Pull the triger || Rp Libre

2 Juin 2021

Casque sur les oreilles, lunettes de protection sur le nez, je défais le cran de sécurité, charge le pistolet et tire. Première balle, pleine tête, la deuxième, plein cœur, troisième et quatrième, respectivement dans le bras et la jambe. Un sans faute à cinquante mètres de distance d'une cible en carton. Sourire satisfait qui se dessine, soulagé de voir que je n'avais pas perdu la main alors que mes entraînements au tir étaient bien moins fréquents qu'à une époque. Si à l'armée, ce genre d'exercice se faisait plusieurs fois par semaine, depuis que j'étais devenu le garde du corps de Petit Prince, c'était quelque chose de moins fréquent. Bien sûr, ça faisait parti des mes obligations, pour prouver que j'étais apte à le protéger et veiller sur lui, mais la couronne préférait une protection plus rapprochée et discrète, raison pour laquelle elle insistait bien plus sur mes entraînements physiques et au corps à corps que sur mes performances au tir. Mais ça flattait mon ego de constater que j’excellais toujours dans un domaine ou deux.

Je remets le cran de sécurité, remonte les lunettes de protection sur mon front et fait glisser le casque le long de ma nuque pour recharger l’arme en balles. Je profite de cette mini pause pour regarder autour de moi. Peu de monde, comme toujours, et la plupart dans des couloirs de tir à distance de celui où je me trouve. C’était un truc dans ce genre d’endroit, d’essayer de toujours laisser un couloir ou deux entre nous. Quand s’était possible car bien sûr, ce n’était pas toujours le cas. Juron qui se fait entendre sur ma gauche, je repose mon arme sur la table et me recule pour observer le couloir d’à côté. Emplacement des impacts assez dispersés, je devine quelqu’un qui ne tire pas depuis très longtemps. « C’est pas très fameux... » Que je lâche sans la moindre pression.


#rplibre

Trop jeune, Andie. Trop jeune pour être si affirmée, trop jeune pour être si mature, trop jeune pour avoir autant d'argent dans son compte en banque, trop jeune pour être déjà mariée, trop jeune pour vouloir divorcer, trop jeune pour vivre de son plein gré. Pas trop jeune pour apprendre à tirer. Faire du mal, c'est facile quand on est proche, quand l'arme touche la peau d'en face, quand l'arme est utile à faire peur plutôt qu'à tuer, mais de quoi est-ce qu'on est vraiment capable, une fois que la cible est reculée ? On sait jamais d'où vient le danger.

Tir manqué, cible loupé, et l'envie trop forte de la rapprocher. Le carton est loin, très loin, et je ne sais pas encore totalement faire. Mais on est là pour apprendre et on a tous des points faibles, pas vrai ? Le visage est grimée, les cheveux changés, toujours dans cette optique de ne pas être reconnue. Je veux inspirer la peur, non pas être la fille qui apprends encore à tirer. Les rumeurs vont vite et j'en veux aucune derrière moi. Alors je suis venue en étant différente de d'habitude, pour ne pas être reconnue, au cas où. Et je tire. Encore. Encore. Et encore. « C’est pas très fameux... » roullement des yeux ; "« Sans blague. » le naturel qui reviens au galop, mais le personnage se reprends vite et elle rigole, Andie, posant l'arme sans même remettre la sécurité, jouant la douce écervellée. La voix s'éclarcit, le rire s'adoucit, les traits sont plus charmant. "Je crois que je suis pas très bonne à ça.." fait une moue, regarde la cible de l'homme et la montre du menton ; "Wooow, par contre t'as fais un sans faute !" facilement émerveillée. "T'as été un sniper toi c'est sûr !" et rigole de nouveau, comme si c'était une quelconque blague.


(je me suis permise )

Réponse aussi agréable que ma remarque, je ne m’accroche pas à ses mots. Je suppose que je l’avais cherché, mérité pour avoir fait un commentaire sans qu’on me demande quoique ce soit. Et ça ne serait sûrement pas la dernière. Encore moins avec une femme. Si avec les hommes je savais faire semblant et faire des efforts pour tenir ma langue, avec les femmes, c’était bien plus difficile. Comme tout le reste. Mais qui sait, peut-être qu’un jour ça finirait par venir, je finirais par réussir à avoir avec les femmes la même complicité que les hommes. Bon, bien sûr il faudrait sûrement plus que trois ou quatre mots échangé à un stand de tir pour cela malgré. Je regarde une nouvelle fois la cible de la jeune femme. Chaotique. Mais elle le reconnaît, surprenament malgré ses premiers mots amers. « Si c’est la première fois que vous tirez, ce n’est pas vraiment surprenant. » Je faisais le malin, mais ce n’était pas si facile que cela de viser juste les premières fois. A moi aussi ça m’avait demandé du temps, des efforts, de la pratique. Son regard se pose sur ma cible, affichant un sans faute stratégique. Deux points vitaux touchés si la menace est importante, deux points qui ne le sont pas si la menace est moindre et qu’il faut neutraliser l’ennemi. C’était d’ailleurs cela qui m’avait motivé à apprendre à viser, à être attentif à nos leçons de tir. Je voulais neutraliser avant tout, au lieu de tuer.

