C’est le 19 février de l’année 1994 que je décidai à me pointer le bout du nez dans ce monde cruel. Je n’avais apparemment pas très bien décidé ma famille. Enfin, si seulement on décidait aussi. J’étais la première de ma famille, leur petite fille. Ma mère voulait un enfant depuis toujours bien sûr, comme toutes les femmes, non? Mais mon père, il s’en fichait. Je ne sais même pas pourquoi il était avec ma mère puisqu’il ne l’aimait pas. Si l’amour c’est la violence, physique et verbale, c’est vraiment de la merde sérieux. Bref, il la battait depuis toujours sûrement. Je n’ai jamais demandé, je ne suis pas si conne. Je ne sais pas s’il me frappait quand j’étais bébé car ma mère n’a jamais voulu me dire, donc je suppose que oui, sinon elle m’aurait dit le contraire. Ça n’allait pas bien à son job donc il se défoulait le soir sur elle. Je suis donc née dans la ville de Glasgow, dans cette famille. Tant qu’à vivre ça, ils auraient pu me donner en adoption, mon père ne voulait pas de gosses, mais ça occupait ma mère et ça la réconfortait je crois.
Je vivais jusque là «normalement». J’avais 5 ans et j’aurais aimé jouer avec mes amis, les inviter chez moi, rigoler et tout quoi, mais c’était impossible. Mon père restait toujours violent, mais à ce que je me souviens de ce moment, ce n’était qu’envers ma mère. Celle-ci me défendait toujours si mon père s’approchait trop de moi donc vous vous imaginez que je n’étais vraiment pas proche de lui. Je n’étais qu’un enfant mais déjà je me disais que je ne voudrais pas être comme lui, ou que je voulais un homme meilleur que lui, ce qui, je suppose, est assez simple. J’avais peur de mon père, je restais toujours enfermée dans ma chambre donc je n’étais vraiment pas très sociale, je ne l’ai jamais été. Mon père était moins violent ces derniers temps avec ma mère puisque celle-ci était encore enceinte. Comme s’ils n’en avaient pas déjà assez de moi. Elle ne s’occupait plus trop de moi, me trouvant assez vieille pour jouer seul. C’est le 24 juillet 1996 que ma petite sœur naquit. Je ne savais pas si je devais être heureuse. Je l’étais tout d’abord parce que ça me ferait une amie avec qui jouer. Malheureusement, elle était bien trop petite pour faire quoi que ce soit à sa naissance donc j’étais toujours seule. Je m’emmerdais mais je ne voulais pas aller déranger mes parents, de peur que mon père commence à s’en prendre à moi. J’étais une trouillarde c’est vrai, mais quand tu as 5 ans, je vous jure que voir sa mère se faire battre, ça marque. J’allais généralement m’enfermer dans mon placard pour ne pas entendre les coups et les pleurs de ma mère. Ce que je plaignais ma petite sœur d’être tombée dans notre famille.
C’est à 7 ans que tout à changé pour moi, malheureusement. C’est là que l’enfer a commencé car apparemment, je pouvais vivre pire. En fait, c’est de ma faute si c’est arrivé, j’aurais du comme toujours rester loin de lui et me taire, mais j’en étais incapable. C’est mon père qui s’occupait de moi, 7 ans, et ma petite sœur, 5 ans, depuis quelques jours puisque ma mère était partie en formation au sud du pays. Ce qu’elle devait être bien loin de lui, mais moi, je m’ennuyais d’elle. Mon père il se fichait bien de nous, donc c’est moi qui s’occupais de ma petite princesse. J’étais assez débrouillarde pour mon âge, je n’avais pas trop le choix en fait. Toutefois, une journée, je jouais dans ma chambre seul, bref comme toujours. Toutefois, une journée j’entendis des coups, comme lorsque mon père battait ma mère. Et je me levai pour aller m’enfermer dans le placard, comme à mon habitude, mais je me souvins alors que ma mère n’était pas présente. Je courus donc dans la maison pour finir dans la chambre de ma petite sœur et y retrouver mon père qui la frappait. Comme s’il était en manque de cette violence. C’était la première fois que je le voyais faire ça et ça me brisait le cœur. J’ai donc pris mon courage à deux mains et pur la première fois de ma vie, j’ai dis d’arrêter. Il m’a demandé de répéter et j’avais alors baissé le regard, répétant d’arrêter mais cette fois-ci d’une voix bien moins certaine, moins forte. Son regard plein de rage sur moi me faisait vraiment peur. Il délaissa ma sœur, se rapprochant de moi. J’aurais voulu fondre tellement j’étais terrorisée. J’aurais pu crier, mais il n’y avait personne dans la maison pour me défendre. Il me frappa donc, encore et encore. Je ne savais pas ce que je ressentais le plus, la blessure physique, ou celle mentale. Je détestais, haïssais déjà mon père, mais à présent c’était pire. Même au retour de ma mère, il continua de me battre. Comme si ça lui apportait de la satisfaction, de la joie ou je ne sais quoi. Je l’avais cherché après tout, il ne s’en serait jamais pris à moi, mais je m’étais posée contre lui et c’est tout ce que je méritais. J’étais toutefois contente puisque pendant ce temps il ne s’en prenait pas à ma mère, ni à ma sœur.
