C'est par une nuit oragée, sur les coups de 20 heures, qu'un garçon vit la vie lui être offerte, dans le petit village de "Llanfairpwllgwyngyllgogerychwyrndrobwllllantysiliogogogoch", qui se lit "Llan-vire-pooll-guin-gill-go-ger-u-queern-drob-ooll-landus-ilio-gogo-goch" et qui, dans la langue galloise signifie "l'église de sainte Marie dans le creux du noisetier blanc près d'un tourbillon rapide et l'église de saint Tysilio près de la grotte rouge", en gallois, car, ce petit village au nom démesuré se situe bien au Pays de Galles en Grande Bretagne. Peut-être pourriez-vous penser que ce moment fut le plus bel instant des deux parents de cet enfant ? Et bien non, c'est bien tout le contraire, l'enfant n'était pas voulu, il emmena même un mariage pas tellement consenti des deux côtés. Pour couronner le tout, le père était alcoolique et violent, tandis que la mère avait quelques troubles psychologiques. L'enfant ne grandit pas du tout dans le bonheur, si bien qu'il se faisait souvent rosser par son géniteur lorsqu'il rentrait du pub. Il arrivait aussi à l'homme de lever la main sur sa femme. Peut-être que certains d'entre vous pourraient penser que cela est juste dû à l'alcool et que cet homme l'avait mauvais ? Et bien, pas vraiment, il était au fond de lui plutôt mauvais. Pour donner un exemple concret, dans la maison familiale résidait le père de cet homme qui était gravement malade, et bien, son fils, pour pouvoir boire à sa soif lui dérobait souvent quelques billets. C'est donc dans un cadre néfaste que le jeune Clydwen se fit "élever". Enfin je dis élever ... Quand les deux parents n'ont strictement rien à foutre de leur enfant, on ne peut pas tellement employer ce mot-là. L'enfer dura quelques années, jusqu'à ce que la mère, dans un élan de lucidité, et après avoir essuyé de trop nombreuses fois des revers, prit son enfant et quelques effets personnels pour se rendre chez ses parents, expliquant la situation, et, demandant à ce que ceux-ci prennent la garde de l'enfant, réalisant enfin qu'elle ne pouvait s'en occuper, et ne pourrait sans doutes jamais s'en occuper. C'est presque à contrecœur que ses parents acceptèrent. Pour la petite histoire, malgré ses 25 ans, la jeune femme n'avait apporté que des emmerdes à ses parents toute sa vie, dont, le plus gros, avoir un fils et ne pas quoi savoir en faire.
Les grands parents devinrent alors les tuteurs de l'enfant. A bien y réfléchir, Clydwen se demande parfois s'il n'aurait pas mieux valu rester chez son père.
Les premiers moments de sa nouvelle vie se passèrent plutôt bien, il faisait ce qu'on lui disait, sans trop réfléchir, et était heureux qu'on lui apporte un minimum d'attention. Quelques choses étaient, cependant, obligés à l'enfant. Premièrement, la grand-mère était une "fervente" catholique, (du point de vue de Clydwen, c'était plus pour se faire voir, et parler avec de vieilles amies après la messe) et obligeait l'enfant à aller à la messe avec elle tout les samedis. Deuxièmement, le couple avait une maison dans les montagnes, et s'y rendaient à toute les vacances, et durant la totalité de celles-ci. Certes au tout début cela ne le gênait pas, mais, quand petit à petit il se mit à penser réellement, et bien, ses vacances étaient comme gâchées, et, lorsque l'on n'est pas croyant, aller à la messe n'est pas forcément une bonne chose, encore moins quand on essaye d'en parler et que la seule réponse que l'on a est "T'es qu'un con, un merdeux, abruti, etc." en seule réponse.
Enfin, passons....
