Parait que quand il est venu au monde, c'était un sacré bordel. ► «
Nous avons les résultats. » Main dans la main, monsieur et madame Hawkins regardèrent avec intérêt le médecin qui se trouvait en face d'eux. Après quelques années d’acharnement ils souhaitaient assurer leur descendance mais en vain, le résultat était toujours le même, négatif, négatif, négatif .. Prenant une profonde inspiration, l'homme à la blouse blanche s'approcha du couple un air de compassion sur le visage. «
Madame Hawkins, je suis désolé.. » C'était toujours le même refrain, elle avait beau espérer elle déchantait rapidement au moment des fameux résultats. Mince alors, ce n'était pas encore pour cette fois.. une prochaine peut-être. «
.. vous êtes stérile. » Paf, le verdict était tombé. Et cette fois-ci elle pouvait définitivement y tirer un trait. Jamais elle ne pourra un jour tomber enceinte, jamais. [...] En fait c'est pas ici que ça a réellement commencé, c'est dans une contré pas si lointaine que ça, à quelques kilomètres de l’hôpital.. «
Mais qu'est-ce que tu fouuus ?! Faut qu'on aille à l'hôpital là, t'as perdu les ea.. » «
zen Jack, fais pas ta chochotte ! J'suis grosse comme une vache, il doit rester au moins 40 litres de liquide amniotique ! » Deux jeunes gens assez hippie sur les bords attendaient quant à eux un bien heureux événement, quoi que pas tant que ça.. Deux heures du matin, le futur père, plutôt stressé, aidait sa muse à rentrer dans cette fichue camionnette décolorée qui allait probablement clamser d'un moment ou un autre. La jeune femme ne souffrait pas encore mais ça n'allait pas tarder.. Après quelques dizaines de minutes à la pousser aux sièges arrières du véhicule, les contractions commençaient vraiment à se manifester. «
Jack je .. je crois que je suis en train d'accoucher. » «
ah bon tu crois ? j'pensais qu'on y allait pour tes fuites abondantes douteuses » fit-il exaspéré une pointe d'ironie dans le son de sa voix. Fallait rester zen qu'elle disait.. «
pauvre con, il arriiiiiiiive ! MAGNE TOI !! » Le voilà blanc comme un linge. Encore plus stressé qu'il ne l'était, sa dulcinée criait à tout va et il était bien trop tard pour descendre. Elle accoucha donc sans médicaments, comme du temps des dinosaures et vas y que je te tire ma femme par les cheveux.. «
Il y en a un deuxième ! » «
contente toi de m'sortir ce truc de l'utérus et ferme la, j'en peux pluuuuuuuus ! » Elle ajouta quelques mots crus, c'était même à se demander si elle n'était pas possédée, mais ils sont censurés pour ne pas heurter la sensibilité des plus jeunes ça va de soit. Finalement, après quelques minutes d’acharnement et de dur labeur, la paire de jumeaux étaient bel et bien sortis et accessoirement sains et saufs. Placés à l'hôpital avec leur maman, la venue du deuxième était inattendue. Le jeune couple pris de court et n'ayant pas suffisamment les moyens, décidèrent de ne pas le garder de peur de ne pas lui offrir la vie qu'il méritait. Et c'est ainsi que le jeune Pryam atterrit dans une famille un peu plus ... normale ? Une famille certes incapable de procréer mais qui l'était bien plus pour donner tout l'amour qu'un enfant a besoin pour grandir.
En fait, le p'tit Pryam a eu une enfance bien banale, rien de mélodramatique, juste une routine bien ennuyeuse. Fallait s'y attendre avec une famille pseudo-catholique. ► «
Dis p'pa, pourquoi l'monsieur il fait dodo quand tu lui parles ? » Un poil plus haut que trois pommes, il plongea son regard innocent vers son papa tout en désignant du doigt le bonhomme malpoli qui se trouvait en face d'eux. Bonhomme qui le tenait ébloui depuis dix bonnes minutes. Son père à côté semblait affreusement honteux vu son teint rouge écarlate. «
Qu'il est mignooon... » Échangeant un bref regard amusé à son interlocuteur, ce dernier n'avait pas vraiment l'air d'être d'humeur à rire vu sa mine qui se décomposait peu à peu, dommage. Il se contenta de lui adresser un dernier sourire gêné avant de tirer son fils par le bras pour partir. «
Reed Pryam Hawkins. D'une on ne pointe pas les gens du doigt et de deux il ne dormait pas c'est simplement un chinois, il avait les yeux bridés. » Il grimaça à ses mots, du genre un chinois ? C'est quoi ça? «
... moi aussi je peux faire le shinoua à l'école ? » Davantage exaspéré, monsieur Hawkins soupira un bon coup et continua de marcher sans prendre la peine de lui répondre. Haussant les épaules, il fit mine de comprendre le voyant bien agacé à ses questions comme à chaque fois. C'était toujours la même chose, Pryam fais pas ci, Pryam fais pas ça, Pryam on ne dit pas ceci, Pryam on dit comme cela. On reste poli et courtois on ne dit pas "t'es moche" à quelqu'un, mais plutôt qu'il n'a pas un physique facile. Vous voyez la nuance ? On se déchausse à l'entrée, on reste bien coiffé, bien habillé, bien lavé, c'est pas plus compliqué. Bref, un gosse comme tant d'autre dans cette banlieue résidentielle classe et rangée, rien d'atypique. Ou presque. Quand on vient génétiquement d'une famille bien particulière, on a beau être éduqué dans une famille ordinaire, les dégâts cérébraux restent héréditaires, on ne peut rien y faire. - vise un peu la rime - Il a eu sa période où il était el diablo en personne, il piquait les BN aux faibles, dessinait des zizi au tableau quand la maîtresse était naïvement partie quelques minutes, arrachait les ailes des mouches et des moustiques, et vint le jour où une petite soeur s'incrusta dans le tableau. Elle s'était pointée comme une fleur celle-là. Et bien qu'il ne le laissait pas paraître, il l'adorait. Il l'embêtait souvent c'est vrai, c'était même la guerre à longueur de temps mais après tout qui aime bien châtie bien ? «
Lâche moi 'spèce d’asperge pré-mâchée!» «
Pryaaaaaam arrête de bouger, le rouge à lèvre part en couille ! » «
qu.. elle a dit quoi la rouq'moutte ?!! » Comment ça il était impuissant ? Mais bien sûr que non, le petit Hawkins est un viril, un vrai de vrai. «
ASPEEEEEEN » cria sa mère, se rendant soudainement compte qu'il lui manquait la moitié de son maquillage. «
hey la face de tamarin, ça va roux-spéter pour ton matricule » il éclata de rire, se moquant une fois de plus de la rousseur de ses cheveux. «
espèce de .. de rouxphobe ! » C'était toujours comme ça entre eux. Toujours. La roux-tine quoi, hahaha. V'la la fraternité.