Ma mère décida enfin de quitter mon père. Je ne comprenais pas d’ailleurs pourquoi elle n’avait pas fait ça plus tôt. J’avais 16 ans et j’avais abandonné depuis un moment de me défendre contre mon père. J’étais pourtant plutôt grande à présent et forte, enfin pour une fille, mais j’étais faible mentalement. Au moins, j’avais toujours réussi à défendre ma petite sœur, je la protégeais du mieux que je pouvais. Je ne voulais pas qu’elle vive l’enfer que moi et ma mère avions vécu. Heureusement, tout ça était terminé, enfin. Je me demandais ça faisait combien de temps que ma mère subissait ça, pourquoi elle s’était mariée avec cet homme violent, ce connard. Pourquoi l’avait-elle marié s’il était violent avec elle? Sérieusement, ça n’a aucun sens pour moi. Je peux bien croire que l’amour c’est fort, mais il y a tout de même une limite. Bref, j’étais dans ce temps la fille un peu isolée, qui ne parlait pas trop au gens. J’étais blessée autant physiquement que mentalement et ce fut un très grand soulagement que ma mère quitte mon père. Bien sûr, elle eut notre garde. Ça aurait un peu été con qu’on reste avec mon père puisqu’il ne voulait pas de nous et nous ferait que du mal. On déménagea donc tous les trois dans un nouveau pays pour débuter une nouvelle vie. J’attendais ce moment depuis des années. Ma mère méritait tellement mieux que lui, et moi je n’aurais plus peur en rentrant à la maison après les cours. On était tous gagnant. On quitta donc l’Angleterre pour être le plus loin possible de mon père, et faire de nouvelles rencontres. On traversa l'océan pour se rendre à Boston, aux États-Unis, une belle grande ville.
C’est à présent l’été, les vacances, la belle vie. J’avais 16 ans et j’avais une chance de tout recommencer à zéro, de bâtir ma petite personne, de devenir ce que je voulais. Ça fait quelques mois à présent que ma mère à quitté ce connard qui me servait de père et je vous jure, on se serait cru au paradis. J’avais 16 ans et je pouvais enfin vivre, sortir de chez et ne pas avoir peur de me faire frapper parce que j’étais rentrée trop tard. En fait, il n’avait pas vraiment besoin de raison, mais celle-ci était toujours bonne. Bref, c’était le premier été que j’étais complètement libre et je décidai d’en profiter totalement. On est jeune qu’une seule fois et j’avais déjà gaspillé une partie de mon enfance. Je décidai donc de sortir de chez moi et rencontrer de nouvelles personnes. À l’école, j’avais toujours été la petite gênée qui n’a pas trop d’amies mais à présent, je pouvais être simplement moi. J’ai donc commencé à traîner avec d’autres filles, du genre populaire quoi. Ça m’a totalement changé, mentalement. Je commençais à m’amuser vraiment, découvrant également les joies de l’alcool. Je traînais donc souvent elle, faisant les boutiques et la fête, comme si j’étais l’une d’entre elles, une vraie américaine. Toutefois, mon accent très marqué me dévoilait. Vient ainsi rapidement les mecs. Je traînais avec des filles populaires quoi, normal que je le devienne. Je repris donc confiance en moi, après des années. Ou plutôt, je me construisis une carapace pour paraître forte. Je ne me laissais plus insulter, je me défendais, avec des paroles bien sûr puisque je ne suis pas la fille la plus imposante. Heureusement, on me respectait en général. J’adorais cette nouvelle vie, je ne pouvais pas demander mieux sérieusement.
18 ans, dire que j’aurais eu la majorité dans mon pays. J’avais quitté le nid familial pour m’installer dans les résidences de l’université. Il y avait un université pas si loin de chez moi, le Boston Université, mais Harvard était clairement la meilleure, dans tous les domaines. De plus, le programme d’informatique semblait parfait et m’allumait. Après toutes ces années passées enfermées dans ma chambre, j’en avais appris beaucoup sur l’informatique et cela m’intéressait beaucoup. La vie sur le campus était tout simplement le rêve. Je pouvais fêter tous les soirs et rentrer à l’heure que je voulais. Je pouvais aussi ramener le nombre de mecs que je voulais et personne s’en plaindrais puisque mes colocataires faisaient ça aussi. J’adore les hommes, mais je déteste l’amour. Je ne suis jamais vraiment tombé amoureuse je crois, j’ai bien sûr été en couple, mais rien de sérieux. J’étais jeune et je préférais en profiter tout simplement. Puis, au fil des soirées, l’alcool et les autres saletés qu’il se passait dans les soirées à l’université, je finis par tomber dans les bras d’une fille. Il faut dire que je n’avais jamais été totalement certaine de ce côté chez moi, mais ça ne fit que confirmer que je n’aimais pas les hommes. Faut bien être ouvert d’esprit dans la vie après tout. Puis me voilà aujourd’hui, 19 ans, et ayant terminé ma première année à Harvard. Les vacances, enfin et bien mérité, que je décidai de passer avec d’autres étudiants en Floride pour le Summer Camp et non avec ma mère et ma petite sœur. Je m’amuserais beaucoup moins. Je suis ici quelqu’un de très sociale, j’ai fais du chemin depuis mon enfance. On connait pour la fêtarde, peut-être un peu trop fille facile. Toutefois, je préfère nettement ça que de tomber amoureuse. J’ai clairement peur de l’amour, ou je n’y crois tout simplement pas. J'ai l'air naive et innocente, mais au contraire, j'ai un caractère très fort et je ne me laisse pas marcher sur les pieds!