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Coup de téléphone qui provient d'un pays du golfe persique. Coeur qui se serre, l'espoir que ce soit ta soeur depuis un poste sur place. Tu quittes le bar pour gagner ton bureau pour répondre. « Allo ? » De l'autre côté du téléphone, une voix masculine s'élève. Un gradé militaire, qui te demande si tu es bien Lana Killbane. Tu confirmes ton identité. « Je vous appelle au sujet du soldat Clary Killbane. » L'angoisse monte aussi vite que tes larmes. Le cerveau se bloque sur les mots importants qu'il te débite. Attaque du camp ennemi. Ton poing se serre sur le rebord du bureau, et les mâchoires se crispent pour ne pas laisser échapper les larmes. Plusieurs blessés et morts. Première perle salée qui glisse, coeur qui accélère. Le soldat Killbane est tombée au cours de l'assaut. Ton monde s'effondre violemment. Corps rapatrié dans les jours à venir à Vancouver. Rester digne et refuser le Canada, demander Boston, où tout le monde se trouve désormais. Plus aucune attache dans votre pays natal. Le gradé accepte et te présente ses condoléances. Téléphone raccroché, il retrouve sa place dans ta poche. Rester stoïque un instant, avant de tout ravager dans ton espace de travail fermé. Hurlement étouffé par la musique et le brouhaha de la clientèle. Bureau sans dessus-dessous. Tu récupères ta veste, les clés de ta voiture, les clés de chez toi, ton sac, la bouteille de whisky cachée et tes clopes. Tu sors comme une balle du Sun Rock sous le regard de ton équipe. Tu pars sans un mot à personne. Tu manques d'air. T'as besoin de marcher.
Seulement, tes jambes ne t'emmènent pas bien loin. Sous le choc, tu restes le long de la côte. Assise sur un muret qui donne sur l'une des plages, tu laisses ta peine te submerger. Elle t'avait promis de revenir entière. Elle t'avait promis, putain. Elle avait pas le droit de t'abandonner comme ça. Elle avait pas le droit de crever. Ton pilier, ton ange gardien, celle qui te protégeait de tout quand t'étais gosse, n'était plus de ce monde. Et bordel, ça fait mal. Whisky avalé au goulot, trop rapidement vidée. Les nerfs lâchent encore plus. L'envie de fracasser le verre contre le sol dans un geste violent. L'envie d'hurler. Se rappeler que polluer une plage avec du verre peut être dangereux, malgré tout. Se raviser et se contenter d'un lieu isolé du parking.
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