Face à la mer ¦ Libre

TW : mention de rupture

La capuche sur la tête, le regard porté sur le large, les bras accoudé sur la rambarde en bois tu te laisses bercer par le bruit des vagues qui  s'éclatent contre les rochers quelques par sous tes pieds. Tu sais pas trop pourquoi t'es venu jusqu'ici, dans ce quartier où l'accent irlandais se fait le plus entendre. A croire que t'es un brin masochiste pour venir ici alors que tu sais parfaitement que c'est de là que vient ton ex. T'as pas entendu sa voix depuis un bail, vos dernier échanges par texto sont plus qu'houleux. Pire que les vagues que tu observes et ça t'as plutôt bien éclaté à la gueule tout ça. Un soupire qui franchit tes lèvres alors que ton regard se pose finalement sur l'horizon. Un coup de vent plus fort et t'en frisonne un peu. C'était clairement pas le bon plan de sortir à peine couvert alors que la période hivernal est encore. Mais t'avais ce besoin de te changer les idées, de prendre l'air, de voir autre chose que ton appartement ou t'as passé pas mal de temps avec lui. T'as cru qu'avec sa longue absence tu t'étais fais à l'idée que la chute serait moins dure, que la rupture plus simple, mais au final les mots faisaient leurs œuvres et dans l'histoire c'est toi qui passait pour le grand méchant. Un soupire qui franchit tes lèvres alors que tu te décides à te bouger, tu recules alors sans prendre garde et bouscule une personne. T'as le réflexe de mettre ta main au niveau de la taille pour l'empêcher de tomber. "Pardon." Souffles-tu avant même de pouvoir constater l'étendue des dégâts si jamais il y avait des choses en dans les mains.

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L'avantage de vivre pas loin du bord de mer, c'est que je peux venir m'y promener quand je veux. Pas besoin de prendre la voiture ou de le planifier à l'avance : j'aime pouvoir sortir de la clinique, déposer mes affaires chez moi et venir me balader ici. Je pense de plus en plus à adopter un chien, car je me dis que je pourrais le rendre heureux à venir courir sur la plage. Cela ferait aussi de la compagnie aux enfants quand ils sont avec moi une semaine sur deux ; de la compagnie pour moi même quand les enfants ne sont justement pas chez moi mais chez leur mère. Je m'arrête dans un petit café où j'ai l'habitude d'aller pour me prendre une boisson chaude et je démarre ma petite balade au bord de l'eau. Le bruits des vagues a quelque chose de vraiment satisfaisant, même en plein hiver quand il fait aussi froid dehors. Distrait par mon téléphone qui se met à vibrer dans ma poche, je le sors pour checker qu'il ne s'agit pas d'une urgence à la clinique quand soudainement, je sens quelqu'un me rentrer dedans, me faisant vaciller en arrière. "Oh merde", que je grogne alors que mon café s'est ramassé sur le sol. Je lève le regard vers l'homme qui m'a empêché de tomber et je lui souris, comme pour le rassurer le fait que ça n'est pas grave. "Est-ce que ça va ?", que je lui demande.

L'injure qui sort signalant un problème plus que pour insulter, tu ne réalises pas tout de suite ce qu'il vient de se passer, tes réflexes ayant agit pour empêcher la personne que tu viens de bousculer de tomber. Tu te recules ensuite, une fois l'homme à nouveau stable sur ses deux pieds alors qu'il te demande si tu vas bien. T'as une tête à faire peur, c'est probablement pour ça qu'il te pose la question à toi au lieu de te dire qu'il va bien. "Ouais, ça va et vous ?" Tu le regardes un peu de haut en bas et il a l'air de pas s'être tordu une cheville ou quoi, les deux pieds sur le sol,  Tu remarques alors la tache de café au sol et baisse le regard sur tes propres pieds. Chaussures éclaboussées et pantalon un peu arrosé, c'est seulement à cet instant que tu sens le chaud sur ta jambe, pas de quoi provoqué une brûlure mais plutôt un petit inconfort, mais t'as connu pire et même si le tissus humide est chaud, il ne le restera pas longtemps à cause de la température.  "Je vous dois un café je crois." Souffles-tu en portant ton regard sur l'homme, avec un petit sourire désolé. "Je suis vraiment désolé." C'était clairement pas ton but en venant ici de faire chier un inconnu, non t'avais juste envie de voir un peu autre chose, de t'imaginer simplement prendre le large, mais après peut-être que là, c'est un signe du destin et que cette rencontre ne te fera que du bien. T'es jamais contre l'idée de rencontrer de nouvelles personnes.

