« Madame, un dernier effort, nous y sommes presque ! » Gaëlle était sur le point de finir le dur travail qu’elle avait commencé. Elle allait enfin donner la vie à son petit garçon. Cette maman était à peine âgée de 19 ans, un pur accident ? Pas vraiment, depuis qu’elle avait 14 ans, on lui avait dit qu’elle épouserait un certain Clay Storm, un jeune homme de 25 ans. Il avait 6 ans de plus qu’elle et faisait parti de la bonne société. C’était un bon parti, et elle devait se marier avec lui pour assurer la longévité de sa famille. Une épreuve trop difficile pour une gamine de 14 ans. Son mariage avait eu lieu l’année dernière, tout était dans les règles, elle ne risquait rien ! Elle poussa une dernière fois, en criant une dernière fois. Fermant les yeux, elle entendit les cris de son petit garçon. Elle eut un grand sourire qui se dessina sur ses lèvres. Elle le saisit dans ses bras et déposa ses lèvres sur sa peau mate.
« Mon petit ange, mon tout petit bébé ! » Aussitôt, on lui enleva son enfant, les larmes aux yeux, elle dut le laisser partir, elle se retrouva seule dans cette grande chambre d’hôpital, sa mère était en Ecosse, et son mari devait être encore au bureau, elle avait accouché toute seule. Ce n’était que le début de sa triste vie, elle allait devoir supporter de vivre sous les projecteurs, et d’être toute seule. Mais la venue au monde d'Adriel la soulageait, elle n’allait plus être seule désormais, son fils allait l’accompagner.
Voilà deux jours que l’accouchement avait eu lieu, Gaëlle était désormais avec son mari Clay, qui examinait sous tous les angles son rejeton. Un sourire de fierté vient épouser ses lèvres, il avait pleins de projets pour son tendre petit garçon. Il n’avait pas à se faire de soucis pour sa descendance, du moins c’est ce qu’il pensait. Un homme en blouse blanche rentra dans la chambre des deux parents, un calepin à la main.
« Monsieur et Madame Storm, je suis le docteur Smith, je viens vous apporter les analyses de votre fils. Sans vous le cacher, nous avons trouvé une anomalie chez lui. Votre fils est atteint d’une maladie pulmonaire, qui est héréditaire. Il souffre de mucoviscidose.. C’est une maladie très courante dans les pays du nord. Mais cette maladie condamne sans aucun doute votre fils… Je vais vous laisser ranger vos affaires et regagner votre domicile. Adriel devra revenir pour effectuer quelques examens. » Le médecin finit par quitter la chambre des deux époux. Gaëlle fit une grimace en voyant son fils, il avait attrapé sa maladie. Elle resserra les plis de sa robe, comme prise de honte. Clay ne connaissait rien de cette histoire, il regarda étrangement son fils et le replaça dans son berceau comme si de rien n’était. Ce n’était pas ce qui allait l’empêcher de faire ce qu’il voulait de son fils.
Aujourd’hui c’était l’anniversaire du petit Adriel ! Tout le monde avait prévu une grande cérémonie au manoir familial. Ce dernier devait revenir de l’hôpital, il avait effectué ses examens annuels et les médecins avaient été clairs, il n’arriverait pas à passer ses 20 ans, et ses 20 ans risquaient d’être sa dernière année. Assis dans la voiture, contre sa mère, il avait les yeux fermés sa mère le serrait dans ses bras pendant que le conducteur les ramenait. Elle avait les larmes aux yeux, elle avait eu la chance de vivre plus longtemps que lui, et avait peur de perdre son fils. Caressant ses cheveux, elle ressentait toute l’amertume la caressait, maintenant elle devait le protéger, elle devait l’aider du mieux qu’elle pouvait. Arrivant à l’endroit destiné, Adriel finit par se réveiller, malgré sa maladie, il avait l’énergie d’un petit garçon de son âge. Sa mère n’eut pas le temps de sortir de la voiture, qu’il partit dans sa chambre pour se changer. Il devait être en costume –ordre de son père, encore une fois-. Sa mère finit par descendre de la voiture et rejoignit son mari.
