i just want to put you first (kwonea)

Dans le miroir, son propre reflet lui renvoyait l'image d'un gamin aux pommettes empourprées et au sourire niais tracé à l'encre indélébile sous l'effet vaporeux d'une drogue tout aussi euphorique que l'ecstasy : l'amour. Égaré dans les méandres de ses pensées obsédées par la vision de la poupée et de sa mèche rosée, le verre d'eau qu'il remplissait déborda, le liquide limpide et froid coulant le long de ses mains brûlantes de l'étreinte qui lui réchauffait encore, des minutes plus tard, le coeur et le corps. Il se sèche les mains avant de retourner près de Dea qui l'attend au centre du lit, déjà emmitouflée dans les couvertures qui sentaient encore l'odeur fraîche du détergent utilisé à la buanderie, le matin même. Et demain, lorsqu'elle ne serait plus là, il somnolerait, rêveur, envoûté par le parfum de fleurs dont elle imprégnerait son lit, se remémorant la chaleur de ses caresses, la douce brûlure de son sourire et surtout, l'image de sa silhouette enveloppée dans son sweat. Le gamin l'observe se rassasier du contenu translucide, comme assoiffée ou asséchée par le trop-plein d'un nectar ingurgité juste avant. Une fois terminé, il récupère le verre, sur lequel il y enroule ses doigts, le regard fasciné vit passer une étincelle paniquée, avant de sentir une lueur d'espoir réchauffer son myocarde, malgré que le mélange de nervosité et de fébrilité lui tordait l'estomac. Ses yeux couraient, alternaient entre Dea, le lit et le canapé, le canapé, le lit et Dea. Leon se pinça les lèvres, geste inconscient qu'il répétait chaque fois qu'il réfléchissait nerveusement et à toute vitesse. La tentation de se faufiler entre ses bras était bien plus forte que le choix, bien plus raisonnable, de passer la nuit sur le canapé, à cinq ou six mètres d'elle. Hm.. wait.. Il s'éloigna rapidement, attrapa un t-shirt et une paire de joggers qu'il enfila à toute vitesse, s'emmêlant même les pieds au passage tant il était pressé de la retrouver, puis se glissa sous les couvertures, aux côtés de la princesse, toujours assise en tailleur, remontant celles-ci sur son nez pour lui cacher le rouge qu'il sentait de nouveau monter à ses joues. Quelques secondes de silence s'étirèrent, parurent une éternité, avant qu'il ne réclame d'une voix rauque, empreinte de timidité. Can I... hm. Il se racla la gorge, avant de poursuivre. Come here.. Il dévoile finalement son visage, et puis son torse, lui ouvrant les bras pour l'accueillir, espérant qu'elle s'y réfugie à nouveau. Et c'est son ventre qui se tord, son visage qui s'illumine d'un énième sourire à la vue de la princesse qui règne en reine sur son coeur depuis déjà des semaines.