C'est ce genre de situation durant laquelle tout se passe très vite et on a du mal à comprendre ce qu'il se passe. Le temps que je comprenne, cet homme, qui m'a bousculé, m'empêche de tomber et je constate que le café que j'avais entre les mains est maintenant étalé sur le sol, nos chaussures et un peu sur son pantalons, aussi. Je demande à l'inconnu si ça va, parce que c'est peut-être une déformation professionnelle en tant que médecin de me préoccuper des autres avant même de me préoccuper de moi-même. "Oui oui, ça va", que je lui réponds avant d'enchainer sur un ton bien entendu plus humoristique qu'autre chose. "Par contre mon café lui...", lui, il ne va pas bien et le jeune homme l'a bine compris puisqu'il dit qu'il m'en doit un maintenant. "Non, non mais c'est pas grave, y'a pas de soucis, ça arrive", que je lui dis en souriant. Je ris un peu, "Je pense même que c'est une bonne chose en fait : je bois beaucoup trop de café, c'est pas très bon pour la santé ça" Enfin, c'est ce que quelques recherches disent mais bien entendu, tout le monde n'est pas d'accord sur la question de l'effet néfaste de la caféine sur le corps. je me penche pour récupérer ma cup de café, maintenant vide et je regarde autour de moi pour trouver la première poubelle dans laquelle je pourrais la jeter.

Chaussures et pantalon un peu souillée par son breuvage, tu ne lui en tiens pas rigueur, après tout c'est de ta faute et plus encore tu n'es pas comme certaine personne de ton entourage, Wendy pour ne pas donner d'exemple, à faire tout un foin pour un gobelet de café renversé. Surtout que t'es loin de porter des vêtements de marques qui valent une fortune, adepte des friperies et tout t'arrives quand même à te dégouter de quoi te faire un bon style sans être dans le haut de gamme, surtout que t'es loin d'avoir les moyens de porter du Armani ou encore du Vuitton. Toi t'es plutôt à l'inverse, chercher à sympathiser avec la personne et ainsi éviter les embrouilles, surtout que t'as pas besoin d'une crise en plus alors que c'est déjà le bordel dans ta tête. Heureusement que l'homme en face de toi est du genre sympa également. Tu ne sais pas comment tu aurais géré un hystérique. Tu rigoles un peu à ses mots. "Sérieusement, laissez moi au moi vous offrir quelque chose un paquet de chips, une bouteille d'eau." Argumente tu pour lui faire comprendre que tu comptes lui rembourser son café d'une façon ou d'une autre parce que non tu accepteras pas son excuse du j'en bois trop actuellement, après tout tu peux lui offrir aisément autre chose pour faire pardonner ton inattention et surtout toi, ça permet de taire tes pensées et tes états d'âme.

Je sais que les gens peuvent être vite à cran et que certains cherchent la moindre excuse pour s’embrouiller avec les gens autour d’eux. Je travaille avec les gens, alors en étant constamment en contact avec eux, je sais que les choses peuvent vite prendre une tournure dramatique alors qu’il n’y avait pas vraiment lieu d’en faire tout un fromage. Encore pire quand on bosse en tant que médecin; mis sur un piédestal, nous n’avons pas le droit à l’erreur. Compréhensible, puisque les gens nous confient leur santé, mais oublient parfois un peu trop facilement que nous ne sommes qu’humains. Je sais qu’on ne juge pas les gens à leur apparence, mais je n’ai pas vraiment l’impression que mon interlocuteur roule sur l’or, alors ça me met mal à l’aise qu’il me paie quoi que ce soit quand je n’ai pas à me plaindre niveau argent. ”Vraiment, ça n’est pas nécessaire”, que je lui dis, me rendant compte que ma réponse ne suffit pas tellement. Légère grimace avant de lui offrir un sourire, je regarde en direction d’une petite boutique de cupcakes et sucreries en tout genre. ”Bon, vous savez quoi ? Je ne dis jamais non à un cupcake”, que je déclare comme un signe de défaite. Je sens qu’il ne va pas me lâcher si je continue à dire non ou alors il faudrait que je me barre en courant et… flemme, quand même. ”Je m’appelle Jude”, que je lui dis en tendant ma main vers lui pour lui serrer la main.