Le véritable enfer commença à ses 6 ans, quand la tente de Clydwen devint mère. La fille tant aimé des grands parents. A partir de ce moment-là, l'enfant fut de nouveau mis de côté par tout le monde, qu'importe ce qu'il faisait, personne ne lui prêtait le moindre intérêt. Ce manque d'intérêt finit par devenir normal pour tout le monde, même quand la petite cousine n'était pas là, personne ne s'occupait de l'enfant, ou alors, c'était uniquement pour le critique, ou encore pour l'engueuler.
L'âge de l'école vint alors, et, il fallait être parfait, pour qu'une bonne image soit donnée par les grands parents, malheureusement, l'enfant n'était pas fait pour les études, ce qui était la cause de nombreuses insultes, critiques, rabaissement, ou encore simplement des réprimandes.
A ses 12 ans, il finit par faire accepter à ses grands parents de pouvoir faire du sport, hors école. Pour eux c'était embêtant, c'était payant, il fallait l'emmener, puis aller le chercher. Mais, pour on ne sait quel miracle, ils finirent par accepter que l'enfant fasse du golf. Tout ce passa bien dans ce domaine, l'adolescent était plutôt doué. Mais, à ses 15 ans, sa vie prit encore un mauvais tournant. En cours de sport, au collège, Clydwen se fit une tendinite à l'épaule. Certes, ce n'est rien, mais attendez la suite. En rentrant chez lui, ses grands-parents ne voulaient rien savoir, et l'obligèrent à aller tout de même au golf, "Il ne faut pas gaspiller d'argent ! Tu nous a fait chier pour en faire, on a payé, alors maintenant tu y vas petit con !". J'ai oublié de le préciser plus tôt, mais, les grands parents étaient du genre à obliger l'enfant à aller en cours, même avec 41 de fièvre. Enfin bref. Donc, dans un état plus ou moins instable, le jeune homme se rendit à son club, et, à peine avait il fait quelques swings, qu'une sensation étrange se fit ressentir : un peu comme si son bras s'était d'étaché du reste de son corps au niveau de l'épaule. Certes étrange, mais le jeune homme n'y fit pas vraiment attention. Dans les jours qui suivirent, une douleur atroce le prenait à chacun de ses mouvements de l'épaule. C'est après avoir supplié pendant près d'un mois ses grands parents, qu'ils acceptèrent en soupirant d'aller voir un spécialiste, pour apprendre que le ligament et le muscles s'étaient déchirés. Pensez vous que la grand-mère ait eu un quelconque remord que d'avoir indirectement bousillé son épaule ? Et bien non, ce fut plutôt le contraire à vrai dire. On l'engueula pour son manque d'attention, que c'était uniquement sa faute s'il s'était blessé de la sorte.
A 15 ans, sa vie était comme finie pour lui, le jeune homme était devenu dépressif, renfermé, et, pensait déjà au suicide. Après tout, qu'avait il dans la vie ? En y réfléchissant bien ... Rien. Il n'avait même pas d'amis.
Comme un ange descendu du ciel, le jeune homme rencontra une certaine Erika, alors que toute les filles se moquaient de lui, ou l'insultaient, elle, lui parlait avec le sourire, était si gentille avec lui, et ... Elle était si belle. Clydwen en tomba très vite amoureux, et, aussi étrange que cela puisse paraître, la jeune femme aussi. Il y avait enfin un peu de lumière dans les ténèbres de sa vie. C'est d'ailleurs à peu près au même moment que sa tante se fit un nouveau petit copain, un certain Seamus, qui, était très gentil, et s'occupait de l'adolescent. Son nouvel oncle avait deux passions dans la vie : la pèche, et la musique. Passions qu'il transmit au délaissé. Un week end sur deux il l'emmenait à la pèche avec lui, et, de temps en temps il lui donnait des cours de musique, lui apprenant le seul instrument qu'il savait jouer : le hammered dulcimer, instrument irlandais ancien.
