Wherever I go, I will always find. + Scona

Perce le silence, le bruit du moteur. Le contact de la moto finalement coupé, les deux silhouettes se confrontent au mutisme assourdissant des lieux. Seul le clapotis de l’eau du lac, se fait entendre. Sur son eau glacée, se reflète les derniers rayons de soleil. Domine la cabane. Chalet discret sans étage. Les volets fermés témoignent de son sommeil. Une fois descendu de l’engin, l’ombre se dirige vers la porte. Tire de sac, un jeu de clés. Insert le précieux sésame. Fait pénétrer dans la lumière. Plusieurs semaines s’étaient écoulées, avant qu’il se décide à y revenir. La dernière fois, il avait vécu reclus pendant quelques jours. Fait un peu de nettoyage. Débarrassant ainsi, les dernières traces de la présence de Julia. Elle qu’il avait fait venir ici. Avant Lena. « T’redoute pas de rester coincer avec moi ? » Qu’il lance, tout en ouvrant les volets. Dont ceux de la porte fenêtre. A présent, baigne une douce lueur. « T’sais, le mec sans humour. »

s’enfonce dans les bois, verdure dominante, ronronne le moteur sous les ombres des arbres. ceux qui voilent le ciel couleur de feu. le calme impose sa présence, égarés loin du monde, loin des autres. jambes encore engourdis par les tremblements du moteur, pose lè pieds au sol où les feuilles se craquellent. laisse les yeux découvrir une parcelle de ton intimité, s’abreuve de l’endroit encore inconnu. et j’suis tes pas jusqu’à cette porte ouverte, m’imprègne du lieux rustique. laisse glisser mes doigts le long du bois du mur, jusqu’à arriver près de toi. rayons chaleureux qui tracent une ligne colorée entre nous. - j’te l’ai dis.. t’as d’autres qualités qui sauront m’combler plus que des blagues. remplis de sens quand le regard devient aguicheur. la main quitte l’écorce pour venir se poser sur ton biceps, te force à te retourner pour me faire face. enrouler mes bras autour de ton cou sur la pointe des pieds. les opales qui s’enlise dans les tiens, muette le temps d’une poignée de secondes. - t’es surtout l’mec que j’aime scott guerin. tombent les mots sans les écorcher. la certitude qui habille le timbre de voix. embrasse tes pulpeuses, prends le temps de les savourer. - c’est toi l’gosse sur la photo à l’entrée avec une médaille autour du cou ? à demie moqueuse, perce l’enfance dont tu m’as à peine parlé.

Du coin de l’œil, il l’observe. Main sur le bois, elle suit une ligne invisible. Jusqu’à lui. « Du genre ? » Brillent ses émeraudes lorsqu’il se tourne vers elle. Il connait la réponse, mais veut l’entendre. Saisir les mots pour gonfler un égo déjà trop imposant. A lui, elle se hisse. Encercle son cou pour s’y accrocher. Presque automatiquement, l’homme passe ses bras autours de sa cambrure. L’homme qu’elle aime. Soubresaut dans le pulsant inerte. Ravivé par elle. Par tout ce qu’elle provoque en lui. « J’en ai d’la chance. » Electriques sont ses lippes. S’y attarde le brun. Savoure son étreinte. Elle qui fait naître une tornade dans sa tête. Toujours présent. Sans lassitude. Les pensées déjà en ébullition, elle l’est fait taire. Détourne la conversation par l’une des photos présentent dans les lieux. Sincèrement, il ne sait pas même pas comment elle a atterri ici. Peut-être que sa mère l’y avait déposé, un jour où elle avait trouvé le temps de venir le voir à Boston. « Ouais. » Se détache d’elle, une main. Vient nerveusement masser l’arrière de son crâne.

lippes qui se collent, qui se pincent. regard levé vers le ciel, fausse réflexion qui fige le visage. et les billes se rabattent sur toi, les doigts fins qui caressent ta nuque, s’écartent les uns des autres pour l’occuper entièrement. glisser leurs bouts dans tes cheveux ébènes, rapprocher mon corps contre le tient. se presser contre toi, laissant le geste donnait un avant goût de réponse. - j’te le dirais tout à l’heure.. expulse les mots en relâchant les pulpeuses dans un sourire malicieux. penche légèrement la tête sur le côté. - quand tu les utiliseras. parce que les pulsions ne s’éteignent jamais. que le désir ne s’apaise pas. qu’on finit toujours par se goûter, se dévorer, se posséder jusqu’à ne plus savoir se dissocier. hoche la tête, l’arrogance qui bat des cils en haussant les épaules. - t’es l’plus chanceux des hommes. la façon dont je t’aime, elle n’existe pas ailleurs. que dans mon coeur. que dans ces mêmes yeux qui s’affament sous ton regard. et peu importe l’nombre d’fois où t’as pu t’perdre, croire, espérer, imaginer.. nous c’était la seule chose de vraie. vibre le corps quand tes mains me prennent en otage. palpitant qui gronde, ne s’imagine pas vivre sans. j’fronce les sourcils quand tu t’éloignes, attrapant au vol ta main encore libre. - quoi ? t’as honte d’tes bouclettes soyeuses ? moqueuse quand je recule de quelques pas en arrière, t’entraînant avec moi jusqu’à la fameuse photo que j’attrape. relève plus haut, marque la différence du avant après. - il t’manquait une ou deux chicos mais au moins t’avais pas peur de sourire à l’époque !

