octobre 2024 tw ⸻ anxiété, anorexie
elle s'était regardée dans le miroir et y avait contemplé sa propre perte.
corsetée dans son désespoir, elle y voyait là son plus intime mal-être.
NANA, pourtant, savait qu'elle ne pouvait plus revenir en arrière. la promesse d'une rencontre au café pesait sur ses épaules frêles : se défiler aurait été un parjure. pire, aurait été traître. mais son ventre se noua au seul songe de ce tête-à-tête : elle n'avait pas vu LÉO depuis longtemps et tremblait à la seule idée de ne pas lui être parfaite. serait-elle déçue à sa vue lorsqu'elle lui paraîtrait si fluette, si fragile, les cheveux tombant et les joues creusées par sa faiblesse ? elle douta, fit les cent pas puis, après une longue inspiration, prit ses affaires et s'en alla. elle quittait déjà city center.
le tatte & bakery cafe, ainsi, serait le lieu de leur rencontre pour la première fois depuis des siècles. sa devanture, faite de viennoiserie, d'amuse-bouche et de pâtisseries gourmettes, lui fit l'effet d'un haut-le-cœur tant ce cortège de gras frappa ses tripes ⸻ dégorgeant ses boyaux de l'intérieur. elle s'excusa auprès de quelques clients pressés de sa maladresse lorsqu'elle vacilla sur une chaise près d'une vitre au fond de la pièce. elle n'en pouvait plus ; sa tête tournait ; et elle n'avait rien mangé depuis hier. ses doigts pianotèrent sur le clavier de son téléphone : je t'attends. où es-tu ?, demanda t-elle. mais sa vue se brouilla et la poussa, dans un ultime recours, à lever sa main malgré elle.
⸻ rien qu'un café, s'il vous plaît.
rien de plus, rien de moins. NANA ébranlait sa condition ; cherchait à transcender les limites de la survivance même.
(Nana Vangaard)
água viva