you only live once (zensy)

L'année scolaire se terminait et le bal de fin d'année était ce qui en sonnait le glas. Cette année, la soirée avait une saveur particulière parce que je ne pouvais m'empêcher de penser que d'ici quelques jours, nous allions nous quitter pour l'été. Peu de communication, aucun rendez-vous. Toi, en plein stage dans les îles et moi, à m'amuser lors du summer camp en Amérique latine. J'avais beau dire que j'étais contente pour toi - et c'était toujours vrai - maintenant que l'heure approchait, le stress me gagnait petit à petit. Je me demandais comment allait se profiler ces prochaines semaines, si on allait encore penser à l'un ou l'autre, si tout allait changer ou si... tout avait déjà changé ces dernières semaines. Prise d'une envie de solitude, j'en étais venue à voler une cigarette dans un paquet qui trainait sur l'une des tables avant de m'échapper à l'extérieur, au calme.

t'avais formé deux 'couples' à cette soirée. wilby et siloé, qui avaient l'air de plutôt bien s'entendre. et kaiden et nico qui se connaissaient déjà bien et qui passaient pas mal de temps ensemble ces dernières semaines. alors, évidemment, t'avais pas en tête de former de vrais couples. surtout concernant kaiden et nico puisse que celui ci était entrain de se remettre de sa rupture avec marla. mais en ce qui concerne wilby et siloé, t'avais plus d'espoir. siloé était le genre de meuf faite pour lui. pas comme l'ex de ce dernier par exemple. avec ta soeur, qui était également la meilleure amie de siloé, vous aviez l'espoir. même infime qu'il pourrait se passer quelque chose entre les deux. d'habitude, miss cupidon c'est elle. toi, t'es loin de tout ça. t'occuper des histoires d'amour des autres alors qu'il vaudrait mieux que tu t'occupes des tiennes. de la tienne, pour le coup. avec pansy, vous avez eu une période de creux. vous aviez du mal à vous comprendre et pourtant, ce que t'éprouves pour elle ne faiblit pas. vous avez juste vos priorités qui prennent le dessus sur votre histoire. toi, ton stage. t'as peut-être pas été le plsu doué avec elle ces derniers temps. mais ça c'est l'histoire de ta vie zed. t'espères que les deux mois loin de l'autre vous permettrons de faire un point  sur tout ça. bien que tu sais d'avance que t'auras l'esprit totalement ailleurs.  

t'abandonnes ton groupe de meilleurs potes, cherchant pansy une fois t'être rendu compte qu'elle s'était absentée depuis quelques longues minutes déjà. au début, tu penses qu'elle s'est rapprochée de la table de ses colocs et meilleurs potes. mais non. de ta table, tu te rends compte qu'ils sont tous là, sauf elle. t'essayes de l'appeler sur son téléphone, pas de réponse. puis une fois dehors, quelques minutes à chercher ici et là, tu l'aperçois, attrapant une cigarette dans un paquet qui trainait à ses côtés. ok, besoin de détente surement. ce soir, t'es monté sur piles limite. tu vas à droite à gauche, parle vite, est agité. et quand t'es comme ça, tu peux être tellement soulant. tu t'actives jusqu'à elle à grands pas et une fois le plus proche d'elle, tu viens pincer légèrement, d'un geste rapide sa taille comme t'as l'habitude de faire, puis viens embrasser tendrement sa joue ― un trop plein d'foule ? de... moi ? que tu la questionnes, léger sourire qui étire tes lippes, alors que tu te racles la gorge, haussant les sourcils. interrogateur.

Paquet de cigarettes volé au passage, l'une d'elles trouve mes lèvres la seconde suivante. Je n'étais pas éprise de mauvaises habitudes du genre, pourtant cela m'arrivait dans des moments d'anxiété et de réflexion intense. Ce soir, c'était une pause que je m'octroyais pour échapper à l'animation de la foule. Entre mon côté loup solitaire et les séquelles du concert, il m'arrivait de manquer d'air. Je sursaute doucement quand une main vient pincer gentiment mes côtes, geste affectif que toi seul à l'habitude de faire. Mon sourire apparait quand tu déposes un baiser sur ma joue, mais laisse place à une drôle de grimace quand tu me parles de mon ras le bol. _ Trop d'effervescence... Ce n'était pas toi, mais surtout un tout global. Mon regard s'échappe un instant, le temps de cracher la fumée dans une autre direction que la tienne. _ Ta valise est prête ?

