TAYLOR B. GOLDSMITH ► Hilarie Burton.

« Tiens, salut papa ! »

« Salut papa ?! C’est tout ce que tu as à me dire ! Tu te rends compte que ta mère et moi, on s’est vraiment inquiétés. Et enlève ce sourire narquois sur ton visage, bon sang, on t’a cru morte… »

« Quoi vous avez pas reçu ma carte à Noël ? »

Et là ce fut l’explosion. Il faut dire qu’après un an de recherche acharnée, retrouver sa fille unique tranquillement assise face à la mer de Bali, paréo et lunettes de soleil sur le nez, en train de siroter un cocktail, il y avait de quoi s’énerver. Mais voir son père en costume-cravate, rouge de colère, détoner dans ce paysage paradisiaque avait quelque chose d’hilarant. Taylor savait qu’elle était aller un peu trop loin en disparaissant littéralement pendant un an mais elle étouffait à New York. Elle n’avait connu que cette ville, y était née, avait fréquenté ses prestigieuses écoles de « bourges » et bien qu’elle aimait y vivre, là, il y avait eu comme un blocage. Fraîchement diplômée de son lycée à $20 000 l’année, elle avait fui sa terre natale sans un mot. Facile de disparaître quand on regarde beaucoup de séries policières.

Une année entière à Bali, seule et sans attache. Taylor n’avait jamais rien expérimenté de pareil et ça avait été un pied phénoménal. Faire le tour de l’île en vélo, rencontrer des gens extraordinaires, dormir au soleil, fumer de l’herbe, tomber amoureuse, se faire tatouer, danser jusqu’au matin, se baigner nue dans la mer, oublier que le reste du monde existe et qu’une vie l’attend. Sa vie… Taylor savait qu’elle devait intégrer l’université d’Harvard, étudier le droit, se marier à quelqu’un de l’élite new-yorkaise et être une brillante avocate comme le voulait la tradition familiale. Mais ça ne lui correspondait pas. Déjà, elle avait le droit en horreur. Ce qui l’intéressait elle, c’était l’architecture. Taylor était fascinée par les bâtiments, leur construction, leur histoire… Elle pouvait passer des après-midis entières à flâner dans les rues de New York, face aux immeubles. Son père ne comprenait pas et sa mère n’était qu’une potiche incapable d’émettre une opinion. Alors maintenant qu’il l’avait retrouvé, elle devait céder. Après tout, il y avait pire comme situation. La jeune femme avait fait face à l’extrême pauvreté, au réel malheur et, en comparaison, vivre la vie d’une héritière soumise au contrôle parental ne paraissait pas si insoutenable.

Taylor arriva donc à Cambridge pour y étudier le droit, le compromis étant qu’elle pouvait aussi y suivre des cours d’architecture en parallèle. L’université était géniale, le génie et le talent s’y côtoyaient et on y faisait également des fêtes d’anthologie. Il y a un an à peu près, la jeune femme fût présentée au fils d’un confrère de son père lors d’un gala de charité. La rencontre typique de deux personnes destinées à se marier et à se haïr pour le reste de leur vie. Il était charmant et protecteur, elle était belle et résignée. Taylor crût réellement en cette idylle au départ et ils se sont rapidement fiancés sous la pression de leurs familles respectives. Mais aujourd’hui, et surtout après cet attentat qui les a tous marqué, la jeune femme n’était plus sûre de rien…