Invité
est en ligne
Invité
Le regard perdu dans son verre de whisky, Zack sursaute quand son téléphone sonne. Il hésite une seconde à y jeter un oeil mais sa montre indique que l’avion de Raphaël a atterri depuis un moment déjà. Il lui semble avoir besoin de rassembler tout son courage pour simplement attraper son téléphone, mais il s’est comporté comme un bien trop mauvais petit-ami depuis le malaise fatal de sa mère pour l’ignorer. Il n’est pourtant pas certain d’être prêt à le voir. C’est idiot, mais Zack n’a encore eu à annoncer la nouvelle à personne. Son père était à ses côtés, sa tante également et Taylor. Les autres membres de la famille et les amis proches de sa mère ont été informé par sa tante. Zack s’est contenté de prendre soin de son père qui n’était pas prêt à voir son monde s’écrouler. Le trentenaire non plus, mais c’est ainsi : son père a besoin de lui et perdre un de ses parents est bien assez. Un léger soupir s’extirpe de ses lèvres quand il envoie sa réponse. Il sait que Raphaël mérite mieux mais a bien envie de lui dire qu’il a juste besoin de ses bras, lui expliquera plus tard. Peut-être a-t-il compris, d’ailleurs. A-t-il déjà eu l’adresse de ses parents ? Zack ne sait plus. Toutes les pensées se mélangent dans sa tête et plus rien n’a vraiment de sens; il est ivre, sans trop savoir si c’est de tristesse ou de whisky. Après avoir fini d’une gorgée le liquide ambrée, il se concentre pour ne buter dans aucun meuble en se dirigeant vers la chambre de son père et vérifier que ce dernier est bien assoupi. Les cachets des médecins font des miracles et Zack ne sait pas pourquoi il s’est contenté de glisser la prescription de Taylor - des anxiolytiques pour quelques jours - dans sa poche plutôt qu’au moins un ou deux cachets dans la gorge. Il a de toute façon maintenant plus vraiment le choix vu la quantité d’alcool ingurgité. Est-ce son quatrième ou cinquième verre ? Dans un instant de logique imparable, il se dit que cela doit être son cinquième et ne peut s’arrêter sur un chiffre impair et s’en resserre un avant de sortir de la maison pour attendre son petit-ami. Lorsque des phares viennent éclairer la rue, Zack reprend une gorgée de liquide sirupeux et s’avance de quelques pas. La silhouette de Raphaël ne tarde pas à se dessiner dans la voiture et quand il voit la portière s’ouvrir, Zack sent son coeur dégringoler dans sa poitrine. Il bloque sa respiration, tâchant de rester droit mais sans que ses jambes ne vont pas le retenir bien longtemps. Sa main se déleste du verre sans qu’il ne s’en rende compte et fait un pas vers Raphaël, titubant. Il déglutit, lutte contre les émotions et sanglots qui l’assaillent mais c’est comme si savoir que le français est maintenant là, lui donne le droit de s’effondrer, de ressentir le poids de son chagrin. “Je n’ai pas pu…” Les mots restent coincés dans sa gorge. Pas pu prendre l’avion, te rejoindre, sauver ma mère, la convaincre de se faire opérer… Il n’a pas pu, tout simplement, comme il ne tient plus debout : ses jambes se dérobent à l’instant même où ses mains retrouvent celles de Raphaël.
(Invité)