Stagne dans l’Aube, la peine + Scaim

L’Aube naissante. Teinte d’un bleu grisâtre la citée. Pollution stagnante dans l’air. Apparaît en contrebas, le dédale de ruelle. Plus plaisante à regarder que celle de Tokyo. Fouille le toit. Les émeraudes cherchent jusqu’à le trouver lui. Offert à l’horizon. Dos à lui. D’ici, il la ressent. Cette peine qu’il ne peut saisir, mais qui l’atteint quand même. « Sympa comme cachette. » Près de lui, il s’assoit. Tire une clope de son emballage pour l’allumer.

@Scott Guerin -- l'envie toujours ancrée de s'éloigner. respirer seul. tenter. l'air qui manque, les poumons pleins pourtant. l'oxygène mauvais, l'corps qui veut pas l'assimiler. l'impression d'crever parfois à y penser, toutes ces merdes qu'aiment bien s'accumuler. l'corps qui se retourne pas, tu reconnais les pas, la simple présence. les auras qui s'captent sans s'voir. le vide, pas même une clope entre les doigts pour occuper les lèvres. c'notre truc ça, les toits. tu ricanes, ébènes sur le vide. personne qui t'vois, qui sait que t'es là. sauf lui.

S’élève dans l’air, son ricanement. Contamine son pulsant jusqu’à le faire sourire. « Le luxe. » Les traits qui se font soudainement soucieux, mais à moitié camouflé par l’Aube naissante et ses jeux d’ombres. « C’quoi que tu cherches à exorciser ? » Terme choisi dans hasard. Volontairement fort. Il le connaît Naim.

@Scott Guerin -- votre bulle. l'univers parallèle où vos âmes s'emmêlent, là où personne ne comprend. les toits comme refuge, le vôtre. celui du vous, que vous décrivez pas. soupire qui rejoint l'écho de la ville qui s'anime. ça fait dix ans cet été. il sait de quoi tu parles. quasi une décennie en arrière, où il t'a trouvé dans les griffes de l'enfer. années qui défilent, probablement rien qui n'a changé tout compte fait.

« Déjà. » Il se doutait bien que la date approchait. Le regard qui se retient. De se tourner vers lui. Agit à la place, son bras gauche qui se soulève. Passe par dessus ses épaules. Conte lui, il l’attire. Sans pitié. Sans plus rien dire. Parce que ce qui compte, c’est eux. La parole c’est qu’un plus. Les silences sont aussi parlant.

@Scott Guerin -- les corps qui se rapprochent. sans résistance. les âmes qui s'appellent. se retrouvent quand les auras se mélangent. épaule contre la sienne, tête qui tombe sur le côté, se pose à moitié sur les trapèzes du tatoué. ça veut dire, presque dix ans qu'on se connait. et tu ricanes, cette fois. le rire teinté de morosité au fond.

Contact qui rassure. Imprègne ses tissus. « C’est que le début. » Dix ans c’est rien pour eux. C’est qu’un dixième de ce qu’ils ont à vivre ensemble. Batons entre les lippes. Tire sa bouffée. Jaillit dans l’Aube bleutée, sa fumée. Sans pleinement le voir, son visage se tourne à moitié vers lui. Tente de percevoir celui pour qui il ferait tout. « Tu t’es jamais dit que parfois on nous envoyait des gens. Peut être que ta mère, elle m’a envoyé à toi. » Ricane de sa connerie. De l’absurde, mais qui pourtant revête un fond de vérité. Parce qu’il le pense. Que Naim lui a été envoyé. Que dans sa mer noire, il l’aide à garder la tête hors de l’eau.

@Scott Guerin -- sensation d'une vie avec lui, pourtant qu'une décennie au fond. l'irremplaçable. évidence marquée dans les lignes. celle du destin. fil rouge où tout mène à lui. visage qui se décolle du tissus, ricanes sur l'instant. phalanges qui attrapent sa cancéreuse, tire dessus une fois ramenée aux lèvres. pincent le papier, creuse les joues. aspire. ouais, la mama elle m'a envoyé l'premier voyou tatoué qui trainait. et derrière le rire, la vérité. sans y avoir penser, parait comme une évidence. tapes d'une phalange le coup de la clope, cendres s'envolent sur la brise du matin. elle t'aurait bien aimé. et tu parles jamais d'elle au passé, mais le rire une nouvelle fois. avec quelques coups de babouche quand même. claquette facile, la mama.

Léger sourire. Etire le coin de sa bouche, alors que ses yeux restent accrochés à l’horizon. “Elle savait qu’on aurait besoin l’un de l’autre.” La fin de la phrase qui s’évanouit. Les pensées ailleurs. A leur première rencontre. A tout ce qu’il a changé. Aux abysses qu’il semble quitter quand il est près de lui. “T’crois ?” Les opales qui se tournent vers lui. Il en parle jamais Naim. De sa mère. Pas comme ça.

@Scott Guerin -- croisés son regard un instant. savoures les traits. ceux que tu pourrais dessiner sans même regarder. sourire déformes les traits. elle m'a appris que des âmes reliées entre elle doivent forcément se trouver. et tu ricanes, connerie naïve ressort d'entre. les vendre.pousse son épaule de la tienne. taquin. je vais te faire venir sur sa tombe, symbolique forte.