Clydwen avait enfin un peu de bon dans sa vie. Mais ... Ce ne fut que de très courte durée. Après à peine deux mois de couple avec la délicieuse Erika, alors que tout deux pensaient avoir trouvés l'amour de leur vie, et se faisaient des plans de futur, la jeune femme mourut prématurément d'une rupture d'anévrisme durant son sommeil.
Imaginez le choc pour le jeune homme .... Je crois bien que, il ne s'en remit jamais.
Trois ans plus tard, alors que la douleur de la mort de sa bien-aimée s'était légèrement apaisée, deux nouvelles morts vinrent s'inscrire dans la vie de Clydwen. La première, celle de son oncle Seamus, qui mit le jeune homme dans un état incroyable. La seconde fut celle de son père, qui, n'avait plus jamais donné signe de vie depuis la séparation. Enfin, peut être était-ce le destin qui avait décidé de sourire enfin au mal aimé, mais, l'assurance de son père lui octroya une coquette somme. Sans plus réfléchir, il passa bien vite son permis, s'acheta une fourgonnette, récupéra la barque de son oncle, ainsi que ses cannes à pèches et déserta pendant une nuit la maison familiale direction Dublin. Il apprit par la suite que personne ne s'inquiéta jamais de sa disparition. L'on s'inquiétait plus pour la barque qui fut volée qu'autre chose. Les débuts furent assez difficile pour Clydwen, il s'était improvisé vendeur de poisson, péchant la nuit, vendant la journée, dormant le peu de temps qu'il lui restait dans sa fourgonnette. Il gagnait suffisamment de quoi vivre, et de mettre de l'essence. Le jeune homme préférait économise le plus possible afin d'avoir un peu plus tard une maison à lui. Certains jours, ou le marché était fermé, le jeune homme allait dans une salle de répétition pour jouer le plus possible du hammered dulcimer.
La solitude le fit tomber petit à petit dans l'alcoolisme, lui demandant un peu plus de frais qu'auparavant, mais, la qualité de vie ne bougea pas. Il se fit aussi faire des dreadlocks afin d'avoir le moins d'entretien possible au niveau des cheveux.
Deux années passèrent à Dublin, jusqu'à ce qu'un jour, alors qu'il jouait tranquillement dans une salle louée, quelqu'un entra en trombe dans la pièce s'exclamant que c'était magnifique. Clydwen, à moitié saoul, ne comprit pas vraiment ce qu'il se passait, et le regardait étrangement, la tête penchée sur le côté tel un hibou. Après avoir décuvé, et après explications, il comprit bien vite que, l'homme en question était le directeur du conservatoire de Dublin, et qu'avec son niveau de maîtrise, il pourrait y rentrer, et même avoir une bourse. Bien entendu, le jeune homme accepta sans se poser de questions. Il y apprit le solfège, et apprit même avec certains camarades à jouer de nouveaux instruments, tel la guitare ou encore la batterie, l'alcoolique apprit même à chanter. D'ailleurs, en parlant d'alcoolique, il fut avéré que Clydwen jouait mieux de certains instruments une fois bourré. Il resta un an dans ce conservatoire, jusqu'à ce qu'un grand concours eut lieu. Il fallait composer, et enregistrer un morceau de musique de son choix reprise ou non. Et le vainqueur gagnerait le droit d'aller étudier la musique dans une grande université américaine, tout frais de transport offert. Étant un artiste complet, et, étant fier de ses origines celtes - il avait déjà un tatouage de croix celte sur le bras- il fit une version qui lui était propre de "Tri Martolod" mélangeant les instruments celtes, européens et africains pour donner un nouveau vent de fraîcheur au morceau ancestral.
A sa plus grande joie, ce fut lui le vainqueur, et il gagna ce prix exceptionnel. Ne souhaitant rien perdre, il piocha un peu dans ses économies pour ne pas abandonner sa fourgonnette ainsi que le dernier souvenir de son oncle.