Sergueï A.Y Makarov ► Douglas Booth

Mon histoire commence un 14 mai 1992, il y a de cela 21 ans. Le début de ma vie ressemble énormément à la suite de celle-ci. En effet, dès le début, je me suis rebellé. J'étais prévu pour la fin mai. Et c'était avec deux semaines d'avance que ma mère avait ressenti les contractions synonyme de ma venue. Elle avait été paniquée, ne s'y attendant pas du tout. Tout était pourtant déjà préparé pour ma venue. Ma chambre avait été amenagée, mes habits achetés en grand nombre et mes prénoms soigneusement choisis. Tout était fin prêt. Mais le fait d'arriver plus tôt que la date faisait quand même peur à ma mère. En effet, elle était de celle qui pensait que je ne serais pas en bonne santé car prématuré. Et elle avait versé quelques larmes, qu'elle avait partagée avec notre chauffeur. Car mon père n'était pas là. Cette semaine, il était en rendez-vous d'affaire dans un de ses nombreux hôtels de luxe, quelque part sur le globe. Il aurait aimé être là. Ne fut-ce que pour rassurer sa femme. Car même si il ne l'avait pas choisie, même si elle lui avait été imposée par sa famille, l'homme d'affaires avait quand même une profonde affection pour celle qui était devenue sa femme. Et puis il y avait le petit Dmitri, alors âgé de deux ans. Rien qu'à l'idée d'avoir une nouvelle tête dans la famille, il en était devenu beaucoup plus capricieux. Etre fils unique lui convenait. Il ne voulait pas d'un petit frère. C'est dans cette atmosphère que je suis né. Un peu plus petit que la moyenne. Un peu plus mince aussi. Mais en parfaite santé. Mes premières années de vie se déroulèrent normalement. Enfin, normalement c'est une façon de parler. Alors que mon père parcourait le monde afin de faire tourner ses hôtels, ma mère l'accompagnant, Dmitri et moi étions élevé par une nourrice. C'était un peu elle qui se chargeait de nous éduquer, de nous donner tout l'amour qu'on réclamait. C'est donc à elle que je délivrais mon premier mot: maman. Car après tout, cette femme n'était peut-être pas ma mère mais c'était celle qui se rapprochait le plus de ce rôle. Ce jour-là, manque de chance, ma mère était là. Elle avait freiné ses voyages car elle était de nouveau enceinte. Elle avait semblé triste, lointaine. Mais elle n'aurait pas du s'étonner. Elle était si peu présente pour nous qu'elle ne pouvait pas dire qu'elle nous connaissait vraiment. J'avais deux ans quand Aksana vit le jour. Dmitri devint encore infernal. Moi j'étais plutôt impatient. Heureux d'avoir une petite soeur. Dès le début, je devins le grand frère protecteur. En fait, il n'y a que ça qui n'a pas changé dans ma vie. Les relations avec les membres de ma famille. En effet, je suis toujours très souvent en froid avec Dmitri. On est tellement différent. On pourrait penser que tout nous oppose. Et avec Aksana, je suis toujours surprotecteur, tactile et taquin. Ma soeur, on y touche pas sous peine d'avoir à faire à moi. Nous sommes donc complice elle et moi. Mais je m'égare. Pour revenir à mon enfance. Elle fut assez paisible. Quand j'entrais en âge d'apprendre à lire, j'eu le droit à un professeur particulier. Très vite, je me révélais être un petit garçon appliqué, curieux et bon élève. Tout le contraire de Dmitri qui avait fait pousser quelques cheveux blancs à ce même instituteur. J'étais donc très intelligent mais très peu sociable puisque je ne sortais pour ainsi dire jamais du domaine familial. Sauf quand mes parents acceptaient de nous emmener en voyage. Pour des vacances. Enfin, c'était surtout pour affaires mais ça on préférait se taire et ne pas en parler. A 8 ans, ma santé se fragilisa. Je commençais à faire des crises d'asthme, à être allergique à la poussière. Ma vue baissa aussi. On me diagnostiqua myope et je me retrouvais affublé d'affreuses lunettes. Pendant ce même temps, je commençais les cours de