grey flag ∇ taeil

@Taeil WinstonDans une autre vie, dans sûrement une de ces vies bien, bien éloignée de celle actuelle, on doit être capable de passer quelques instants dans la même pièce sans chercher absolument à percer la chair tendre de l'autre, d'un ou deux piques  réfléchis. J'sais pas quand ça s'est fait, quand on a décidé que nos routes seraient plus agréables, le plus éloigné possible l'une de l'autre ; mais ça s'est fait, et ça s'installe. Parce que j'crois avoir tenté des pas vers toi que t'as pas vu. Et peut-être que j'ai manqué les tiens. Mais, au milieu de nos routes, y a un hérisson qui fait aussi son petit parcours ; ça m'fait traverser la tienne de route, en courant. Jamais dans la discrétion. Les traits marqués des émotions ressenties, de l'amusement de l'instant. J'suis pas très bonne quand il s'agit de filtrer ce qui se passe dans ma caboche. « Sache que j'ai pleins, pleins de répliques qui me viennent à l'esprit à l'instant. » Et clairement, y en a pas mal qui devraient être réservées à un public averti. Public que tu n'es pas. « Mais j'ai peur qu'on finisse vraiment par pouvoir griller du bacon sur tes joues. » Soufflé, avec un léger rictus malicieux. Ca, c'est pour toutes les écorchures que tu fais à mon ego, quand j'ai le malheur de t'accorder le droit d'y toucher. Surtout quand j'suis censée comprendre quelque-chose, une référence qui me dépasse. Tu serais capable de l'inventer, cette référence, juste pour le plaisir de me voir cogiter pendant des jours. Parce que ça va arriver. Tu me maintiens sur le terrain de la compétition, quand j'en oublie cette priorité, quand j'commence à, élève dissipée, me laisser distraire par une vie d'étudiante trop cliché. Tu me rappelles qui je suis. C'est con, hein ? Les sourcils froncés, quand mon regard vert remonte sur toi. « Dégage ta main avant que je ne te morde. » Ce que je ferais, sans aucun problème. « Tu t'y connais en hérisson, au moins ? » C'est pas comme si c'était courant, comme animal de compagnie. Les traits s'adoucissent. « J'bosse à la SPA, je pourrais t'avoir des infos, et même un rendez-vous avec un véto. » T'entends, comme je te glisse que sur ce coup, on est du même côté de la barrière ? Parce que les animaux ne déçoivent pas, au contraire des humains.

Ça lui arrive (trop) souvent à Taeil de dire des choses et de les regretter l'instant d'après. Parce que contrairement à ce que l'on peut penser, non monsieur ne réfléchit pas toujours avant de parler. Un comble pour un génie tel que lui qui semble toujours avoir deux coups d'avance sur les autres. En réalité, c'est pas le cas et ça, Billie O'Malley l'a très bien compris. Ce n'est pas pour rien si elle a écopé du rôle Plus grande rivale de Taeil Winston. Rivale tout court en fait, parce que personne d'autre ne s'est présenté pour le rôle. Alors évidemment qu'elle a remarqué la teinte rosée qui recouvre désormais ses joues, mais si elle s'attend à le voir flancher pour si peu, elle se plante sur toute la ligne. "T'as l'air vachement confiante en ton humour pour croire un truc pareil. Si j'étais toi j'reverrais mes estimations à la baisse." Taeil ou l'art et la manière de prétendre se foutre de tout, même quand ce n'est pas le cas. L'avantage d'être aussi peu expressif, c'est qu'il a peu de risque de se trahir lui-même. Leon avait raison sur un point : il n'est pas si différent que ça du hérisson. D'ailleurs, c'est peut-être pour ça qu'il s'est autant attaché à la boule de poils au point de lui donner le prénom du plus grand scientifique de tous les temps. Au point de vouloir le protéger de n'importe quel être humain souhaitant venir briser sa bulle de confort à lui aussi, juste pour l'observer d'un peu plus près. La main toujours en place entre son précieux et le visage de la blonde, il ignore royalement sa demande, comme si celle-ci n'était même pas parvenue jusque ses tympans. Pourtant elle n'est pas méchante Billie, non. Il le sait bien qu'elle ne lui fera pas de mal à Albert mais... c'est comme ça et c'est tout. Taeil quoi. "Je pense que tu oublies trop vite à qui tu parles." Elle pense vraiment qu'il élèverait un animal dans l'ignorance la plus totale, lui qui passe le plus clair de son temps à le nez fourré entre les pages d'un bouquin ? Bullshit. "J'ai déjà lu tous les livres sur les hérissons qui puissent exister et passé des heures sur le web à me renseigner." Prévisible. Mais il note l'intention et articule un merci, dans sa tête du moins. "Je savais pas que tu faisais du bénévolat." Qu'elle ait le temps d'en faire surtout. Faut dire qu'ils ne connaissent pas grand chose l'un de l'autre, si ce n'est leur amour pour la compétition.

