tw : arme à feu, mort.
@Neal T. Hood-Spritz -- Le poignet libéré, ça ne voulait malheureusement pas dire que toi-même tu l'étais. C'était un début, ça te permettait de t'éloigner un peu, de te mettre à mieux respirer, refaire passer ce précieux oxygène dans les poumons jusqu'à ce que tu sois assez calmé - mais tout était incertain, maintenant, et tu ne pouvais que penser au fait qu'il s'en foutait peut-être de te détacher car il savait très bien qu'il n'allait jamais te laisser l'occasion de dire quoi que ce soit sur lui après ça. Et fallait pas te sortir que t'étais défaitiste, que t'avais pas assez espoir, qu'on ne savait jamais ce qu'il pouvait arriver - tu venais déjà de voir ta vie basculer en une seconde. Tu venais déjà de vivre sûrement le pire plot twist de ta vie, le revirement de situation qui te marquerait à jamais, alors c'était normal que ton cerveau se réfugie dans les scénarios pour tenter d'anticiper la suite, et que tous se retrouvent être plus catastrophiques les uns que les autres et sans aucune porte de sortie. T’osais quand même demander, parce que t'allais devenir fou à remuer les possibilités dans ton petit crâne, parce que t'avais besoin de savoir, une réponse simple et précise, rien d'autre. Et y avait le cœur qui cognait comme rarement il avait cogné - comme pour te dire qu'il était là, bien vivant, à pas vouloir s'éteindre avant un long moment, comme pour te dire que c'était pas encore fini tant que tu sentais cette pulsation qui n'en finissait pas - alors que Neal commençait à te répondre, ses yeux se reposant sur toi. Il n'y avait rien dans sa voix, pas de sympathie, pas d'empathie, rien sur lequel tu pouvais jouer, les faits énoncés comme il avait tant de fois dû le faire, à pas y ressentir d'émotions, comme un travail à la chaîne. Il y avait un côté drôle, malgré tout, dans tout ça. En connaître trop sur lui. Supposition ironique et erronée, quand de ton point de vue, t'avais l'impression d'encore moins le connaître qu'auparavant - et c'était déjà pas grand-chose, avant ça. En venir à te douter si Neal était même vraiment son prénom, ou s'il portait des perruques parfois pour brouiller son identité. S'il était marié et avait réellement une fille, ou si c'était juste pour attirer la tendresse des gens qu'il rencontrait. Tu tremblais, alors que tu étais focalisé sur chacun de ses mouvements, et que ses doigts se rapprochaient de l'arme. Mais qu'est-ce que tu pouvais bien y faire, hein ? A te jeter sur la porte pour qu'il te tire en plein dans le dos ? Même si tu te jetais sur lui, tu te disais qu'il savait sûrement bien se défendre, même avec une jambe faible. Et t'osais même pas reprendre les jérémiades, de peur de trop la fatiguer et que ça finisse par une balle dans le crâne pour te faire taire. Alors tu ne voyais pas de solutions. Juste être là, effrayé, à attendre le dernier coup, ta famille qui passait dans ton esprit, à se demander ce qu'il allait leur arriver, si jamais Neal serait assez clément pour leur permettre de trouver et identifier ton corps. Tes yeux dans les siens, à presque retenir ta respiration, puis y avait ces nouveaux mots sur le fait d'être innocent, la petite hésitation, la tension dans cette chambre qui te semblait maintenant si étroite, et la fumée de sa cigarette qui imprégnait les lieux. Puis il lâchait ses derniers mots. Et il ne t'en fallait pas plus pour lui obéir. T'allais pas rester poireauter, à lui demander le pourquoi du comment, ou s'il était sûr, ou si c'était une farce. Y avait pas moyen que tu laisses passer cette chance, voulant être le plus loin possible de lui si jamais l'envie de changer d'avis lui revenait. Alors tu attrapais la clé qu'il avait posé sur la table de chevet, et tu ne perdais pas une seconde pour ouvrir la porte de cette chambre et déguerpir. A courir dans les couloirs, sans jamais te retourner, la peur de le revoir derrière ton épaule. Les escaliers que tu dévalais, puis le vent froid qui frappait ton visage une fois hors de l'hôtel, comme pour te réveiller, te dire que c'était pas un cauchemar mais bien la réalité. Et tu courrais. Vite, plus vite, encore plus vite. A pas savoir où aller, te laisser te perdre parmi les rues et les avenues, vouloir mettre le plus de distances entre toi et cet hôtel, jusqu'à finir épuisé dans un endroit random de Boston. A pas avoir envie de retourner à la Park House et de devoir faire comme si de rien n'était, à pas te sentir capable de répondre à Enzo et de lui expliquer ce qu'il t'es arrivé sans qu'il te prenne pour un fou, tu finissais par envoyer un message à Ace, les mains tremblantes, à te dire que lui, il allait sûrement pas te poser trop de questions si tu lui demandais soudainement de crécher chez lui. T'attendais sa réponse en reprenant ta respiration, avec la seule envie de t'endormir et d'oublier tout ça.
(Lion Whitaker)
« 'cause I don't need no reason, my love is just for you, baby, it means nothing unless it's you. i don't need anything, i gotta be with you, right now. hold me tight with open arms, no matter what if it's with you, i don't need anything in this world. »