i just want to put you first (kwonea)

Une minute il gambadait, l'autre il ralentissait, s'arrêtant presque sur le trottoir pour contenir le myocarde qui menaçait d'imploser, non pas sous l'effort, mais sous l'effet de la fébrilité, des émotions qui se chamboulaient au creux de l'estomac, de l'effervescence d'un amour qui ne cessait de grandir, grandir, et grandir. Il devait bien être le seul à ne pas être tout à fait conscient des sentiments qui lui dévoraient les tripes. Même Taeil, l'immunisé de l'amour, avait compris que tu étais complètement, totalement, irrévocablement fou d'elle. C'en était niais, à en grimacer de dégoût tant c'était mielleux. Mais Leon, il était gai. C'était un idiot heureux. Quand ses doigts pianotaient à une vitesse effrénée sur l'appareil qui lui avait échappé des mains à quelques reprises, il marchait tranquillement, bien qu'empressé de croiser son regard, de faufiler ses doigts entre les siens, de la cajoler, d'entendre son rire en écho à ses blagues, contre les murs de sa chambre qui s'imprégneraient, des jours durant, de la mélodie qui s'échappait d'entre ses lèvres avec tant de beauté. Les derniers kilomètres, Leon les avait franchis au pas de course, à vive allure, digne des plus grands sprinteurs olympiques. À bout de souffle, les mains sur les cuisses pour tenter de retrouver un brin de régularité dans sa respiration, il l'aperçut, elle, rôder devant le bar, titubant sur le trottoir, tout à fait inconsciente de la présence du garçon. Un groupe s'agglutinait autour de la princesse aux cheveux peints de rose. Leon ne savait s'il s'agissait de ses amis ou de parfaits inconnus qui traînaient dehors. Il en profita pour l'admirer un instant, et pour calmer les battements de son coeur qui s'affolait dangereusement.

Ça tourne dans sa tête, parfois. Ça tourbillonne comme dans les manèges alors elle s'accroche, aux bras des uns et des autres jusque la sortie. Et même si les sensations sont étranges elle a le sourire aux lèvres Dea, plus grand que jamais, comme si elle n'avait jamais été aussi heureuse de toute sa vie. Peut-être bien parce que c'est la première fois qu'autant d'alcool coule dans ses veines et qu'elle se sent pousser des ailes. Et peut-être que son impatience est aussi la cause de son agitation, celle d'une enfant charmée par les compliments. Si ce n'était que ça. Nouveau rire qui résonne alors qu'elle échange ses derniers mots avec le reste des danseurs. La tête qui pivote de chaque côté à la recherche de Leon lorsque l'on veut s'assurer de sa sécurité. Et le bras qui s'élève, doigt qu'elle pointe vers sa cible avec fierté quand elle le repère au loin. Et le sourire s'étirerait davantage s'il n'était pas déjà au summum lorsque leurs regards se croisent, signe de la main non nécessaire qu'elle envoie pour s'assurer qu'il l'a bien vue. "Leooooon !" Les pieds qui s'agitent pour le rejoindre avec un peu trop d'enthousiasme, presque comme si sa vie en dépendait. "You came..." Menton qu'elle relève pour l'admirer quand ses mains, elles, viennent s'agripper à son bras. Contact nécessaire mais insuffisant, la belle qui rêve de pouvoir coller sa tête contre sa poitrine et l'entourer de ses bras pour ne plus jamais le lâcher. "I missed yooou..." Euphémisme, le prince s'étant invité dans ses pensées toute la soirée. C'est pas sa faute, si son sourire la fait craquer. C'est pas non plus sa faute si sa voix l'enchante autant que le son d'une douce mélodie. Alors pourquoi est-ce que ce serait sa faute, s'il est toujours plus beau que les fois précédentes ?