Toute son adolescence s'est passée dans l'ensemble plutôt normalement, j'ai bien dit dans l'ensemble. ► Les différences fusaient dans la maison Hawkins. Deux têtes blondes en guise de parent, une sœurette rouquine à la peau style cachet d'aspirine, un frère au teint mate, puis lui.. Un brun aux traits espagnols. «
D'où que tu viennes mon chéri, tu es et tu resteras un vrai petit Hawkins. » Elle lui répétait cette phrase presque tous les soirs, et à chaque fois il ne comprenait pas et se contentait d'afficher un mince sourire en haussant brièvement les épaules. Il a fallu attendre qu'il devienne assez mature, soit quelques années, pour qu'il comprenne que finalement il avait été adopté comme sa sœur et son frère. Au début c'était bizarre, c'est toujours dur à avaler, mais au fil du temps il s'en est remis puis qu’après tout bien que les parents biologiques soient importants c'est surtout ceux qui te suivent tout au long de ta vie qui le sont réellement. Ça ne l'a pas dérangé dans sa scolarité bien au contraire. Il n'a jamais été vraiment un cancre à l'école, mais pas un génie non plus parce que de toute façon, il n'avait pas les moyens de se pointer dans une université de prestige alors à quoi bon travailler comme un malade si le jeu n'en valait pas la chandelle ? Soyons honnête, le minimum suffirait amplement. Il suivait alors comme il pouvait, il sortait quand bon lui semblait. Ses parents ne le pistaient pas constamment, ils étaient bien trop occupés avec son petit frère encore pré-pubère, un rebelle en carton dont la crise d'adolescence pointait tout juste le bout de son nez. Pryam s'en fichait pas mal, lui il était un peu plus rêveur, la tête dans les étoiles il avait toujours été d'une ambition incroyable et ce depuis son plus jeune âge. Policier fut son choix premier mais malheureusement lorsque la dame des ressources humaines lui a dit de revenir dans quinze ans, son rêve s’éteignit. Quelle horrible femme ! Détruire ainsi le doux rêve d’un gamin de six ans. Mais Pryam n'était pas du genre à se décourager aussi vite, oh ça non. À huit ans, il décida de devenir pompier! Un vrai de vrai. Sauf qu'une fois de plus il y avait de l'ombre dans le tableau.. et oui le feu des chandelles d’anniversaires fait mal. Le feu brûle! C'était tout juste inconcevable de passer sa vie à combattre un démon aussi tenace! Comment ça c'était une mauviette ? Bien sûr que non, être pompier, ce n’était tout simplement pas pour lui. À ses dix ans, il voulait être surfeur pro. Parce que le surf ça en jette et que les femmes se jettent! Eurhm oui… déjà à dix ans, il était prédestiné à être un terrible dragueur de bas étage - et accessoirement un type à l'humour minable mais accessoirement hein-. Bien que le surf reste à ce jour l’un des grands amours de sa vie, en faire sa profession, non merci. Au fond ce n'est que des inconvénients.. c'est trop compliqué de rester au top toute sa vie et de défier constamment les morveux qui veulent vous ravir votre titre à longueur de temps. Puis soyons honnête, avoir un métier classe et haut placé pour briller parfois en société c'est l'top du top. C'est ainsi qu'à ses treize ans, Pryam voulait se lancer dans la médecine. Docteur Hawkins, ça sonne bien non? Puis ne cachons pas l'évidence, un mec qui sauve des jolies femmes d’une mort certaine, pour sûr, c’était la classe! Mais les sciences et la bio lui paraissait être d'un compliqué à son âge ! Et si ça devait l'être, autant allier passion et profession pour s'épanouir toute sa vie ! Passionné par l'univers, les étoiles et les galaxies, Pryam se vit acheter un télescope à ses quatorze ans après avoir sacrifier quelques noël et anniversaires. Et depuis, il ne le lâche plus ! Ses nuits il les passe à la belle étoile, ou l’œil fourré contre son engin à admirer les différentes constellations. Bref il se plongeait tellement bien dans les études qu'il voulu creuser davantage. Et pour ce faire il décida de postuler dans plusieurs universités, même celles les plus prestigieuses. Parce qu'après tout, qui ne tente rien n'a rien ? Et à sa grande surprise, il fut pris à Harvard à l'aide d'une bourse. À l'époque sa joie était immense, et ça fait maintenant sept bonnes années qu'il étudie là-bas. Tout s'est jusqu'ici très bien passé, à l'exception d'une jeune demoiselle qui l'a récemment appelé Alex.. Bah cela ne veut rien dire. Quoi que.