement le contrôle et hurla comme un fou, l'arracha des bras de sa génitrice et le frappa violemment, entamant une bagarre sans merci jusqu'au balcon de l'appartement et un simple faux mouvement suffit à faire basculer le pauvre Benjamin par-dessus la rambarde. Puis tout le monde hurla, et Bérengère pleurnicha près de son grand frère bien qu'il ait fait la pire de toutes les bêtises.
Apeuré, il regarda son frère tomber dans le vide avant de s'écraser lentement contre une voiture qui passait par là.
MAIS ENFIN BALTHAZAR! QU'EST-CE QUI T'AS PRIS? PETIT CON!Il ne pleura pas et descendit avec son père. Ce dernier s'était contenté de rester silencieux depuis le début. Il n'était pas très bavard. Son caractère était similaire à son fils. Balthazar avait les yeux écarquillés, encore sous le choc. Monsieur Louis s'empressa d'appeler une ambulance une fois dans la rue. Puis il s'agenouilla pour pouvoir regarder dans les petits yeux gris-bleus de Balthazar.
Eh, Balthazar. Pourquoi tu as fait ça bonhomme? Je voulais pas qu'il tombe papa! Je ne voulais pas qu'il meurt! Je... Chuuuuut! Arrête! Calme-toi! Il n'est pas mort! Il est tombé du premier étage, il devrait sortir grâce à la voiture Balti. C'est vrai papa? Je n'ai pas tué Benjamin? Mais non! Balthazar, pourquoi tu as frappé ton frère? C'est la seule chose que je veuille savoir. Le petit garçon hésita un instant, il avait peur que son père le trouve ridicule ou se fâche contre lui. Prenant son courage à deux mains, il décida de tout confier à la seule personne à qui il fasse vraiment confiance.
Maman ne m'aime pas. Elle préfère Benjamin. Je suis jaloux papa. Et je comprend pas pourquoi il n'y a que lui qui a le droit aux câlins. Je ne suis pas si différent après tout! Nous sommes jumeaux!Après ces mots, son papa le prit dans ses bras et le rassura en lui murmurant que c'était fini.
Ce soir-là, la famille Louis avait beau être richissime, rien ne l'empêchait d'être détruite. Ils apprirent que Benjamin avait été "chanceux"et qu'il s'en sortait paralysé pour un bon bout de temps. Quant au couple, le jeune homme qui atteignait la trentaine ne put s'empêcher de délier sa langue pour faire comprendre à sa peste de femme que rien n'allait plus.
C'est plus possible Caroline. Tu nous as détruit! Tout ça c'est de ta faute! Mais ça va pas ou quoi? Non ça va pas! A forcer de renier "le fils dont tu n'as jamais voulu", il a faillit tué son frère! Arrête, ces deux gamins n'étaient qu'une erreur de jeunesse d'accord? Tu te rends pas compte de ce que tu dis Caroline? ... Tu... Tu sais quoi?Je crois que moi aussi j'ai fait une erreur en t'épousant. Pardon? Elle sourit alors nerveusement, se rassurant intérieurement en se disant que ça n'était qu'une dispute de passage.
Tu devrais passer le reste de ta vie seule. Je ne peux pas te laisser pourrir la vie de mes enfants.
Les pas s'accélèrent. Son petit coeur se sert. La jeune fille est furieuse, elle ne cesse de marmonner en remettant nerveusement la anse de son gros sac encombré de choses inutiles tel qu'un jouet obtenu lors de la commande d'un menu destiné aux enfants dans un fast-food. Elle avait prévu de l'offrir à sa petite nièce, jusqu'à ce que Balthazar vienne lui bouleverser sa vie. Mon dieu, Balthazar et elle, ça durait depuis déjà un an. Pourtant elle avait un copain, mais elle l'aimait tellement fort ce Balthazar. Il avait réussi à lui faire tourner la tête dès la première fois où ils s'étaient rencontrés. Au lycée, d'ailleurs, par souci d'originalité. Elle l'avait aimé au premier regard. Mais là, à cet instant, il hurle.