Court circuit. Perdu dans l’étreinte. La sienne. Il en ressent déjà les effets, parce qu’elle le consume Lena. En permanence. « Et l’jour où tu m’aimeras plus ? J’serais l’plus malheureux, c’est ça ? » L’éclat amusé dans les pupilles, il prend ça à la rigolade, mais dans le fond, la question continue de flotter avec une certaine consistance. Quand elle partira, est-ce qu’il se sentira vide ? Mal ? Quelque part, il s’y conditionne déjà. Comme à chaque fois qu’il entame une relation. Il se prépare au saut. A celui qui mettra un terme à l’union, parce qu’il n’y a pas d’autre fin possible. Les relations sont toujours vouées à l’échec. Doctrine ancrée. Il s’en accommode Scott, mais maintenant qu’il vie ça avec elle, il se questionne.. S’il tiendra le choc ? Tire sa main. L’emmène vers le cadre. Moqueuse gamine dont la poigne s’empare du cadre. Lui enfant. Sourire joyeux, mais déjà l’amer déception d’un père. « Donne-moi ça. » Le sourire habille ses lippes. Il tente de reprendre l’objet pour finalement devoir se retrouver à la plaquer contre le mur de bois. Un genou entre ses cuisses, il l’immobilise. Reprend le passé dont elle s’est saisie. « J’étais grave beau gosse avec mes bouclettes. Y a pas à être jalouse comme ça. »

- il existe pas.. ce jour. murmures naïfs. préfère me perdre dans un rêve coloré qu’une lucidité terne. pas envie d’imaginer de fin, de point final. pas envie de croire qu’il y en aura d’autres après nous. pas maintenant, pas après cette année à se chercher sans vraiment se trouver. la vie idyllique qui traverse l’esprit, là, ancrée dans tes billes. je nous imagine putain d’heureux. imagine même tes yeux, ton nez, sur le visage d’notre fille. parce qu’il ne peut pas y avoir un autre que toi. tant pis si j’y crois dans l’vent. brille les azurs, joueuse, gamine qui fond en éclat de rire quand tu tentes de récupérer le cadre. celui que je plaque contre la poitrine pour t’en empêcher. chamailleries qui durent quelques secondes avant de me retrouver contre l’écorce. bloquée par ton ombre. le souffle court, une mèche de cheveux qui s’envole de mes lippes. les doigts qui relâchent lentement le cadre pour te le laisser. fixe les détails de la photo, alterne avec ton visage. lignes parfaites. laisse les brèches faire vivre ton regard à moitié fissuré. - j’crois que j’serais tombée amoureuse à cette époque là aussi.. fin sourire marque les lippes.

Il existe pas. Alors pourquoi est-ce qu’il a cette impression ? Semblable à une lourdeur. Elle pèse dans sa poitrine. Bientôt remplacé par le présent. Mis de côté. Corps emmêlés. Unie contre le bois. Il l’emprisonne de sa présence. Retrouve la proximité familière. Elle l’enflamme. Le souffle devenu presque tangible, s’immisce difficilement en lui. Expiration. Perceptible à son oreille. Pulpeuses entrouvertes, laisse échapper le soupire. Elle le remplie. Se lie à sa respiration à lui. Les azurs de la brune oscillent entre le cadre et lui. Il se demande alors, ce qui lui passe par l’esprit. Révélation. Pulsant touché. Presque douloureusement. La sensation le happe. Touche des recoins de sa tête. Bouche silencieuse. Aucun son ne s’en délivre. A la place, c’est son cœur qui parle. S’emballe si fort qu’il semble l’entendre.

dans notre bulle, aucune envie de penser aux conséquences. aux dégâts que notre amour pourrait engendrer. à ce qu’il a déjà gâché. accrochée à tes billes sombres, aux fines lignes de tes lèvres. à mes doigts qui pressent ta peau. qui aurait presque envie d’en garder un morceau, pour les jours plus sombres. silencieux. toi qui ne m’a jamais habitué à ça. toi qui trouve toujours le moyen de remettre en cause, de douter, de prendre les aveux à la dérision. je le sens, ce coeur qui se noue dans ta poitrine. je le vois, ce voile protecteur qui vient s’effriter dans tes pupilles. juste toi. à nue. à moi. presque dans ton entièreté. ça me noue l’estomac.