Maëlys regardait sa mère pleurer. Pleurer, encore plus que d'habitude. Elle semblait limite avoir du mal à respirer tellement elle était mal. Pourtant, lorsqu'elle croisait le regard de sa fille, elle s'efforçait à sourire et à lui dire que tout allait bien. Mais ça ne durait qu'un temps. A dix ans, Maë était tout à fait capable de comprendre la situation. Sa mère était triste à cause de son père. Elle le savait. Ils ne se parlaient plus ou alors s'engueulaient. Et ils restaient ainsi depuis presque un an. Mais cette fois, la mère de blondie semblait au bout du rouleau. Exténuée. Comme si elle avait besoin d'évacuer toute sa peine avec les chaudes larmes qu'elle versait. Puis, comme si on lui avait donné un bon coup de pied au derrière, la mère de Maëlys se leva d'un bond, sécha ses larmes avec sa manche avant d'aller vers sa fille qui la dévisageait depuis quelques minutes déjà. « Va prendre un pyjama et tes peluches ma chérie, ce soir on dort chez mamy. » Maëlys s’exécuta alors, ne se doutant aucunement que sa mère allait revenir avec deux valises à la main et qu'elle allait casser toutes les choses précieuses aux yeux de son père qui étaient sur son passage. C'est la dernière fois que Maëlys vit cette maison. Après la nuit chez sa grand-mère, sa mère l'emmena chez une amie dans le sud de la France chez laquelle elles restèrent plus de deux ans. Et ce n'est qu'après ces deux ans que Maëlys apprit que son père avait trompé sa mère a plusieurs reprises, et qu'il l'avait déjà frappé après deux/trois verres de cognac en trop. Depuis ce jour là, elle n'a jamais voulu le revoir.
Ainsi, lorsque sa mère se vit offrir un métier aux États-Unis, Maëlys n'eut aucun regret à lui dire d'accepter, si ce n'est pour ses amies qu'elle allait malheureusement devoir quitter. Mais son manque fut vite remplacé par son amour pour son nouveau pays.
« Chérie, tu peux descendre s'il te plait? » Alors qu'elle était en train de travailler, Maëlys lâcha son stylo, sortit de sa chambre et descendit les marches comme sa mère lui avait demandé. Elle se dirigea vers le salon - sa mère n'étant pas dans l'entrée - et c'est là qu'elle la vit en compagnie d'un homme. D'un jeune homme, il devait avoir dans les vingt cinq ans à tout casser, et pourtant, il tenait la main de sa mère d'une façon très intime. « Maël, je te présente James. » avait déclaré sa mère, avec un sourire légèrement forcé. « Bonjour. » Maëlys ne savait pas quoi dire de plus. Étaient-ils ensemble? Ça ne faisait aucun doute, sinon sa mère n'aurait pas pris la peine de le présenter d'une façon si formelle. « James et moi sommes ensemble chérie. Ça fait quelques mois déjà mais je voulais vraiment attendre pour te l'annoncer. » « Et pour attendre qu'il soit majeur aussi, c'est ça? » Comme à son habitude, Maëlys ne faisait pas semblant. Quand quelque chose lui passait par la tête, elle ne passait pas par quatre chemins. « Chérie... » Sa mère la connaissait par cœur, elle savait que sa fille allait trouver étrange qu'elle sorte avec un plus jeune qu'elle. Cependant, ce n'était pas pour autant qu'elle allait le quitter. « James est adorable, tu verras. » Maëlys dévisagea le jeune homme. « En fait, tu me demandes d'accepter un homme de dix ans de plus que moi comme beau-père? Tu te rends compte de l'absurdité de la situation quand même, non? » « Je ne te demande rien. Je te préviens juste que désormais, James fera partie de notre famille. Que tu l'acceptes ou non, je m'en moque. C'est ton problème, pas le mien. » avait dit la mère d'un ton sec, pour faire comprendre à sa fille que c'était elle qui commandait et pas sa fille. Deux mois plus tard, James emménageait chez elles et seulement un an après, lui et la mère de Maëlys se mariaient.
« Je te dérange? » James était à l'entrée de la porte de Maëlys, attendant une réponse de la part de celle-ci. Voilà quatre ans déjà qu'ils vivaient tous les trois ensemble. Le début avait été compliqué, mais à présent, à part quelques remarques ici et là, tout allait pour le mieux. « Non non. Qu'est-ce qu'il y a? » James entrait donc dans la chambre, et s'installait sur le lit, à côté de Maëlys qui y était allongée, le nez dans les bouquins. « Oh rien rien, je m'ennuyais alors je suis monté. » La blonde sourit alors, et reporta son regard sur son livre, espérant qu'il n'allait pas trop s'attarder vu le nombre de choses qu'elle avait à réviser. « Tu révises quoi? » continua James, posant doucement sa main sur le bas du dos de sa belle-fille. « Les maths... » répliqua la jeune fille, tout de même un peu choquée d'un tel rapprochement, n'en ayant jamais eu auparavant avec lui. Elle le sentait la caresser du bout des doigts, et son corps se rapprocher tout doucement d'elle. « Ok, je te laisse réviser alors. » James se rapprocha davantage et déposa un baiser sur la joue de Maëlys. Blondie n'osa pas le regarder, n'étant vraiment pas habituée aux contacts beau-père/fille. Seulement voilà, pour James, ça semblait être plus qu'un simple contact familial. Alors que Maël pensait être tranquille, il l'embrassa à nouveau, mais cette fois sur les lèvres, agrippant son visage à deux mains pour les garder contre les siennes. Le repoussant violemment, la jeune Dubois sauta de son lit pour se plaquer contre le mur, de l'autre côté de la pièce. « Mais qu'est-ce que tu fous t'es malade?!? » hurla-t-elle. « Ta mère n'est pas là... Je pensais que c'était ce que tu voulais. » Maëlys ouvrit grand les yeux. Alors il attendait qu'une chose: que sa femme soit en voyage d'affaire pour sauter sur sa fille. Classe. « Et bien tu t'es trompé. » dit-elle, avant de lui balancer un coussin à la gueule. « Dégage de ma chambre, dégage ! » Le soir même, Maëlys avertissait sa mère du comportement de James. Au départ furieuse, elle changea bien vite d'avis lorsqu'elle parla avec son mari au téléphone, qui lui assurait que sa fille racontait des conneries. Oui, au lieu de croire sa fille, elle crût son mari. Dégoutée par sa mère, Maëlys décida un mois plus tard de quitter la maison familiale et de se trouver un endroit bien à elle, chose qu'elle aurait dû faire depuis bien longtemps selon elle.
C'est seulement un an plus tard que blondie commença à exercer en tant que tatoueuse. A présent, elle gagne assez bien sa vie si ce n'est qu'elle vit toujours dans le même appartement depuis qu'elle ne vit plus avec sa mère. En parlant de ça, ses relations avec cette dernière se sont arrangées, malgré qu'elle soit restée avec James. Elles s'appellent de temps en temps et se retrouvent parfois dans un café pour discuter, mais il est très rare que Maëlys lui rende visite chez elle. Elle ne veut plus jamais croiser son beau-père, et elle espère de tout cœur qu'il va jarter de sa vie au plus tôt.