Même ivre, Dea Hyung avait tout d'une oeuvre d'art que pourraient s'arracher les plus célèbres musées. Aucun doute, la royauté aurait payé le prix fort rien que pour exposer son sourire sur les murs de ses palais. Mais c'est Leon, l'heureux veinard, qui avait la chance de l'admirer dans toute sa splendeur, l'oeuvre vivante étant mieux que tous les portraits ou sculptures qu'on aurait bien pu lui offrir. Il n'avait d'yeux que pour un seul tableau: le plus beau. Dea, qui de son seul sourire, suffisait à rendre la lune jalouse, capable à elle seule d'illuminer le chemin des âmes solitaires, des coeurs désespérés.

S'il essayait de retrouver son souffle, la contempler, tapis dans l'ombre, n'aidait en rien à calmer les battements irréguliers de son coeur, qui s'emballait dangereusement, telle la mortelle sentence d'un condamné. "Leooooon !" La surprise lui illumine le visage et lui chatouille les tripes, tandis que les papillons lui remuent l'estomac comme une caresse délicate. Il soupire, rêveur, avant qu'elle ne débarque en trombe, s'accrochant à son bras, contact qui fait naître un frisson qui lui traverse le corps, de la racine des cheveux jusqu'à la pointe des orteils. Of course I came. Et il sourit. Niaisement. Incapable d'empêcher les lèvres de s'étirer jusqu'aux oreilles, ni les joues de s'empourprer sous le mélange brûlant de nervosité, d'excitation et de ravissement. I missed you too, qu'il a envie de répondre, la réponse lui brûlant les lèvres, même si les mots ne franchissent par leur barrière. Elle lui avait manqué, même s'ils se parlaient presque tous les jours, du matin jusqu'au soir. Je vous ramène sur mon dos, princesse? Il soulève la main de Dea pour la porter à ses lèvres, et y dépose un baiser. Le seul qu'il pourra jamais seulement lui offrir. Qu'est-ce qu'elle est belle, quand elle sourit. Qu'est-ce qu'elle est belle, quand elle glousse. Qu'est-ce qu'elle est belle, quand ses yeux reflètent les étoiles. Qu'est-ce qu'elle est belle, Dea Hyung.

Elle ne prête plus attention au froid qui s'infiltre jusque sous sa veste Dea, à la minute où elle l'aperçoit. Leon, c'est comme un ange placé sur son chemin, brillant de jour comme de nuit pour qu'elle ne puisse jamais s'égarer. Leon, il répond toujours présent, accourant sur son cheval blanc à chaque fois qu'elle en a besoin. Tel une étoile, c'est sur elle qu'il veille, même de loin. Son ange gardien, celui qui la fait sourire et fait fondre son coeur à chacun de ses mots. Alors évidemment qu'elle est heureuse de le retrouver Dea, sûrement beaucoup plus qu'elle n'est capable de le remarquer. Et au contact que la belle initie, ce sont tous ses maux qui s'envolent. Ce n'est plus l'alcool qui lui fait tourner la tête, c'est lui. Une voix qui semble résonner jusque dans sa poitrine et un sourire... un sourire qui ne laisserait personne insensible. Mais ce n'est rien, en comparaison du reste. Parce que Dea, si elle pouvait se liquéfier sur place elle le ferait, à l'instant où ses lèvres s'apposent contre le dos de sa main. Sans compter sur le mot princesse qui passe en boucle dans sa tête, les battements du coeur désormais irréguliers. Leon, c'est comme s'il avait décroché toutes les étoiles pour venir les mettre dans ses yeux. Parce que son regard n'a jamais autant brillé qu'en cet instant, témoin du charme du jeune homme sur sa personne. Le sourire qui ne tarit pas, c'est en silence qu'elle acquiesce avant de se jeter maladroitement sur son dos, comptant sur la force du beau brun pour lui faire pousser des ailes. Profitant de sa position, elle se penche un peu plus en avant, suffisamment pour venir déposer un baiser sur sa joue. "Ok I'm ready !" Qu'elle s'exclame en se replaçant comme il faut, la main qui tapote sur l'épaule de Leon pour lui faire signe de démarrer. La légende raconte qu'elle fredonna les paroles d'une chanson le long du trajet (Sooo LUCKY - ITZY) jusqu'à perdre patience. "On arrive bientôt ?" Question qu'elle répète à plusieurs reprises jusqu'à vouloir descendre de son dos. "J'espère que je t'ai pas mal fait au dos..." Regard inquiet, tinté de timidité, qu'elle lui lance en s'accrochant de nouveau à son bras, ce besoin constant de se coller à lui. Son regard ? Incapable de s'en détacher si bien qu'elle le dévisage sans s'en rendre compte, tout en marchant à ses côtés. L'impression que tout va exploser à l'intérieur, tant elle voudrait lui faire part de son affection.