Je ne peux m’empêcher d’arquer un sourcil quand elle mentionne un passé trop proche de la vérité. Même si elle plaisantait sûrement en disant cela, elle ne se doutait pas à quel point la vérité n’était pas si loin. Et à quel point ça pouvait me mettre sur mes gardes que qui que ce soit devine cette partie de mon passé. Ou la partie cachée de mon présent. « Non. Mais je me suis beaucoup entraîné. Ca viendra aussi pour vous si vous continuez. » Je lui souris légèrement, espérant qu’elle ne poserait pas plus de question sur comment je suis devenu un as du tir. « Je peux peut-être vous donner un ou deux conseils si vous voulez. Faites voir comment vous vous y prenez ? » Humeur sympathique aujourd’hui, je voulais bien faire cet effort.

« Si c’est la première fois que vous tirez, ce n’est pas vraiment surprenant. » Le problème c'est que ce n'est pas la première fois, non. Sauf que d'habitude, j'ai toujours quelqu'un pour me défendre avec moi, de près, de loin, présent. Rien que présent. Sauf que la vie parfois prends des tournures auxquels on ne s'attends pas, et si l'homme qui est censé vous protéger s'en prends à vous ? Les démons sont horribles mais les pires sont ceux qui partage votre lit. Alors je me dois d'apprendre, rien que le strict minimum, au moins, entre deux ventes, entre deux entourloupes, entre deux déplacements. J'hausse les épaules en signe de réponse, sans répondre à ça. J'en ai pas envie, mais si la chance arrive à moi et que c'est la vie de l'autre ou la mienne, alors le choix sera le plus évident.

Il arque un sourcil à ma blague, et ça m'indique que j'ai touché un point sensible. Il rigole pas, et il va probablement m'offrir la négation. « Non. Mais je me suis beaucoup entraîné. Ca viendra aussi pour vous si vous continuez. » J'en ai connu des menteurs mais je dois dire que celui en face de moi est plutôt bon. Je pourrais presque le croire, si je ne connaissais pas aussi bien les gens. "Si je continue et que j'ai un entraîneur, surtout." et le sourire est convaincu, déjà. Convainquant, tout au moins. « Je peux peut-être vous donner un ou deux conseils si vous voulez. Faites voir comment vous vous y prenez ? » La tête fait oui, le casque se remet sur les oreilles, les lunettes sur le nez et prépare l'arme, retire la sécurité, se concentre, vise. Appuie la gâchette, tire. Baisse l'arme, rigole ; "Si je te dis que c'est ici que je visais, tu me crois ?" essaie de rendre le tout moins glacial, même si ma blague a eu l'effet d'un glaçon.

Elle n'insiste pas sur mes talents de tireur, sur mon passé. En réalité, elle ne cherche même pas à connaître mon identité, comme je ne cherche pas à connaître la sienne. Finalement, ce n'était pas plus mal ainsi, de rester deux inconnus, deux anonymes, et de ne pas avoir à trop en dévoiler sur soi dans un endroit tel que celui-ci. Certains avaient sûrement des histoires terrifiantes à raconter sur leur expérience avec les armes à feu. J'en avais aussi. Pas directement lié à l'arme en elle-même, mais aux dégâts qu'elle pouvait causer. Les conséquences d'un tir manqué, mal placé, parti trop vite, trop tard… J'avais reçu toute éducation dans le domaine, et pourtant, j'étais loin d'être infaillible, alors qu'est ce que ça donnait quand le second amendement de la constitution permettait à n'importe lequel des citoyens de détenir une arme ? Et bien ça faisait froid dans le dos. Comme la cible de la jeune femme à côté de moi. Car quand bien même elle ne chercherait qu'à se défendre, qui sait ce que son tir toucherait réellement. Mais au moins, elle avait l'intelligence de reconnaître qu'elle avait peut-être besoin d'un peu d'aide pour se perfectionner.

Ma proposition acceptée, je remets mon équipement, et garde les yeux rivés sur elle pour voir les éventuels défauts dans sa posture, le tir, lui, serait automatiquement marqué sur la cible. Ou le mur. Le coup part, marqué par le bruit sourd de la détonation. Après quelques secondes, je détourne la tête, constate le point d'impact avec de reporter mon attention sur la jeune femme. « Non, pas un seul instant. » Mais sa tentative de dédramatiser l'échec me fait sourire. « Ça vous arrive de faire des sports de combat ? Vos bras sont trop tendus quand vous tirez. C'est comme pour le judo, ou la boxe, il faut que votre corps reste assez souple pour encaisser le recul. En plus, à être tendu comme ça, le moindre mouvement, même  infime, peut faire dévier votre trajectoire. Et de façon assez marquée. Essayez de baisser le bras, le lever et de tirer presque immédiatement. Ne vous embêtez pas à viser, c'est juste pour voir si sous sentez la différence. »