@Taeil Winston Dans nos batailles, nos défis et autres combats, y a ce petit être qui se place. On pourrait presque le voir agiter un petit drapeau blanc : gris au moins. On aurait pu avoir les bouquins, ou juste le plaisir d'avoir toujours raison, comme points communs, peut-être aussi l'fait de ne pas coller avec le reste du monde. D'être un peu en marge, à l'écart, le regard qui glisse sans insister, les préoccupations dissonantes des ordinaires. Mais, ça y est, on y est, notre point de jonction est une petite bête à piques. De lui-même, avec sa propre existence et ta protection, elle change un peu la vision que j'ai de toi. Car pour la première fois, tu te sens concerné par quelqu'un d'autre que toi. Et, à mes yeux, un animal compte d'avantage. Avec lui, une idée de naïveté. La pureté d'un cœur non biaisé par la société. Donc, j'insiste, évidemment que j'insiste, envahissant ton espace pour rejoindre celui du hérisson. Stoppée en pleine escapade. Retranchée derrière des doigts en armure. J'en attrape le majeur, pour le tirer un peu vers moi et faire céder le reste de la poigne. « Alleeez ! Que j'regarde s'il va bien. » Comme si, dans mon cursus, j'avais aussi l'art de soigner les animaux. Je vois beaucoup d'actes, je me renseigne tout autant. Mais, j'n'aurais pas le cœur de voir s’enchaîner les maladies sur ma table. Regardez, comme ces êtres me fournissent un cœur. L'étalage de tes lectures me soutirent un sourire fugace. « T'as bien deux trois mots latin à me sortir pour appuyer tes dires, non ? » Les connaissances, c'est bien, mais l'application c'est mieux. Et c'est moi, demoiselle bouquins, qui te le dit. J'finis par renoncer, ne souhaitant pas finir aux urgences avec ton doigt tordu, m'installant sur le sol, le dos calé par le canapé et le hérisson derrière, sur lequel je pose le regard. « Y a pleins de trucs que tu ne sais pas sur moi, Taeil. » Puis sur toi. « Tous les nouveaux chiots savent que t'es le mec le plus chiant d'Harvard. » Rictus amusé à la bouche. C'pas faux. J'ai ragé une bonne demi-heure sur le fait que j'avais perdu le dernier jeu en date.