Un baiser sur la joue comme carburant, et voilà qu'il décollait, fidèle destrier au service de son altesse royale, la princesse de ses rêves les plus émerveillés. Dans ses oreilles, le bourdonnement d'une voix cristalline, parfois brisée par les fausses notes, qui scandait joyeusement sur repeat les paroles d'une chanson qu'il devinait être l'une de ses préférées du moment. Il aurait pu la porter sur son dos jusqu'à l'aube, jusqu'à ce que les couleurs viennent peindre le ciel, lui rendant son plus bel éclat. Il aurait pu la porter, sans jamais rechigner, parce que malgré la fatigue qui se commençait à se ressentir dans son dos, son cou et ses bras, il avait désormais le coeur léger comme une plume.

On arrive bientôt? On arrive bientôt? On arrive bientôt? [...] On arrive bientôt? Plutôt que d'être agacé par la plainte martelée à répétition, c'est avec un amusement à peine dissimulé qu'il s'était mis à répondre des bêtises en constatant qu'elle ne se contenterait pas pour seule réponse d'un banal « bientôt ». On doit d'abord faire un arrêt au Pays imaginaire. Peter Pan m'a volé mon bonnet. Et chaque fois, elle n'y voyait que du feu, s'exclamant ici d'un AH! bien senti, et là d'un OH exclamatif, suivi d'un rire niais, presque bête, qu'il trouvait tellement charmant. Elle avait le don de l'envoûter, sans même avoir à y mettre le moindre effort...

Soudain, son dos se libéra d'un poids, et en moins de deux, Dea s'était trouvée accrochée à son bras. Il ne pourra plus lui cacher ses pommettes rougies. Il se tapota les joues, pris de panique à l'idée qu'elle constate sa gêne, mais rien n'y faisait: le regard de la princesse le consumait, si bien qu'il sentait toujours les flammes embraser son visage. Timidement, ses doigts glissèrent le long de son corps, cherchant à tâtons leurs jumeaux. Un rire candide s'échappa d'entre ses lèvres lorsqu'il s'y accrocha enfin, et que leurs doigts s'emmêlèrent, dans une étreinte qu'il espérait ne jamais avoir à rompre. On est arrivés... Le bâtiment des résidences universitaires se profilait devant leurs deux minuscules silhouettes, accrochées l'une à l'autre. Hypnotisé, il n'avait guère eu conscience des derniers mètres qu'ils avaient franchi, main dans la main, avant de s'arrêter sur la devanture de l'immeuble. Ils franchirent les derniers obstacles les sépérant de sa chambre, avant de se retrouver, à se noyer dans l'éclat de son regard noisette, enveloppés dans les ténèbres de sa chambre. Et le silence était devenu à la fois le complice et le seul témoin de la naissance de cet amour, tout ce qu'il avait de plus beau et innocent, entre deux gamins rêveurs.