@Dea Hyung

Perdue, elle n'y comprend plus rien Dea. Persuadée que malgré l'alcool, ils avaient bel et bien parlé plus tôt par messages du fait de dormir ensemble. N'était-ce que le fruit de son imagination ou... Leon a-t-il changé d'avis entre temps ? Non, décidément, elle ne comprend pas. Alors, telle l'enfant curieuse et déterminée qu'elle est, elle insiste et demande encore. Parce qu'elle n'a rien à perdre et que la gêne s'est envolée, à la fois désinhibée par l'alcool coulant dans ses veines et l'étreinte échangée avec lui quelques minutes plus tôt. Assise et immobile, elle attend sa réponse en silence, se posant mille et une questions à l'intérieur lorsqu'il s'éclipse un instant. Moue confuse qui s'illumine d'un sourire lorsqu'il la rejoint finalement, se glissant sous les draps sans un mot. Heureuse, elle ne dit rien, l'observant dans l'obscurité jusqu'à ce qu'il ne l'invite à le rejoindre. Et la belle ne se fait pas prier, s'allongeant aussitôt dans le lit, son corps qu'elle vient coller contre celui de Leon pour y déposer tête et main sur son torse. Aucun son ne s'échappe cette fois de sa bouche, profitant de l'instant en silence sans la moindre envie de briser ce dernier. Et peut-être sourit-elle bêtement, le visage à moitié masqué par sa crinière noire quand son être entier lui, se réchauffe à la chaleur de ce contact. Elle se sent bien près de lui, entourée d'une certaine bienveillance et d'un amour puissant dont elle n'a même pas conscience. Leon... Leon... Pourquoi est-ce qu'il est si gentil ? Drôle ? Adorable ? Parfait ? Parfait. La tête qu'elle redresse légèrement de façon à pouvoir l'admirer même dans la pénombre. Et lorsque son regard vient croiser le sien, elle ne fuit pas. Au contraire, ses yeux ne bougent pas d'un cil, comme hypnotisés par la vision du garçon qui se trouve face à elle. Impossible de dire combien de temps elle restera comme ça, à juste le regarder. Elle même ne le sait pas. Ne sent pas non plus le coeur battre un peu trop fort dans sa poitrine. Ni son corps qu'elle redresse pour rapprocher son visage du sien. Envoûtée, elle ne contrôle plus rien Dea, guidée par quelque chose de bien plus grand que la raison. Jusqu'à la dernière seconde elle le contemplera de ses grands yeux noirs, cherchant comme l'approbation dans son regard avant de venir lui voler un baiser. Les lèvres qui s'écrasent avec douceur contre celles du garçon, à la fois curieuse et désireuse à chacune des pressions exercées contre leurs secondes. Comment un geste si doux et délicat peut-il déclencher une sensation si profonde à l'intérieur ? C'est comme si quelqu'un venait de placer une bombe à l'intérieur de son corps, de son coeur.

Il a l'impression de s'égarer, Leon. Quand leurs regards se croisent et se heurtent, pour ne plus se lâcher, que le silence est empli de paroles et de promesses, de non-dits dérisoires qu'il cueille précieusement parce qu'il sait. Inutile de les prononcer pour qu'il se nourrisse des histoires que les grands yeux d'encre de la princesse voulaient lui raconter. Il y a, dans ce moment, dans cet espace-temps figé dans l'éternité, ce déclic qui vient lui retourner l'estomac. Si l'étreinte était douce, pure, innocente, Leon avait pu lire sur son sourire rosé le désir candide d'un baiser arraché à la volée, dérobé à la nervosité. Et c'est l'implosion de ce coeur dans lequel s'étaient emmagasinés paillettes et papillons. Ils s'échappent, lui chatouillent le myocarde, fuient dans toutes les directions, quand ses lèvres s'enflamment au contact des lippes venues l'enquiquiner avec douceur. Ce moment... il n'sait pas. Il l'a attendu pour ce qui semble être une éternité. Et pourtant, c'était rien, ces quelques mois passés à l'attendre à espérer, quand ce baiser n'était que l'annonce d'une histoire pas encore toute tracée. Il en a volé, quelques bises et bécots. On l'en lui a piqué, aussi. Mais jamais ses lèvres ne s'étaient-elles autant amourachées de leurs jumelles. Jamais son corps et son âme ne s'étaient-ils autant enivrés de ces promesses murmurées en silence, comme le secret de deux coeurs destinés d'emblée à coexister ensemble, l'un et l'autre, l'un pour l'autre, l'un avec l'autre. Et s'il ne s'agissait pas de son premier baiser, c'était tout bien le premier auquel il voulait se raccrocher désespérément, qui méritait d'être répété, encore et encore. Maladroitement, ses doigts viennent se perdre contre la peau qui s'enflamme aussitôt. Il s'accroche, la retient délicatement, apeuré que le rêve ne s'estompe s'il venait à ouvrir les yeux ou à rompre le contact. Comme une illusion venue fendre l'âme des pauvres damnés au beau milieu du désert. Leon, il ne sait pas si la magie s'éternise dix secondes, deux minutes ou des heures durant, mais il n'a qu'un souhait, c'est que le souvenir perdure jusqu'à jamais. Ses lèvres s'humectent avec extase du goût sucré, presque printanier de celles de Dea, l'envoûtant juste assez pour rendre magique, pour éterniser leur premier baiser.

@Dea Hyung