J’étais vraiment content de pouvoir partir en voyage. Globe-trotter dans l’âme, depuis que je suis en âge de le faire, j’ai toujours voyagé, que ça soit en Europe, en Asie ou un peu partout dans le monde. C’est pourtant la première fois que je me retrouve à participer à une croisière et je suis vraiment excité par cette expérience. Mais incapable de rester en place, j’étais curieux de voir comment j’allais vivre ce voyage et s’il y aurait suffisamment d’activité et de chose à voir à bord pour ne pas s’ennuyer. Quoi qu’il en soit, je ne quittais pas mon appareil photo, pour ne louper aucune opportunité de photographier. Donc c’est comme ça que je me balade sur le pont durant toute la journée. Il fait nuit d’encre quand j’arrive finalement sur le pont nord, l’extrémité du paquebot. C’est à ce moment-là que je tombe sur une jeune femme, adossée au bastingage. Instinctivement, je sors mon appareil photo, attiré par son visage, son regard perdu sur l’horizon avec en arrière-plan la pleine lune, sans aucun nuage pour la cacher. Mais quand je m’apprête à la photographier, elle sursaute à cause d’une rafale de vent, faisant s’envoler son foulard. J’ai le réflexe de la rattraper en tendant le bras, mais je fais tomber mon appareil photo au sol dans l’action. Je n’y pense pas vraiment sur le moment, tandis que je me redresse pour lui tendre quand elle s’approche de moi. « Heureusement que j’ai de bon réflexe. C’est à vous je crois. », je lance, en essayant de faire un peu d’humour, d’autant plus qu’elle m’avait sûrement vu avec mon appareil photo dirigé vers elle.
Une nuit d'encre enlaçait le bateau dans lequel nous avions tous embarqués. Pourtant, je n'arrivais à rester dans ma cabine, ni sur ma couchette, à attendre que le sommeil m'emporte. Je n'arrivais pas à ôter les messages échangés ces derniers jours de mon esprit. Ils revenaient en boucle et je n'arrivais à trouver une réelle explication à tout ça. Alors, j'avais quitté ma cabine, couvrant mon cou d'un petit foulard, errant dans cet énorme navire sans but précis, mes pas me guidant vers le pont nord. Il n'y avait personne à cette heure-là, à part quelques badauds de passage qui retournaient à leur cabine ou rejoignant d'autres personnes dans un des lieux fréquentés du bateau. Je m'avançais sur ce pont sans fin jusqu'au bastingage, m'y adossant, les yeux mi-clos, profitant du silence que me procurait l'absence de mes appareils. J'avais besoin d'un peu de temps au calme, pour réfléchir, pour m'apaiser afin d'affronter la journée du lendemain plus sereine. Je restais quelques instants comme ça, sans observer ce qu'il y avait autour, avant qu'une forte bourrasque de vent me face sursauté, mon foulard se déroulant alors de mon cou et l'emportant si rapidement que je ne pu rien faire pour le retenir. Pourtant, un homme un peu plus loin le rattrape et me le tend, prononçant des mots incompréhensible pour moi sur l'instant. Je lui adressai un sourire et signai "Merci beaucoup". Enfin, je remarquai l'appareil dans ses mains et le montrai du doigt, avec un air interrogateur. Prenait-il des photos de la lune ? De la mer en pleine nuit ? J'étais curieuse de le savoir. Je cherche dans mes poches et en sors un petit carnet et un crayon à papier, réécrivant ma question. "Vous êtes photographe ?" écrivé-je sur ce papier blanc avant de lui tendre.
Accueil