« Happy birthday mon amour! » Elle embrassa son fils sur le front, il avait aujourd’hui 8 ans. Ce dernier ne pensait qu’à une chose ouvrir ses cadeaux, et il fallait reconnaître que les réceptions chez les Storm étaient toutes plus belles les unes que les autres. Après la fête, Gaëlle se retrouva dans sa chambre avec Clay, elle devait lui raconter ce qu’il s’était passé chez les médecins. Malheureusement, une oreille trop chaste était en train d’écouter derrière la porte, Adriel eut les larmes aux yeux sans trop comprendre, il claqua la porte conte le mur et rentra comme une furie.
« C’est vrai maman ? Je vais mourir à 20 ans ? » Sa mère fut surprise, et ne put répondre . Elle s’assit maladroitement sur le bord du lit en regardant son fils étonné. Clay prit la revanche, il se mit devant son fils, à sa hauteur.
« Adriel, tu as une maladie très rare, et assez mortelle. Donc pour répondre à ta question, oui tu risques de mourir à 20 ans, comme tu risques de mourir demain ou à 40 ans, alors ne commence pas avec ce genre de questions stupides ! Tu auras d’autres projets, tu devras reprendre mes arrières, et aller à Oxford comme ton grand-père et moi, alors s’il te plait, retourne dans ta chambre ! » Adriel partit en boudant, les larmes aux yeux. Il détestait son père, et ce depuis tout petit, ce dernier ne cessait de mal lui parler et de prévoir des choses pour son dernier alors qu’il n’avait que 8 ans. Ce qu’il détestait le plus, c’est que son père n’était jamais là pour lui, mais il était toujours dur avec lui, l’humiliant ou le traitant comme un moins que rien sous les yeux de sa mère, mais cette dernière ne faisait rien de plus que d’écouter la scène, elle n’intervenait jamais pour prendre la défense de son fils, jamais, elle n’avait haussé la voix, sur son père et encore moins sur lui.
« Je vais chez Darius, Emilie, vous ne manquerez pas de le signaler à ma mère, je reviens ce soir vers 21h, ne m’attendez pas pour manger » Aller chez Darius, voulait dire qu’il allait apprendre la danse, et oui depuis qu’il était tout petit son père avait toujours envahi sa vie. Il avait toujours voulu qu’il apprenne les arts de la table, bien se tenir en communauté, et la danse. Au fur et à mesure, Adriel était devenu un véritable gentleman. Il était beau, riche, charmant et il devait intégrer Oxford à ses 18 ans. Malheureusement, Darius était un ami de son lycée, et les deux n’allaient pas s’amuser à danser avec leur cavalière respective pour le bal blanc, cette cérémonie où toutes les bonnes jeunes filles munies de leur cavalier devait se présenter pour faire leur rentrer dans la société. Tous les deux n’avaient pas la moindre envie de s’entraîner à danser la valse, le tango… Adriel suivait ce genre de danse depuis son plus jeune âge, il en avait fini de tout cela. Il retrouva son ami, dans un parc. C’était l’heure de consommer, son jeune ami sortit un sachet d’herbes magiques que le jeune homme avait l’habitude de consommer en cachette pour ne pas que ses parents s’en rendent compte. Son père risquait de le tuer mais il s’en fichait. Par contre, sa mère risquait de faire une crise cardiaque, elle avait tendance à protéger son petit fils. Elle n’était pas au courant des sorties en douce de son fils la nuit, elle ne savait pas qu’il côtoyait la bonne et mauvaise société en se droguant et en buvant. Adriel avait depuis longtemps décidé de vivre sa vie pour lui. Il savait qu’il était condamné et il ne voulait pas attendre seul et voir sa vie lui défiler sous les yeux. Ça craignait, il voulait voyager, faire ce qu’il voulait… Mais non ! Tout chez lui était décidé et il n’avait pas le choix, ses études étaient programmées et son avenir tracé. Ces seuls moments étaient ceux-là, ceux de détente, et il faisait n’importe quoi pour oublier sa maladie.