Elle ne remarque même pas les joues rougies de Leon, trop occupée à l'admirer dans toute sa splendeur à la lueur des réverbères tant que la gêne n'est pas présente. Pourtant, c'est bien une vague de chaleur qui s'éveille en elle, trop alcoolisée pour se rendre compte que le rouge lui monte aux joues à elle aussi, au contact de leurs doigts qui s'entremêlent. Impossible de ne pas sourire, tant elle a l'impression de flotter dans une bulle Dea. Et la bulle, c'est lui, Leon. Parce que plus rien d'autre ne compte en sa présence, rien qu'eux deux. Malgré les minutes qui défilent, c'est comme si quelqu'un avait appuyé sur le bouton pause et que le temps s'était arrêté. Elle pourrait soulever des montagnes la belle, à ses côtés. Invincible, en sécurité, tant qu'il sera là pour lui tenir la main. Et c'est l'excitation qui s'empare d'elle malgré l'innocence de l'enfant, lorsque le bâtiment se dévoile enfin sous leurs yeux brillants. Impatiente à l'idée de pouvoir enfin bénéficier du confort de la petite chambre étudiante de Leon et surtout, de pouvoir le serrer dans ses bras sans retenue. Elle le suit aveuglément Dea, sa main toujours agrippée à la sienne tant qu'ils parcourent les dédales d'escaliers qui semblent interminables. "On est arrivéééééééés." Qu'elle répète comme une enfant en tapant ses deux paumes l'une contre l'autre, rompant le contact entre les deux sans même s'en rendre compte. Et malgré l'obscurité dans laquelle la pièce est plongée, elle parcourt du regard l'endroit avec curiosité, jetant un dernier coup d'oeil au jeune homme avant d'aller s'affaler sur le lit. Soupir qu'elle relâche lorsque sa tête heurte le matelas, les bras qu'elle étend de chaque côté comme si elle s'apprêtait à dessiner un ange dans la neige. "I took your place..." Hum non, ça m'étonnerait qu'il dorme comme ça Leon, avec la moitié du corps hors du lit. Aucune personne sensée dans ce monde ferait une chose pareille. Et comme si un soudain éclair de génie venait de lui percuter l'esprit, la voilà qui se relève en position assise, retirant sa veste avant de se mettre à tirer sur la manche de son haut. "Leooon... I forgot to take a pyjama." Techniquement, ce n'est pas un oubli puisqu'elle n'avait pas prévu de dormir ici. Mais laissez la penser que c'est sa faute, madame est bien trop concentrée sur cette fichue manche pour se soucier du reste. Ni même remarquer la distance avec laquelle il se tient éloigné. Chaque chose en son temps.

À l'autre extrémité du lit, Leon piétinait le sol, traçant des cercles invisibles du bout des orteils, les pieds ayant quitté les chaussures qu'il avait abandonnées derrière, à l'entrée. Derrière son dos, ses mains jointes s'occupaient entre elles. Tout ce qu'il pouvait trouver pour expier la nervosité qui lui comprimait douloureusement la cage thoracique. Le garçon préservait bêtement une distance entre la poupée et lui, qui n'avait pas tardé à prendre ses aises dans le petit espace qui lui servait à la fois de chambre et de repaire, où s'entassaient un lit, une télévision, des consoles de jeu, des affiches accrochées sur le mur, un ordinateur ouvert dont l'écran ne tombait jamais en veille et sur lequel on pouvait y lire le brouillon d'un article sur lequel il travaillait pour le Crimson et, un peu partout, des tonnes et des tonnes de BD, feuilletées des dizaines, des centaines, des milliers de fois. Mais le plus beau trésor de la minuscule pièce, ornait son lit. Et il contemplait ce précieux trésor d'un oeil attentif, admiratif, et même timide, à la fois nerveux et inquiet qu'il ne s'évapore dans un nuage de fumée. Que son sourire innocent n'était en réalité rien de plus qu'un mirage et que s'il fermait les yeux, détournait le regard, ou prononçait quelque mot que ce soit, elle disparaîtrait. Il se contentait de sourire, un sourire qui décorait son visage et lui emplissait le coeur. Et de la voir s'extasier, pour un tout et pour un rien, même si ses réactions étaient un brin guidées par l'alcool, Leon se fit la réflexion à lui-même, qu'il n'y avait rien de plus beau que le phénomène Dea.