solfège. Très vite, la guitare se révéla être mon instrument préféré. J'étais doué. Un peu comme tout ce que je touchais. Pourtant, malgré ce fait, mes parents semblaient toujours privilégié Dmitri. Lui ne leur causait aucun souci de santé. Et puis, c'était l'aîné, il semblait être le meilleur dans tout et à chaque bêtise qu'il faisait, c'était moi qui payait. Je vivais donc dans l'ombre de ce frère soit disant parfait et à la santé d'acier. Encore heureux que notre nourrice ne faisait aucune différence elle. J'entrais donc au collège. Attention pas n'importe quel collège. Un privé. Le plus réputé de Saint-Pétersbourg. J'eu un peu de mal à me sociabiliser et je restais donc très souvent en retrait. On me prenait pour l'intello timide, ou encore le doux rêveur. Et je passais mes années sans aucun souci. Vint les années lycées. Et mon première amour d'adolescent. J'avais 16 ans et c'était les vacances scolaires. J'avais eu le droit de passer les deux mois dans un des hôtels de la chaîne. Le soleil, la plage et les cocotiers. Elle venait pour des vacances aussi. On s'était tout de suite bien entendu. Elle l'anglaise et moi le russe. Une histoire impossible? Peut-être. Mais nous on y croyait. A la fin des vacances, on avait décidé de rester en contact. J'étais accro à cette fille. Notre histoire à distance dura deux ans. On se voyait pendant les vacances. Avec l'argent on pouvait facilement réduire une distance. Jusqu'au jour où elle ne donna plus signe de vie. Elle avait changé de numéro de téléphone. Je n'avais pas compris pourquoi. Je venais de fêter des 18 ans et j'avais le coeur brisé. Et toujours un peu rebelle. C'est dans cet esprit de rebelion que je m'étais fait tatoué dans le bas du dos. Mes parents étaient contre ce genre de choses, cela nuisait à la bonne image qu'on devait renvoyer. Celle d'une famille parfaite. Mes parents voulant reprendre les commandes de ma vie, ils m'inscrivirent à Harvard. Et non en Russie. Harvard jouissait d'une excellente réputation et puis mon père était plus souvent sur le sol américain que sur le russe. Il pourrait donc me surveiller plus facilement. Tout comme il le faisait déjà avec Dmitri et tout comme il le ferait avec Aksana. Le sujet de mon orientation posa problème. Je ne pouvais pas m'engager dans n'importe quel domaine. J'avais un rang à tenir. Alors que Dmitri était censé reprendre l'entreprise familiale, j'avais quand même un plus grand choix que lui. Un choix contrôlé par mon père.Il fut convenu que j'étudierai la médecine. Mais au moment de rendre les papiers d'inscription, j'avais changé le domaine d'études. J'avais choisi le journalisme, pour satisfaire à ma très grande curiosité. Et je n'en avais rien dit à ma famille. Je savais qu'ils seraient contre. Et je n'avais pas envie de me justifier ni de devoir couper les ponts avec eux. Mon père me finançait donc, croyant que j'allais devenir un brillant médecin. La médecine, c'était d'ailleurs la voie que ma soeur avait choisie aussi. Mais elle cela lui convenait parfaitement. Je mentais donc avec aplomb à ma famille. La seule qui savait mon secret était Aksana. Je pensais bien m'en sortir jusqu'à ce mois d'avril. C'était les vacances scolaires et j'étais retourné en Russie. Mes parents avaient fait exprès de prendre quelques jours de congé et je croyais à un miracle, venant de leur part. Au final, ce n'en était pas un. Ils ne faisaient jamais rien pour rien. Lors d'un dîner, une jeune demoiselle me fut présentée. Elle était venue chez nous avec ses parents pour célébrer nos fiançailles. J'avais failli m'étouffer dans mon champagne quand je l'avais compris. J'étais parfaitement contre mais je n'en avais ps eu le choix. Je revenais donc à Harvard, fiancé contre mon gré. Et j'étais bien décidé à ne le révéler à personne. J'allais profiter de ma vie. Comme j'avais l'habitude de le faire.