Merci. A une prochaine. Bravo pour aujourd’hui. Enfilades de sourires chaleureux, de poignées de main fermes et sincères, de tapes dans le dos réconfortantes. Y’a pas à dire, les N.A, c’est un autre monde. Un ramassis de ratés, juste des nazes qui ont perdu toute volonté, parce que si on veut, on est censés pouvoir, tous plus paumés les uns que les autres. Y’a peut être un peu de vrai, mais pour une bande de soi disant losers, ils sont fichtrement solidaires, compréhensifs et bienveillants. Et moi, les beaux sentiments comme ça, ben ça me touche en vrai. Je vais pas mentir, j’aurais aimé ne pas avoir à y retourner - tout du moins, pas de ce côté là, pas comme y’a cinq ans, mais… Bah, qu’est ce que je peux dire ? C’est la vie, j’imagine. Je l’ai déjà fait, je peux le refaire, ça ira.
Bref, je salue le groupe avec un sourire un peu pincé, récupère el famoso manuel aux 12 étapes que je connais comme la paume de ma main, et le range soigneusement dans mon sac. Seulement ma seconde séance dans ce groupe, donc je suis pas très expansif pour l’instant, mais je sais que ça va venir à force d’engagement. Un jour après l’autre, pour l’instant je m’en sors pas trop mal.
Je quitte la salle qui nous est assignée dans le centre, gros bloc de béton un peu moche, qui a l’air d’accueillir toute sorte de vie associative. Il pleut à en faire défriser un caniche dehors, les lumières sont éteintes, ça plonge le couloir dans une ambiance franchement pas folichonne. Je vois un tas de cartons sur pattes avancer vers moi, à contre jour. J’avance, et alors que je jette un coup d'œil à la frimousse derrière les boîtes empilées pour voir si la personne a besoin d’aide, je reconnais un visage connu. Les noms et moi, c’est pas toujours ça, mais je pense pas me planter en demandant : “Soo-Min ?” Je tends un index vers la montagne de carton qu’elle arrive à tenir en équilibre, comme pour lui demander si elle a besoin d’aide. “Attends, attends.” J’attends pas de réponse, et récupère quelques cartons sur le dessus. “Trucs de l’église?” Ouais, on peut difficilement faire plus vague comme question. Quand je l’ai rencontrée la semaine dernière à la sortie de ma première réunion, j’ai cru comprendre qu’elle venait régulièrement dans le coin pour animer différents trucs, un peu au nom des chrétiens. Pas envie d’insinuer qu’elle fait dans le prosélytisme, parce que c’est sûrement pas le cas - puis en vrai, si vous me demandez, y’a peu de personnes aussi prompt au pardon et à la charité que ces gens-là.
Bref, je salue le groupe avec un sourire un peu pincé, récupère el famoso manuel aux 12 étapes que je connais comme la paume de ma main, et le range soigneusement dans mon sac. Seulement ma seconde séance dans ce groupe, donc je suis pas très expansif pour l’instant, mais je sais que ça va venir à force d’engagement. Un jour après l’autre, pour l’instant je m’en sors pas trop mal.
Je quitte la salle qui nous est assignée dans le centre, gros bloc de béton un peu moche, qui a l’air d’accueillir toute sorte de vie associative. Il pleut à en faire défriser un caniche dehors, les lumières sont éteintes, ça plonge le couloir dans une ambiance franchement pas folichonne. Je vois un tas de cartons sur pattes avancer vers moi, à contre jour. J’avance, et alors que je jette un coup d'œil à la frimousse derrière les boîtes empilées pour voir si la personne a besoin d’aide, je reconnais un visage connu. Les noms et moi, c’est pas toujours ça, mais je pense pas me planter en demandant : “Soo-Min ?” Je tends un index vers la montagne de carton qu’elle arrive à tenir en équilibre, comme pour lui demander si elle a besoin d’aide. “Attends, attends.” J’attends pas de réponse, et récupère quelques cartons sur le dessus. “Trucs de l’église?” Ouais, on peut difficilement faire plus vague comme question. Quand je l’ai rencontrée la semaine dernière à la sortie de ma première réunion, j’ai cru comprendre qu’elle venait régulièrement dans le coin pour animer différents trucs, un peu au nom des chrétiens. Pas envie d’insinuer qu’elle fait dans le prosélytisme, parce que c’est sûrement pas le cas - puis en vrai, si vous me demandez, y’a peu de personnes aussi prompt au pardon et à la charité que ces gens-là.
(Emery Whitaker)