pansy et la foule. ça fait généralement pas bon ménage. il faut dire que les événements des derniers mois n'ont pas aidé. bisou déposé sur sa joue, tu te places face à elle, petite moue aux lèvres quand elle parle de la raison de sa mise à l'écart ― j'comprends. nico non plus n'est pas super à l'aise. j'crois que personne ne l'est vraiment. et même toi, tu ne l'es pas vraiment. mais ce qui t'aides c'est d'être entouré de tes meilleurs potes et de pansy. tu viens te caler contre le mur, puis prends appui contre le rebord d'une des fenêtres de la salle ― non, mais je suis rapide. en général, je prend pas grand chose. puis j'achète plein de trucs sur place. t'as parlé longuement avec un des potes que tu t'étais fais là bas et apparemment, ton bungalow t'attend déjà. et c'est le même que t'avais il y a deux ans ― plus l'jour j approche, plus j'ai hâte. plus je trouve les jours loooongs. ça doit être pareil pour toi et le summer camp j'suppose ? parce qu'évidemment, tu vas bosser, mais faut pas oublier que tu seras sur une île paradisiaque.

_ Ouais, j'suppose. Après l'évènement du concert, c'était difficile d'être entourée d'une foule sans étouffer. Ce soir particulièrement, c'était d'autant plus délicat que la plupart des visages qui m'entouraient avaient été présent lors de l'effondrement. Inspirant sur la cigarette, je chassais ces pensées pour revenir à l'instant présent. Malheureusement, à chaque fois que mes yeux se posaient sur toi, une pointe de tristesse m'envahissait. D'ici quelques jours, tu allais partir et c'était arrivé plus rapidement que prévu. _ Tu pars avec le minimum ? Pas sûr que j'en serais capable. Ton aventure semblait plus dépaysante que la mienne. _ J'ai hâte oui. J'ai surtout envie de partir d'ici et de me changer les idées. J'ai envie de profiter au maximum. Après l'année qui venait de s'écouler, j'crois que c'était nécessaire. Je terminais ma cigarette avant de l'écraser dans ce qui semblait être un cendrier un peu plus loin avant de revenir me caler à tes côtés. _ Tu crois qu'on aura le temps de penser à nous ? Notre couple, j'entendais.

tu sentais qu'elle était tendue. elle venait même de le confirmer. et toi zed, tu parais si joyeux. si pressé que cette année se termine pour démarrer ton été. t'essayais de ne pas penser à la séparation. être deux mois loin de ta soeur, de ta copine de tes potes. dur. mais encore un fois, t'essayes de penser positif. faire l'autruche, c'est ce que tu fais à cet instant précis ― t'as raison. faut profiter ! on s'enverra des photos de toute manière. on essayera de rivaliser. qui a la plus belle vue depuis sa chambre d'hôtel ? t'essayes de la détendre, mais c'est un peu plus compliqué que tu l'aurais pensé. et quand elle pose cette question, question que toi te posais depuis des jours à toi même. sourire qui disparait peu à peu, l'agitation qui se fait de moins en moins présente, tu t'adosses contre le mur, remets les mains dans les poches de ta veste et hausses les épaules ― j-je .. ouais ? après on sera tellement prit que je sais pas en fin de compte. tu sais que tu seras pas des plus présents. ou alors, ce sera en décalé. tu te voiles surement la face ― je sais que les dernières semaines ont pas été supers simples entre nous en plus donc.. je me dis qu'en tout cas, ça nous aidera la distance. ou au contraire, ça détruira votre couple.

Dire que vous étiez les opposés n'était pas complètement faux. À nous voir depuis le début de la soirée, c'était deux salles, deux ambiances comme on dit. Tu avais toujours été plus à l'aise, plus extravertie quand moi j'étais dans la retenue avec mes émotions, pince-sans-rire. Je forçais même un sourire quand tu me parlais d'échanger des photos durant l'été quand tout semblait couler de source pour toi. J'allais limite me demander si je n'avais pas un problème pour être aussi... pessimiste ? _ On pourra faire ça, ouais. On pourra essayer du moins. Si tu es aussi peu présent que tu as dit que tu allais l'être, j'suppose que les vues de l'hôtel, tu m'en enverras pas tant que ça. Parce que dans tous ça, je commençais à vraiment me demander si on allait réussir à s'accorder et à penser à l'un ou à l'autre. J'crois que pendant deux mois, on allait être tellement pris, qu'on allait surtout penser à nous en tant que personne seule plutôt qu'à nous, le couple. Mes sourcils se dressent quand tu réalises au cours de ta phrase. Plus rien n'a l'air aussi simple dans ton regard. Peut-être que tu as raison, peut-être que la distance nous fera du bien. Peut-être que ça nous donnera un nouveau souffle et qu'à la rentrée, on aura beaucoup de choses à partager. Peut-être... _ Peut-être qu'une pause ça peut faire du bien.