T'insiste peut-être un peu trop, mais t'aimes pas te sentir coupable ou redevable, alors si t'as moyen de régler la chose, tu le fais. T'as pas envie que le gars il puisse se dire après que t'as été un sale type parce que tu lui as renversé son café et que même pas tu lui as remboursé. Là au moins, en faisant ça il pourrait certes t'insulter, mais pas te traiter de sale con comme ça. T'insiste donc et il finit par encore décliner avant de finalement te proposer une autre solution. Un cupcake, pourquoi pas après tout ? "Allons-y pour un cupcake alors." T'esquisse un petit sourire. Ce échange te fait quand même du bien, c'est pas grand chose, mais au moins pendant un temps, t'es centré sur autre chose que tes histoires de cœur et c'est clairement pas plus mal. "Vous avez une préférence pour le goût ?" Parce qu'une fois devant l'échoppe vous pourrez constater un vaste choix de cupcake au couleur et goût différent. Tu saisis la main qu'il te tend. "Yohan, enchanté." Une nouvelle rencontre, sans être certain que tu recroiseras cet homme une prochaine fois, mais bon, on ne sait jamais ce que l'avenir peut nous réserver et toi, tu ne craches jamais sur une nouvelle rencontre.

Je ne veux pas faire tout un fromage de cette histoire, mais je sens bien que l'homme en face de moi a besoin qu'on règle ce soucis et pour le régler, il faut obligatoirement qu'il m'offre quelque chose. J'opte pour le cupcake, parce que j'ai ce petit amour pour le sucré et que je n'ai pas tellement envie de boire à nouveau un café, surtout si je veux dormir ce soir. "Alors ça, ça va être un autre problème", que je dis en regardant le choix impressionnant de goûts qu'offre cette petite boutique devant laquelle nous nous sommes arrêtés. Mains serrées, il me dit qu'il s'appelle Yohan et je reporte mon attention sur la vitrine des petites douceurs sucrées que nous nous apprêtons de déguster. "Je vais partir sur un classique et prendre celui au chocolat", que je lui dis avant que nous n'entrions dans la boutique dans laquelle nous sommes salués par une serveuse. "Je détecte un petit accent New Yorkais, je me trompe ?", que je demande à l'homme, curieux.

Tu laisses entendre un rire quand il te confirme qu'il va galéré à choisir son cupcake. Au moins, t'es pas le seul à te retrouver dans l'indécision, sauf que pour lui, elle est de courte durée et clairement, tu pourrais te contenter de payer ta dette sans en prendre un, mais tu sens que cela pourrait le mettre mal à l'aise déjà que t'as un peu trop insisté... "Alors, ça sera un au chocolat et un autre au citron alors." Un saveur pas trop sucré et comme t'aimes bien le citron autant tenter celui-là. Tu rentres à sa suite dans la boutique, esquissant un mouvement de tête pour saluer la serveuse. "Possible, mais ça fait longtemps que j'en suis partit. Je vis sur Boston depuis 2002." Plus d'une vingtaine d'année au final, t'as donc passé plus de temps ici que dans ta ville natale... Ville ou tu retournes que très rarement. Mauvais souvenir, famille détruite. Tu ne rajoutes rien de plus te dirigeant simplement vers le comptoir, te questionnant quand même quel mot ou expression à pu te trahir. Tu ne regardes pas vraiment si il y a une table de disponible car vu la discussion vous n'allez probablement pas vous installer ici pour boire un thé ou autre en plus de déguster le cupcake, cependant quand la jeune femme demande si c'est pour manger ici ou à l'emporté tu te tournes vers l'homme attendant qu'il fasse le choix pour vous. Toi qu'il choisisse l'un ou l'autre ne te dérangera pas, mais peut-être que lui, il était pressé à la base, raison de son café prit à l'emporté ?