un journal plus si intime que ça (Ares/Libre)

j'allais quitter le campus quand je me suis aperçu avoir perdu mon journal. ce journal contient toutes mes émotions sous forme de textes que j'écris un peu comme une thérapie. heureusement je n'écris pas mes sombres secrets dedans forcément si je le perds je suis foutu. je fais demi-tour en courant entre les élèves en bousculant un peu au passage, je m'excuse à peine n'ayant pas le temps et je continue de courir dans les couloirs jusqu'à atteindre la bibliothèque. c'est la ou j'étais juste avant de sortir, j'ai écris dedans donc je dois l'avoir fait tomber. j'arrive en coup de vent dans la bibliothèque il y a presque personne je me mets donc à arpenter les rayons des bouquins pour voir s'il n'est pas à terre jusqu'au moment ou je te bouscule sans le vouloir. décidément. merde désolé j'étais dans mes pensées j'espère que tu pourras m'aider à le retrouver.

Bien que tu ne sois pas allé en cours depuis le début de la semaine pour des raisons médicales, tu étais tout de même passé à la bibliothèque universitaire pour emprunter des manuels de cours et ainsi rattraper les classes que tu avais manquées. Même si ton cursus universitaire commençait véritablement à te sortir par les yeux, tu n'avais plus que quelques mois à tirer avant d'obtenir ton bachelor, tu pouvais donc serrer les fesses encore un peu, fournir un dernier petit effort avant d'atteindre la ligne d'arrivée. Tu n'étais pas vraiment un sprinter, en fait tu étais plutôt de la trempe des marathoniens, à fournir un effort soutenu en continu pour atteindre tes objectifs. Tu savais très bien que ton diplôme ne te servira à rien, toutefois tu savais également que tu t'en voudrais de ne pas être allé jusqu'au bout, tu tenais à achever chaque chose que tu entreprenais. Tu étais donc en train d'arpenter les rayons de livres dédiés à l'économie, complètement absorbé par les titres des manuels, tu ne faisais pas attention à ce qui se passait autour de toi. Le choc te ramena brutalement à la réalité. Tu en eus le souffle coupé pendant un bref instant, la douleur irradiant depuis ta côte fêlée, héritée de ton accident de moto récent. "Putain!" Tu sifflas entre tes dents serrées, le coeur battant à toute vitesse, la respiration saccadée. "Fais gaffe où tu mets les pieds la prochaine fois!" Tu ne comptais vraiment pas lui aboyer dessus pourtant tu étais presque plié en deux, et tu peinais à reprendre ton souffle. Tu maudissais ce gars en silence, et tu pleuras un peu sur ton sort aussi, en passant, car si tu douillais autant à  une semaine et demie du spring break, tu n'allais pas faire grand-chose de tes journées à part rester allongé sur un transat, et ça t'emmerdait à l'avance.

je me dépêche de courir pour aller récupérer mon journal qui doit être rester à la bibliothèque même si mes sombres secrets ne sont pas dedans je n'ai pas envie qu'on puisse le lire. je bouscule quelques personnes au passage et d'ailleurs en allant dans les allées de la bibliothèque je tombe sur toi et je te bouscule un peu violemment. j'ai pas fait exprès ça arrive je soupire je n'ai vraiment pas le temps de me prendre la tête avec toi. je te regarde tu es plié en deux et tu as l'air d'avoir vraiment mal merde j'y suis aller aussi fort ? ça va ? tu veux t'asseoir ? je me permets de mettre un de tes bras autour de mon épaule pour te soutenir puis en regardant bien ton visage je te reconnais immédiatement landon mec ! je t'ai pas reconnu de suite, aller viens on est dans le même groupe de soutien tous les deux, on a des réunions, on se confie tous ensemble et ça fait du bien. je t'aide à marcher jusqu'à une chaise ou je te dépose. t'as besoin d'un truc ? je suis vraiment désolé je ne voulais pas te mettre dans cet état la je ne pense plus à mon journal à cet instant précis je pense juste au fait qu'il faut que tu ailles mieux.

Surpris par cette bousculade, tu te tenais au bord des étagères alors que tu voyais trente-six chandelles. La douleur irradiait au niveau de ton flanc, et le décor tangua momentanément, au point que tu n'avais pas tout de suite mis un nom sur la personne qui venait de te percuter. Alors, par réflexe, tu avais protesté très vivement, pour ne pas dire que tu avais carrément gueulé sur l'imprudent. À ce stade tu te fichais bien de qui c'était, tu voulais reprendre tes esprits, ramasser tes livres tombés au sol et retourner à tes occupations antérieures. Pourtant, une voix familière se fraya un chemin jusqu'à ton esprit embrumé par la surprise et les médocs. Ton cerveau mit un certain temps pour assimiler les informations qui te parvenaient. Visiblement, le gars te connaissait puisqu'il avait utilisé ton prénom. Cette fois, tu pris le temps de bien le regarder et cela fit sens dans ta tête. "Mais oui, Arès!" Tu marmonnas la voix rocailleuse, peinant à reprendre ton souffle. "Excuse je ne t'avais pas reconnu non plus." En même temps, vu la tronche que tu faisais on pouvait le deviner, que tu n'étais pas branché correctement, qu'il y avait une défaillance dans ton système. Tu fus reconnaissant que le jeune homme t'amena vers la première chaise libre qui se présenta. Tu t'assis lourdement dessus et continuas à respirer pour faire passer la douleur. "Ce n'est pas toi." Tu t'empressas de le rassurer, parce que tu te doutais bien qu'il ne l'avait pas fait exprès et qu'il ne savait pas que tu étais blessé. "Je me suis cassé la gueule à moto il y a quelques jours , bilan une côte fêlée, pas mal de bleus et d'égratignures, je vais survivre." Tu en avais vu d'autres, tu as après tout survécu à des coups de couteau plusieurs mois auparavant, tu n'étais pas du genre chochotte, à te plaindre pour tout et rien - à te plaindre tout court. "Où courais-tu comme ça? on aurait dit que tu avais le diable aux trousses." Pourtant tu n'avais pas notion que la bibliothèque était hantée d'une quelconque façon, sinon tu l'aurais su, non?