(celestia) deep talk

@Céleste Courtin-Clarins Elle hésite, elle réfléchit. C'est mauvais signe, c'est qu'elle élabore dans sa tête le beau mensonge. Tu la connais par cœur, vous aviez les mêmes techniques étant plus jeunes. C'est comme un pale reflet dans le miroir, et à cet instant ça te glace le sang. Elle tourne autour du pot, tu gardes le silence, prends toi même ton verre sans le porter encore à ta bouche. "et c'est quoi… cette fameuse raison ?"

Il est temps d’affronter ce vieux démon. Celui qui a vu le jour il y a six ans grâce à moi-même et à ma bêtise. Celui que j’ai mis sous cage et enfoui avant qu’il ne se fraie un chemin jusqu’à la surface tout seul après mon arrivée à Harvard — plus précisément, le jour où j’ai croisé mademoiselle Borgia au détour d’un couloir. Ce même démon qui a grandi, pris de l’ampleur à chaque fois que l’on se croisait, que l’on se regardait, que l’on s’adressait quelques mots histoire de faire bonne figure devant les autres pfos. Celui qui me renvoie au visage ce putain de regret à chaque putain de fois. Je replace une mèche ondulée derrière mon oreille et souffle. Allez Céleste, tu es prête. Tu les as, les mots. Depuis des années. Il faut juste qu’ils sortent une bonne fois pour toutes. « K, je... » Ahem. À mon tour de me corriger. Vieux réflexe quand on s’apprêtait à se confier l’une à l’autre — et qu’est-ce qu’on a pu s’en confier, des choses. « Enfin, Katalia. À cette époque-là, une... très bonne amie m’a fait un sale coup. Le genre avec des répercussions qui peuvent encore me hanter aujourd’hui. » Premiere gorgée de vin pour essayer d’effacer les insultes gravées dans ma mémoire, celles qui peuvent encore fuser aujourd’hui. « On était proches, je l’aimais beaucoup. Et quand j’ai appris que cette histoire, que tout était de sa faute, ça m’a anéantie. J’ai toujours été méfiante, mais après ça... ça a été pire. Et j’ai pris peur. » Je m’arrête, le cœur affolé, assourdissant. Ne m’oblige pas à poursuivre et à le dire, Kat... que j’étais terrorisée à l’idée que la prochaine à me trahir et à me briser encore plus que cette fois avec Nevada, ce soit...

@Céleste Courtin-Clarins Coup de couteau dans la poitrine lorsqu'elle prononce ce surnom. Et bien, parce que tu pensais qu'elle l'avait oublié, comme elle t'avait oublié toi tout simplement. Mais il est resté. Est-il honnête pourtant ? Tu te méfies. Encore plus des gens qui te connaissent le plus, qui savent exactement quoi te dire que tu te retombes la tête la première, car oh oui, t'as jamais la rancœur tenace lorsqu'ils s'agit des gens que t'aimes ou que t'as aimé, malheureusement pour toi. Au début, tu comprends pas où elle veut en venir, tu fronces les sourcils. Est-ce que c'est un message subliminal pour te parler de toi ? Non. jamais tu ne lui a fait de coup pareil, c'est elle qui a blessé la première. "alors quoi ? t'as pensé que j'aurais été capable de te faire la même chose ?" t'es vexée, pire que ça, t'es blessée. Tu portes enfin ton verre à tes lèvres et en bois plusieurs gorgées rapidement sans t'arrêter ni même sans en apprécier la saveur. Ici rien n'a de saveur, sauf les regrets l'amertume qui surpassent de loin tout le reste.