Mais alors quoi Océane? Tu me prends, tu me jettes, tu penses sincèrement que ça marche comme ça? TU ME FOUS LA PAIX, C'EST CLAIR? Je vais te laisser tranquille Océane. Simplement, réponds-moi honnêtement, est-ce que me faire du mal t'as aidé? Va t'en maintenant Balthazar. S'il te plaît. Mon copain va arriver d'une minute à l'autre. Hinhin, ria-t-il d'un air mauvais,
Tu sais Océane, à force de fuir les problèmes, ils vont te rattraper lorsque tu seras épuisée. Il tourna les talons et ne prêta pas attention aux menaces ridicules d'un petit gringalet qui enlaçait cette si jolie fille qui méritait tellement mieux. Balthazar se sentait très mal. Il avait envie de ravaler ses larmes, de ne pas trembler autant, de faire taire cette affreuse voix qui lui faisait croire qu'il était le dernier des imbéciles.
Tu peux chialer tu sais. Je vous demande pardon?Un garçon le dévisageait avec insistance, une cigarette à la bouche, sortant parfois quelques bouffées en rond. Balthazar n'aimait pas ce genre de personne qu'il trouvait prétentieuse.
Le sang toujours froid, il ne le regarda pas plus et le contourna. Alors que deux petits mètres les séparaient déjà, la même voix traînante et insistante envahit encore une fois les tympans du LOUIS.
Alors quoi. Tu te fais jeter par une meuf qui se fout de toi et tu as peur de parler à un mec qui te dis de chialer ?
A bout, il se retourna tremblotant de fureur. Il se contenta d'écraser son pouce sur le bout de la cigarette. Ce à quoi il répondit
Tu préfères pleurer pour un doigt cramé ou pour une fille, Balthazar? D'où tu connais mon prénom? Ca va pas ou quoi d'écouter la conversation des gens? Et puis tu sais quoi? Ravale ton orgueil, tes sarcasmes, et ton putain d'air de gros connard et va faire chier quelqu'un d'autre.Sur ces mots, l'inconnu se rapprochant dangereusement du visage endurci de l'aîné des Louis, et l'embrassa. Mais Balthazar ne dit rien. Il était triste, seul, désemparé. Et il était vrai qu'un simple baiser offert par quiconque pouvait suffire à lui remonter le moral. Il ne protesta pas, caressa même le menton du jeune inconnu, s'imaginant qu'il était Océane. Son Océane à lui. Malgré tout, ce baiser lui faisait du bien. Mais il prit rapidement conscience de la réalité lorsque sa prétendue Océane se retira de son baiser fougueux l'espace d'un instant.
Excuse-moi, je vais y aller.Il l'a laissé partir, son coup de foudre nocturne. Il l'a laissé fuir le coeur malade. Ce gars dont il ne connaissait rien mis à part son visage d'ange et ses lèvres salées par les larmes, ce gars-là venait de lui faire chavirer le coeur, même si lui était malheureux, furieux, et surtout inconnu.
Balthazar quitta finalement le domicile de son père lorsqu'il apprit qu'il était pris à Harvard. Quitter son père, sa soeur et même son frère lui fit un peu de mal. Benjamin n'a cessé de lui en vouloir, mais juste le jour de son départ, leur relation s'est adoucie. Quant à Bérengère, elle a été détruite par le divorce de ses parents depuis toute petite, alors dès son entrée au collège elle a commencé toutes ces bêtises d'adolescents rebelles. Elle a enchaîné les petits amis, et c'est toujours d'actualité. Elle rentre désormais en seconde, et le départ de Balthazar ne lui fera que des problèmes. Quant au père, il s'est bien remis du divorce, n'a plus revu sa femme, et projette de se remarier avec leur voisine. Les enfants trouvent cette idée très bien. Ils ne manquent pas d'argent, et leur mère a finalement perdu beaucoup d'argent et s'est enfin excusé auprès des jumeaux.