hj : t'inquiète

Malgré le manque de communication flagrant entre lui et l'animal - principalement causé par la timidité de ce dernier et surtout le fait que les hérissons ne parlent pas - Taeil comprend plutôt bien Albert. En fait, c'est même le seul être vivant sur cette planète qu'il arrive à comprendre. Parce que comme lui, il n'est pas très sociable. Tout comme lui, il évite les autres et préfère rester dans son coin. Des habitudes qu'il ne tient pas à changer, quitte à prendre des risques pour protéger son nouvel ami. Quitte à se faire tordre les doigts par Billie. Humpf. Décidément, cette fille ne connaît pas la notion d'espace vital. Résistant du mieux qu'il le peut à la pression exercée par la blonde sur son majeur, il grimace, persuadé de se faire arracher le doigt dans quelques secondes. "Il va bien. Je prends soin de lui, qu'est-ce que tu crois ?" Taeil, il est loin de compter parmi ces irresponsables gamins de vingt-ans. C'est bien pour ça qu'il les fuit tous comme la peste, trop mature pour rester patient face à tant d'idiotie. À la place le voilà coincé en compagnie de la blonde la plus agaçante d'Harvard, ce qui n'est pas forcément beaucoup mieux quand on y pense. "Bien sûr. Pourquoi pas en grec ancien pendant qu'on y est." Ouais il est surdoué, pas une encyclopédie. Et même si c'était le cas, il ne lui ferait pas ce plaisir. Même s'il doit se faire tordre un deuxième doigt. Quittant l'animal du regard, il observe la blonde déclarer forfait et se poser enfin, l'autorisant ainsi à baisser sa garde. Juste un peu. "Je sais pas ce qui est le plus bizarre : que tu parles aux chiens  ou que tu leur parles de moi." C'est faux, la réponse il la connaît très bien parce qu'il sait ô combien les gens aiment parler aux animaux. Lui-même parle à Albert parfois, souvent même, bien content que celui-ci ne puisse pas le faire sortir hors de sa zone de confort. "Tu veux quoi au juste ? T'allais pas dans la cuisine de base ?" Avant qu'elle ne remarque sa présence et ne vienne lui prendre la tête, comme toujours.

@Taeil Winston Créatures étranges que voilà. Et, des trois, le hérisson est celui qui s'en sort le mieux. Il sait surement mieux que les deux idiots d'à côté, ce qui justifie sa présence dans ce bas monde. Au milieu des autres. Apprendre à nager, à marcher, à respirer ; au milieu des autres. Je m'en sortais mieux quand j'avais mon allié, tu sais. J'ai pas toujours été comme ça. C'est juste que là, j'ai l'impression de boire la tasse dès que j'essaye d'inspirer correctement. Alors je me raccroche à tout ce que je peux. Et, dans ce bordel, notre concurrence est une sorte d'appui tangent. Peut-être parce que toi aussi, je peux entendre que tu ne sais pas respirer comme les autres. Mes orbes se fixent sur le hérisson, et je persiste et signe que les animaux sont davantage dignes d'intérêt que nos pauvres existences. Je préfère ça aux jeux à base de champignons et voitures qui se percutent. Je préfère ça à tout le reste. A part peut-être la cuisine. Ex æquo dirons-nous. « Je crois que t'es déjà pas capable de prendre soin de toi, alors.. » Le rictus s'affiche aux commissures, pour souligner l'ironie des propos. Mais, expérience personnelle, on est parfois plus doué quand il s'agit de s'occuper des autres, plutôt que de son reflet. Le regard d'en face ; intraitable. J'esquisse un pas de côté, je me remets à ma place, fausse docilité. Pour mieux observer la beauté de l'intrus. Approcher d'aussi près un hérisson, c'est pas donné à tout le monde. J'comprends juste pas que ça soit toi qui ai cette chance. « Tu sais, faut pas hésiter à lui dire si tu le supportes pas. » Soufflé, à l'animal. Billes vertes qui remontent sur son humain de compagnie, alors que les mots sont toujours pour le plus petit. « La prochaine fois j't'apprendrai à faire un mini sos. » Silhouette qui se relève, attrape ce paquet de pop-corn abandonné. « La place des femmes dans la cuisine, toussa toussa. » Souligné, n'en pensant pas un mot, juste pour la provocation d'avant départ. En remettre une couche sur l'agacement. « Courage. » Encouragement à l'animal, et rictus amusé à l'humain, avant de s'éclipser, toujours heureuse d'avoir pu rependre un morceau de tornade.

FIN