1999 : 15 ans.
Je commence mon histoire à cet âge car le reste ne compte pas, ce n'est que balivernes et foutaises qui n'intéressent personne. Tout le monde se fiche profondément de l'enfance, des joies de la famille et tout autre chose, ce ne sont que des détails dans une vie, ce n'est que le début et c'est basique. Je suis loin d'être une personne basique c'est pour cela que parler d'une partie de ma vie qui ressemble à beaucoup d'autres, c'est inutile. Je ne veux pas vous embarrasser avec de telles sottises donc, je ne veux pas perdre mon temps, je veux aller droit au but voilà tout. 15 ans, le temps de la gloire, l'adolescence, le début de la vraie vie. Je découvrais l'alcool, les femmes et les plaisirs de la vie. C'est vraiment à l'adolescence que tout change, le monde change avec nous et nous découvrons un nouvel angle sur notre vie, un angle encore inconnu mais qui à présent nous semble tellement irrésistible, nous fonçons tête la première sans même réfléchir, oui c'est bien l'adolescence. Outre les boutons auxquels j'ai échappé de toute évidence, des points noirs en abondance, des premières érections, et de l'émancipation qui se fait, on construit notre vie et celle-ci déprendra pour toujours de cette partie de notre vie. Je mettais de côté mes études afin de commencer à vivre après une éducation catholique qui m'avait occupé trop longtemps, il était temps pour moi de sortir du jupon de ma mère (quoique très absente, elle était durant mon enfante un repère malgré tout, une mère reste une mère même si elle vous délaisse pour une bouteille) et d'affirmer ma manière de vivre. Je devais faire ressortir ma personnalité, montrer qui j'étais réellement au fond de moi, je venais donc de divorcer avec le gentil Spencer et c'était tant mieux. J'avais gardé en moi durant tant d'années ma réelle personnalité, une personne au fort caractère, une personne qui savait ce qu'elle voulait, une personne déterminée. Mon assurance était sans équivalence et je gagnais en popularité au fil des années pour finalement finir le roi du Lycée. Cela peut être cliché comme ça, c'est même très cliché mais c'était ce que j'étais. Lorsque je poussais la porte du lycée, sac sur le dos, quelques bouquins dans une main, lunettes sur le nez et clope dans mon autre main (je n'avais que faire du proviseur et de son interdiction de fumer dans le lycée, il n'osait même plus me réprimander) toutes les filles se tournaient et commençaient à piailler en me voyant. J'amusais la galerie d'une manière fascinante, j'étais devenu un symbole pour les élèves de ma petite école en Louisiane. La Louisiane sera toujours pour moi le meilleur Etat des Etats-Unis, les gens sont sympathiques, le climat idéal malgré l'humidité ambiante et c'est là d'où je viens. Pour en revenir au lycée, mon royaume, je jouais avec toutes les personnes qui s'y trouvaient, j'étais un vrai gamin, c'est indéniable. Malheureusement, personne ne venait me refuser mes petits caprices, chaque soir une nouvelle fille se trouvait dans mon lit sans que mes parents le réalisent. Mère alcoolique et père absent ont des conséquences parfois agréables sur le moment mais regrettables pour le futur, bien heureusement, si ce n'est un gout amer d'immaturité, je ne garde rien de ces folles années, peut-être de l'expérience mais voilà tout. J'apprenais la guitare au bord de ma maison, ah j'habitais une véritable maison de Louisiane. Il avait ce beau balcon tout autour qui me servait d'échappatoire lorsque la maison était trop bruyante, la vie de fraternité n'était pas mon idéal et je préférais aux jouets et engueulades la douceur du vent et le charme du silence. Dans ce silence venait se mêler mes notes de guitare, peu confortable pour mon oreille au début, avec de l'entrainement je devenais un expert de l'instrument et je commençais à perdre des journées à jouer. Le lycée était une distraction, mais surtout un alibi pour faire ma vie tranquille sans être atteint. Mon esprit avait la capacité de marier deux personnalités qui au fond s'accommodaient l'une de l'autre sans rien dire. Je grandissais, me forgeais une personnalité tout en gardant d'excellents résultats afin de partir de ma domicile familial. Attachant sans être sentimental, j'aimais ma famille sans vraiment le montrer, plus un fardeau qu'autre chose, je faisais avec. Ma mère était certes une alcoolique de première, elle avait grand coeur et essayait durant ses deux heures de sobriété de satisfaire ses enfants, sans réel retour affectif. Mon père me fait de la peine, il essayait de combler sa solitude sentimentale et son échec amoureux par de nombreux déplacements, son meilleur voyage , et son dernier est la mort qui est passé il y a maintenant deux ans. Après cela elle décida de venir chercher ma mère après une énième cuite. Tout cela est arrivé bien après mes années lycéennes, et pourtant si peu de choses ont changées, toujours apprécié de la gente féminine, mes actes séducteurs me permettent de garder un alibi parfait pour mes deux facettes. Après le lycée, j'entrais à Harvard avec une jolie bourse gagnée grâce à des résultats merveilleux, j'entrais dans une maison : Les Winthrops alias les séducteurs. Je ne trouvais pas l'amour mais j'assouvais mes ardeurs grâce aux jeunes filles très ouvertes. Je ne savais pas réellement ce que je voulais faire mais une chose était sûre : j'étais en parfait accord avec les mathématiques, ils restent et resteront peut-être la seule véritable histoire d'amour que je n'ai jamais connu. C'était clair comme le jour : je devais faire professeur en mathématiques, je voulais rester dans le domaine des études…. je ne voulais pas quitter ma popularité, ou du moins je ne voulais pas connaître autre chose, c'était faible mais réaliste et je l'étais. Je voyais le monde d'une manière pessimiste, comme une chose à laquelle il faut survivre un temps. Je n'étais rien, une poussière qui passait et je devais rendre cette existence supportable. Les sentiments étaient rares, pas inexistants car les humains doivent ressentir quelque chose, du moins je crois, mais il était rare que je m'attache, j'étais certes très serviable, joueur et arrogant, mais rien de plus. Je suis le meilleur je le sais, alors pourquoi m'en cacher? Le recul que j'ai par rapport à ma vie me permet d'assumer complètement cet égocentrisme qui fait de moi ce que je suis. Aujourd'hui, je suis toujours à Harvard, j'ai pris la place du professeur pour me confronter à des têtes qui croient tout contrôler. Je rigole secrètement de leur jeunesse et de leurs conneries qui me semblent aujourd'hui bien ridicules. Les jeunes étudiantes, souvent, ont le fantasme de coucher avec leur professeur ce qui me permet encore de vivre tranquillement. Les professeurs femmes sont souvent vieilles comme l'an 40, et je ne veux pas faire le difficile bien évidemment… mais je mérite mieux. Un jour, il parait que quelqu'un, une rencontre changera tout, c'est ce qu'il se passe partout, mais j'ai peu d'espoirs, je ne crois pas en tout ça. J'ai des amis bien évidemment, c'est normal, je les adore, mais cela reste en contradiction avec qui je suis. Je réalise encore mal qu'une personne comme moi est responsable de gosses, je ne suis pas du tout responsable derrière mes apparences et me dire que j'étais bien pire qu'eux me rassure. Le futur est mon présent, j'avance, rien ne me résiste, je surmonte toutes les épreuves, rien ni personne ne peut m'atteindre, je suis une pierre coincée sur la planète Terre. Mais pour combien de temps? Eh, toujours, il ne faut pas douter de qui on est.