La gamine le sortit finalement de son inertie, se débattant visiblement avec la manche de son haut. Sans dire un mot, le garçon se dirigea vers sa commode et en sortit un sweater oversized et un jogger noir, qu'il lui tendit aussitôt, sans un mot. Si l'amusement pouvait se lire sur son visage, son silence, lui, était tout à fait inconscient, ne se rendant même pas compte qu'il n'osait pas parler, de peur de briser la magie d'un moment qu'il ne savait pas réellement comment apprivoiser.

Sous l'emprise de l'alcool autant que de ses émotions, Dea Hyung restera Dea Hyung. Petit bout de femme devenu vulnérable et adolescent sous les sourires et le regard un peu trop doux d'un charmant garçon. Pourtant, rien ne tourne rond dans sa tête ce soir, si bien qu'elle n'est même pas capable de se déshabiller correctement, abandonnant sa manche à moitié enlevée lorsque Leon se rapproche pour lui tendre des vêtements. Silencieuse l'espace d'une seconde, ses deux mains s'agrippent au tissu, frôlant inconsciemment celles du jeune homme. "Aaaaaaw, it's so cute !" Le regard qui s'illumine face aux deux personnages représentés sur le sweat, elle fond, une fois de plus. Autant pour le vêtement que pour son propriétaire. "You're so cute... Thank you..." Qu'elle souffle en se redressant, cherchant à croiser son regard dans la pénombre. Sûrement qu'elle l'aurait déjà pris dans ses bras si elle n'avait pas les mains déjà occupées. Sûrement qu'elle lui aurait déclaré bien des choses si sa part de timidité n'était pas présente, malgré son état. "I'm taking the bathroom... I'll be quick !" Pourtant, quand elle ouvre la porte de la salle de bain à peine cinq minutes plus tard, c'est à moitié habillée qu'elle passe la tête en dehors, peu sûre d'elle. "Leon... ? Can you help me with my top please... ?" Elle a pas conscience de ce qu'elle demande Dea, souhaitant au plus tôt en finir avec ça pour se glisser au chaud dans les draps. Elle a pas non plus conscience de la gêne qui émane du garçon lorsqu'il vient, une fois de plus, à son secours. Tout comme elle n'a pas conscience de la chaleur qui réveille ses pommettes face à cette proximité soudaine, son corps qui réclame son second avec une telle force qu'elle finit par craquer. La tête qu'elle pose contre son torse quand ses bras viennent l'entourer, désormais libres du tissu qui les emprisonnait. "Thank you..." Qu'elle souffle, une nouvelle fois, le coeur qui tambourine dans sa poitrine, séduit par la douceur d'un être aussi adorable que Leon.

Si elle n'avait plus tous ses esprits, que ses sens étaient influencés par les verres (les bouteilles?) avalées, que le liquide ambré se trouvait sans doute en portion égale avec son sang dans ses veines, Leon, lui, avait toute sa tête. Ou c'est ce qu'on pourrait croire, tant il avait l'impression de rêver. Perdait-il les pédales? Hallucinait-il la scène? Était-il en train de s'amouracher d'une illusion qui disparaîtrait au petit matin? Et s'il clignait des yeux, ou s'il se pinçait, disparaîtrait-elle dans les ténèbres dans lesquelles était plongée la pièce? Statue figée dans l'ombre de ses sentiments, il attendait que le mirage s'évapore tristement, comme chaque fois où ses rêves s'imprégnaient de son sourire, de son parfum, de sa beauté, pour s'interrompre brusquement au son de l'alarme. Il voulait tant lui tendre la main, l'attraper du bout des doigts, l'envelopper d'une étreinte pour sentir qu'elle était bien là, qu'il n'y avait rien de plus réel que son rire venu fendre le silence, mais il avait peur, peur que le sourire qu'elle lui adressait à l'instant ne s'affaisse.