c'est fou d'en arriver à se demander ça. alors oui, elle a surement pas tord. elle dit tout haut ce que tu pensais tout bas très certainement. t'hausses les épaules, puis sembles assez agité, passant d'une jambe à l'autre, t'adossant contre le mur, pour t'y décoller quelques secondes plus tard. tu te racles la gorge, penses, analyses et imagines ton été, ton stage, tout. t'aurais voulu éviter ça. mais pourtant, faut se rendre à l'évidence, elle a totalement raison. un peu plus d'un an de couple et vous pensiez déjà à faire une pause ? dur d'imaginer la suite quand même. et tu ne te décharges pas de toute responsabilité là dedans. tu sais que t'as pas été le mec idéal. ou du moins, celui qu'elle attendait que tu sois. bref, sur ce coup, t'allais pas la contredire ― une pause. ouais, carrément. ya aucune excitation dans ta manière d'le dire non. t'as pas envie de te lancer dans d'grand discours. elle a raison, t'es ok avec elle. qu'est ce que tu pourrais dire d'autre ? ― j'suis pas un adepte de break. pour moi, c'est soit on reste ensemble, soit c'est terminé. j'crois pas aux 'break'. mais sur ce coup, autant tester. je dis pas que ça marchera pas. t'es pas brisé, au contraire. t'es rassuré. rassuré de voir que vous êtes à peu près sur la même longueur d'onde. c'est pas forcement bon pour vous, mais au moins, personne ne souffre vraiment dans l'histoire.

Une pause. C'est la première chose qui me venait à l'esprit. Mon palpitant s'accélère quand les mots quittent ma bouche. Je n'étais pas dans cette optique quand on a franchi la porte de la salle de bal tous les deux, maintenant, quelques heures après le début, j'me dis que c'est peut-être la bonne chose à faire. Avec nos failles dans la communication ces derniers temps, j'me dis que de prendre des distances, du recule et de "s'oublier" un peu, ça n'allait peut-être pas nous faire de mal. Je restais stoïque pendant que tu t'agitais à mes côtés. Tu ne tenais pas à place, mal à l'aise avec la conversation bien qu't'aies l'air d'accord avec moi. J'ai jamais fait de pause de ma vie et ça doit se voir à mon visage que je n'y crois pas un seul instant. J'ai juste l'impression que c'est une façon de rompre en douceur. On se laisse croire qu'on reviendra l'un vers l'autre quand on sait qu'à la rentrée, on aura la tête ailleurs. Mes lèvres se pincent et aucun mot ne me vient à l'esprit pendant une longue minute. C'est seulement quand je me redresse et que j'te fais face que je m'anime à nouveau. _ J'sais pas trop quoi dire. Autant être honnête jusqu'au bout. _ J'suppose que j'ai plus qu'à te souhaiter un bel été, de bien profiter et de prendre soin de toi ? Mes épaules se dressent tandis que mon regard s'échappe vers les festivités. _ On pourra toujours s'envoyer quelques messages de temps en temps, mais on sera plus détendu chacun de son côté. Pas besoin de se stresser pour savoir si on a été assez présent ou non.

ok, encore une fois, le bal n'allait pas se terminer comme t'avais prévu. bon, vraiment, est ce que t'avais prévu que tout se termine bien ? pas vraiment. à chaque bal, il se passe un truc. deuxième bal où tu termines célibataire. une claque en moins dans la tronche. t'as trompé personne cette fois, on applaudi. c'pas si drôle que ça hein. elle sait pas quoi te dire et toi non plus. est ce que t'arrives vraiment à y croire ? tu réalises ce qui vient de se passer là ? ou c'est juste parce que c'est le bal et c'est censé se passer comme ça ? tu réaliseras surement plus tard; le contre-coup comme on dit. pour le moment, tu sembles détaché. acceptant juste ce qu'elle te proposes. au cas où si ça marche hein comme on dit. demain, ce sera autre chose surement. mais elle a l'air aussi détachée que toi, c'est surement pour ça que tu le prends aussi 'bien' ― donc, on se sépare sur ça ? maintenant ? la pause, ça commence là ? ok, vous partez mal pour le coup. mais soit. t'hausses les épaules finalement ― j'suppose que de toute manière tu seras mieux à aller avec tes amis. je t'ai imposé les miens, j'aurais pas du. et t'acquiesces en haussant les sourcils ― on fera ça oui. on s'fait la bise du coup ou ?