En rentrant chez lui le soir, il vit une ambulance. Complètement sous l’effet de la drogue qu’il avait consommé, il mit du temps à réagir, mais il vit un brancard sortir de chez lui. Courant de toutes ses forces, il se jeta sur l’épais plastique que les blouses blanches étaient en train de refermer. Les poussant au passage, il trouva le visage de sa mère clos. Elle qui avait un visage angélique, recouvert d’une poudre blanche et d’un rouge à lèvre rouge, elle était maintenant froide. Elle n’était plus la même, son visage était plus froid que d’habitude, et avait un incroyable teint blafard. Il tenta de la prendre dans ses bras, de sentir une dernière fois son parfum, mais il ne put. Une étreinte trop forte l’avait pris sur le fait et elle l’empêchait d’accéder au corps de sa mère qui s’éloignait. Pleurant à chaudes larmes, Adriel se débattu et la personne la relâcha quand le corps fut transporté dans l’ambulance. Il se retourna et vit son père. Un éclair de rage traversa ses yeux, il venait de descendre encore plus dans son estime.
« Comment as-tu pu ? Comment as-tu pu la laisser partir sans que je lui dise au revoir ?! ». Son père croisa le bras, il ne supportait pas d’avoir à faire à un gamin. Adriel avait l’âge de comprendre, d’agir en adulte, et encore une fois, il agissait comme un enfant. Mais on peut se demander si son père n’attendait pas trop de choses de lui. Il se mit à soupirer
« Tu es assez grand Adriel ! Ta mère est morte, tu ne vas pas en faire tout un drame ! Respecte un peu sa mort, et n’agis plus comme un enfant. Tu deviens un homme, agis comme tel pour une fois ! ». Il finit par rentrer, laissant son fils derrière lui. Ce dernier s’assit sur les marches du manoir, en effleurant le pendentif que sa mère lui avait offert. Il finit par apprendre que sa mère était morte de la mucoviscidose, sa maladie s’était aggravée.
Cela faisait trois ans que la mère de Adriel était morte et beaucoup de choses avaient changé au sein de la famille. Adriel venait de sortir d’une longue soirée arrosée en alcool. C’était devenu son quotidien, il ne faisait plus attention qu’à cela, sortir était devenu sa façon de décompresser, de gérer son manque affectif. Rentrant dans l’immense manoir, son père l’attendait d’un pied ferme dans son bureau. Fermant la porte, la jeune femme qui servait la famille vint voir le jeune prodige pour l’informer de passer dans le bureau de son père. Ce dernier s’exécuta. Sans plus attendre, il atterrit dans le bureau de son père, décoiffé et surtout sentant le whisky malte à des kilomètres. Offrant un sourire narquois à son père, ce dernier garda tout de même son calme.
« Tu trouves que c’est une heure convenable pour rentrer ? » Adriel oublia presque ses bonnes manières et alla s’assoir en face de son père, comme un client qui attendait de négocier. Ce dernier passa sa main dans ses cheveux pour se ressaisir.
« Ben quoi ?! Vous pensez sérieusement que je vais passer toutes mes soirées ici, à vivre comme un ermite ? » Son père lui fit un grand sourire et lui plaça une pile de livres devant lui.
« N’aurais-tu pas oublié que tu passes ton examen de fin d’année ? Tu crois sérieusement que je vais dépenser des milliers d’euros pour un raté, incapable de se tenir, sans rentrer soul ? Tu rêves mon fils ! ». Ce dernier perdit son calme, voilà trop longtemps qu’il gardait sa haine au fond de lui. Cela devenait insupportable de se confronter à son père sans lui dire ce qu’il ressentait. Mais là il n’en pouvait plus.