S'il ne se décide pas à faire le premier pas, c'est elle qui vient enfin fusionner le charme, se réfugiant dans ses bras. Le visage contre son torse, son menton capable de se déposer contre le dessus de sa tête, chatouillé par les mèches folles de sa longue crinière. Il se mord la lèvre pour freiner un sourire niais, en vain. C'est son visage qui est déformé par le bonheur de la sentir contre lui. C'est comme si une barrière venait de s'effondrer, les rapprochant un peu plus, les délivrant du souvenir bien encré de Sam. Ce soir, Sam n'existait plus. Il n'y avait plus qu'eux deux. Leon et Dea. Surtout Dea, qui l'enchantait de sa beauté, l'envoûtait du bruit de son coeur venu battre à l'unisson avec le sien. Il fit perdurer l'étreinte un moment, avant de la rompre. Un moment qui aurait pu paraître une éternité, vu de l'extérieur, mais qui pour lui, lui sembla bien trop court. Enfin, venait-il briser son propre silence émerveillé. Va te réchauffer sous la couette, je t'apporte un peu d'eau, de quoi t'éviter la gueule de bois demain et tu pourras dormir. I'll sleep on the couch over there.. Le canapé qui régnait tristement au fond de la pièce, à l'opposé du lit, enseveli sous les manettes de jeu et les milles et unes revues et comics. Il sait qu'ils avaient parlé de dormir ensemble, mais peut-être avait-elle oublié avoir fait une telle mention, peut-être regrettait-elle déjà de lui avoir proposé de partager une telle intimité, et Leon voulait éviter à tout prix de la mettre mal à l'aise. Quitter son étreinte serait sans doute la chose la plus difficile qu'il lui eut été donnée de faire jusqu'à maintenant.

@Dea Hyung Les plus beaux, les plus parfaits, ily & i love them

Dans ses bras, l'éternité à portée de main. Et si le temps s'est arrêté à la seconde où ils ont mis les pieds dans cet appartement, tout lui paraît encore plus lent une fois son corps pressé contre le sien. C'est pas l'alcool qui la rend si heureuse. C'est pas l'alcool qui l'enchante et la rend aux anges, c'est Leon. Sa simple présence est un réconfort et une source de bonheur. Elle a pas envie de le lâcher Dea, parce qu'elle est bien dans ses bras. Loin de tout, du reste du monde, elle est dans sa bulle la princesse. Alors elle tire presque la moue lorsqu'il se défait de son étreinte, l'observant de ses grands yeux noirs et pétillants en silence. Acquiesçant bêtement à chacun de ses mots comme une enfant que l'on viendrait de gronder. Elle acquiesce parce qu'elle est complètement perdue l'espace de quelques instants, se sentant nue sans les bras de Leon pour l'enserrer. "Okay..." Qu'elle murmure à elle-même en le regardant s'éloigner vers la mini cuisine avant de pivoter son corps pour faire face au miroir de la salle de bain. Amorphe, elle termine de se changer, agitant ses bras dans tous les sens telle une poupée désarticulée. Sourire qui renaît aussitôt sur ses lèvres, satisfaite de la vision de son reflet portant le t-shirt de Leon. Ça lui va bien. Fin prête, elle passe de nouveau la tête dans l'encadrement de la porte, cherchant des yeux le garçon avant de regagner le lit comme demandé. Les jambes qu'elle glisse sous les draps avant de s'asseoir en tailleur au milieu, le regard porté vers le maître des lieux. "Thank you." Lâche-t-elle en attrapant le verre d'eau qu'il lui tend, portant ce dernier immédiatement à ses lèvres pour en boire son contenu d'une traite. "Your couch doesn't seem very comfortable... Are you really going to sleep on it ?" Qu'elle ne s'empêche pas de faire remarquer, d'une voix innocente, en lui rendant le verre. Et elle attend sans bouger de nouveau, les yeux toujours rivés sur lui, l'observant s'activer en silence. "You don't want to sleep with me anymore...?" Cette fois, elle ne cache pas sa moue Dea, enfant trop vite insatisfaite mais surtout attristée par l'idée qu'il puisse préférer dormir sur ce tas aux mille et une paperasses plutôt qu'au chaud, avec elle.