fucking junkie • les chamallow

Est-ce que j’en étais seulement capable de tout arrêter comme ça ? Quatre années où ma vie ne se résumais qu’à très peu de chose : voler pour survivre, voler pour rester en vie, chercher l’adrénaline à tous les coins de rue, puis les cachets, la poudre blanche, les joints, tout ce qui pouvais me faire planer, tout ce qui pouvais me faire oublier la douleur, la solitude. Un mode de vie destructeur, mais que j’avais finis par apprécier beaucoup trop. J’avais eu du mal à m’adapter en arrivant à Boston à tous ses changements, un toit, un travail, une famille qui s’intéressais à moi et mes amis, mon meilleur ami que je pouvais vois aussi souvent que je voulais, j’ai été perdus, mais personne ne le comprenait, je n’étais même pas sûr que je l’avais même exprimé à quelqu’un tellement j’avais honte. Pourtant, j’avais fini par m’y faire à prendre un virage à 180 degrés, à suivre des règles que je n’avais jamais connus ou en tout cas oublier. Peut-être que je l’étais, peut être que pour toutes ses personnes je devrais mettre toute ses substances illicites de côté. Pour le coup je ne pensais pas à moi, pas à ma douleur, c'est à cette homme-là en face de moi, à sa confiance que j’avais perdu sans doute définitivement. Pourtant je voyais dans son regard, dans son comportement à quel point il était perturbé, hésité entre m’en vouloir et rester là, parce qu’au fond nous n’avions pas posé de mot sur notre relation, mais elle existait bel et bien. Les cadeaux que j’avais spécialement choisis pour lui, là encore je le vois partagé entre la joie et le doute. Comme si je ne pouvais pas faire les choses correctement, il m’a fallu voir sa douleur, supporter la mienne pour m’avouer que oui je le voulais. J’ignore si c’est le bon moment, peut-être pas vraiment, certainement qu’il va prendre mes mots de travers. Je vais ramer je le sais. Ses lèvres de nouveaux sur les miennes, ses mains qui glissent sous mon t shirt me coupe la respiration, moment hors du temps jusqu’à entendre ses mots, brisant un peu plus mon cœur. Je lève le regard sur lui, j’ai envie de lui dire non que je ne peux pas, que je ne veux pas le laisser, mais je sens que c’est important à ce moment-là. Je hoche la tête, me décollant de lui “D’accord” voix brisé, je remets ma capuche et commence à m’éloigner, un instant je m'arrête, me retourne le regarde “Carlos je...” les larmes sont toujours là, je me ravise “Fais attention à toi stp” et cette fois je pars vraiment, vagabonder dans les rues comme si plus rien, ni personne ne m’attendais.