« Je suis désolé ! Je ne suis pas comme vous ! Je ne me tape pas des nanas plus jeunes que moi car je suis stressé par mon fils ou même ma vie ! Lâchez-moi ! Cela fait trois ans que mère est morte et vous ne comptez rien faire ! Peut-être vous sauter une autre fille, vous n’avez donc aucun respect pour votre femme. Vous ne l’avez jamais méritée, elle était trop bonne pour vous. Vous pouvez tout avoir, la richesse, la grandeur et le sang noble, au fond de vous, vous êtes un raté père ! Je ne vais pas m’empêcher de vivre pour vous, soyez en sûr ! » Et ce fut une énième dispute entre le père et le fils, ce dernier claqua la porte en partant les larmes aux yeux. Il n’en pouvait plus de cette vie, de vivre sous d’horribles conditions et de surtout devoir respecter un homme incapable de se gérer ! A la nuit tombée, comme tout petit fils de riche qui ne respecte pas son père, ce dernier fit le mur et partit sur la tombe de sa mère. Il resta assis un petit moment, il commença à discuter avec elle, et à manger le gâteau qu’il avait apporté pour fêter sa mort. Il savait qu’elle ne voulait pas qu’il déprime. Il marchait la tête haute pour l’impressionner et lui faire plaisir, car oui elle était la seule femme qu’il aimait et qu’il respectait.
« Saviez-vous que mon fils est à Oxford ? C’est une grande fierté pour nous. » Une nouvelle cérémonie, un nouveau cotillon, c’était toujours les mêmes fêtes absurdes, où Adriel devait suivre son père comme un toutou. Assis à une table avec une coupe de champagne, il venait de finir son année à Oxford, un air pensif, il n’avait pas envie de continuer à vivre à Londres. Ici, il y avait tous ses souvenirs, toutes ses peines. Il ne pouvait continuer ici, tout le monde savait qui il était, on le prenait à cause du nom de son fils et de son pouvoir en Angleterre. Il avait besoin d’air, de mener sa propre vie. Son père se rapprocha de lui, accompagné d’un ambassadeur et de sa nouvelle compagne. Et oui, son père avait épousé une jeune femme Russe, héritière d’un grand empire de cristaux. Une pure merveille ! Ils s’avancèrent vers lui, un grand sourire aux lèvres. Adriel entretenu une vague discussion, seulement par politesse. Il s’excusa auprès d’eux, inventant une excuse pour partir de cette soirée, il retrouva ici, une jeune femme brune, du nom d’Enaëlle, une jeune femme qu’il ne connaissait pas.
« Dis t’as pas une cigarette ? » Le jeune homme se rapprocha d’elle, un grand sourire charmeur aux lèvres.
« Depuis quand une jeune femme de bonne condition fume-t-elle ? » Avec un grand sourire, elle se rapprocha encore plus près d’elle.
« Dis-moi tu es de la police ? » Ce dernier s’exécuta et lui offrit une cigarette pour s’excuser. Il était tombé sous son charme. Les deux jeunes partirent en ville pour faire la fête. Ce fut une nuit très agitée, entre boissons alcoolisée, les cigarettes qu’ils ne cessaient de fumer et les cris de joie et de liberté. Cette nuit se termina dans un palace, au paiement du jeune homme bien entendu. Cette nuit se termina dans un complexe de corps à corps, où la chaleur et les mouvements s’entremêlèrent. Ils formèrent un sous les draps et durant toute la nuit, cette expérience se répéta. Mais au petit jour, le jeune homme fut réveillé par les rayons du soleil, en tâtant à ses côtés, la jeune femme avait disparu. Le jeune homme bondit sur le lit, et comprit rapidement qu’elle était partie sans rien dire. Une amertume le rendit amer, il soupira fortement, étant agacé par cette situation. Ce fut à ce moment-là que le jeune homme se mit à détester les femmes.
Le jeune homme venait de rentrer chez lui pour les vacances d’hiver, il avait eu une grande discussion avec son père. Il voulait quitter Oxford et intégrer Harvard. Pour cela, il devait partir en Amérique, et quitter l’Angleterre, son père était contre –bien sûr-, mais il se fichait pas mal des conséquences. Adriel avait décidé de partir pour vivre son rêve devenir médecin, et vivre dans un monde où il ne serait pas contrôlé. Mais il parlait un peu trop vite. Son père refusait qu’il abandonne ses études de droit, le jeune homme était contraint de le prendre en mineur, et en majeur médecine. Deux matières compliquées et très longues. Mais avec cela il était sûr de réaliser son rêve, du moins de vivre ce qui lui restait à vivre. Ce fut avec un grand sourire que le jeune homme débarrassa sa grande chambre, il allait pouvoir intégrer Harvard et partir loin de son Angleterre natale, le voyage pouvait enfin commencer