Très vite après lui avoir balancé toutes ces horreurs, j'ai su que j'allais devoir, un jour, m'expliquer et m'excuser. Je ne savais pas quand exactement, mais je savais que c'était inévitable. Parce qu'elle ne méritait pas tout ce que je lui ai dit, parce qu'elle méritait de savoir pourquoi. Et, tout simplement, parce que je tenais (tiens toujours) à elle. J'y pense depuis des années, à ce jour ; il y a même eu des périodes où j'y ai pensé chaque nuit pendant des semaines, au point de ne pas pouvoir trouver le sommeil tant cela me parasitait l'esprit. Les explications et les excuses se sont confondues là-dedans, elles se sont emmêlées et succédées, se sont construites et améliorées. Le meilleur pour Katalia Borgia, après tout. En tout cas, sur ce point, j'étais prête -- bien qu'en réalité, ce qu'il se passe diffère toujours un peu de ce qui a été prévu. En revanche, je n'étais clairement pas prête à voir sa réaction. Bien sûr, je me la suis imaginée : deux issues, deux cas, le meilleur et le pire. Pour le meilleur, je ne vais même pas prendre la peine de l'évoquer. Je ne suis pas idiote et j'ai passé l'âge de me voiler la face. Et le pire... était bien loin de ce qu'il se passe maintenant. Je n'avais jamais imaginé pouvoir la blesser à nouveau. Ça me flingue, de le voir sur son visage. Mais je lui dois la vérité, aussi douloureuse soit-elle. Pour nous deux. Alors je déglutis, essaie d'avoir un contrôle sur ma voix pour qu'elle ne tremble pas et révèle l'une de mes plus grandes faiblesses. « Oui, j'y ai pensé... À quelque chose près, on a reçu la même éducation, toi et moi. Nous sommes là pour le meilleur. Ceux qui sont en-dessous, on les écrase ; tous les autres sont des obstacles et... il faut se débarrasser, de ces obstacles. je soupire, parce que franchement, je déteste cette partie de mon éducation. Mais c'est, hélas, le prix à payer quand on vit dans un monde de requins. Tu aurais été la mieux placée pour me faire tomber. Et ça... je souffle, sens que mes yeux ne vont pas tarder à me brûler. Rien que l'idée... Je n'aurais jamais pu m'en remettre. » Parce que notre amitié était spéciale, à mes yeux. Peut-être qu'aux siens aussi, à l'époque. « Alors j'ai cherché à me protéger. » Et je n'ai rien trouvé de mieux que faire mal avant qu'on me fasse encore plus mal.

@Céleste Courtin-Clarins "t'étais pas un obstacle… t'étais une alliée, une amie, une arme. oui on m'a toujours appris à être la meilleure, celle qui va le plus loin, mais j'ai jamais voulu le faire en laisser les autres sur le bas côté, pas certaines personnes en tout cas… quelques rares. dont tu faisais parti." tu soupires longuement en perdant le regard au fin de ton verre de vin rouge et sombre. "t'étais tout ça, maintenant t'es plus rien." A vrai dire, tu ne veux même plus que ce soit une ennemie. Tu veux arrêter de te faire du mal dès que tu la vois. Tu veux juste oublier, faire comme si de rien n'était, la rayer définitivement et ne plus lui laisser un seul moyen de te blesser. "tu pensais vraiment qu'en me donnant le moyen de te faire tomber j'allais forcement le faire ? whoah, superbe perception de l'amitié." tu siffles entre tes dents, les sourcils froncés et le regard qui va ailleurs. T'as voulu la vérité, maintenant tu l'as, mais ça veut dire que c'est pas affreusement blessant oui difficile à encaisser.

À chaque jour son évènement marquant, celui qui nous permet de revenir sur notre journée et d'en parler à quiconque souhaite nous écouter. Ce soir, ce sont des mots qui me frappent, dans tous les sens du terme. Ils me surprennent, me noient sous leurs coups incessants. Maintenant t'es plus rien. Ils imprègnent ma peau, s'ancrent dans mon esprit, transpercent mon cœur. T'es plus rien. Ils me flinguent. Je suis flinguée, fusillée sur place. En une fraction de seconde. Mon cœur devient cette plaie béante qui le prive de tous ses battements, de tout ce qui le fait vivre. Je n'arrive même plus à savoir si la douleur l'a paralysé ou si elle l'a tout simplement achevé. Quand je me rends compte de ce qui a été réellement dit, j'ai l'impression que cet idiot de palpitant s'est arrêté, qu'il pèse lourd, qu'il m'engourdit. Mais quand l'écho des mots raisonne à nouveau, la douleur se met à l'étouffer. Jusqu'à l'asphyxier. T'es plus rien. Elle regarde ailleurs et ça tombe bien ; impossible de soutenir son regard, il me transpercerait encore plus. Il me rappellerait à quel point elle me déteste. À quel point je ne suis rien pour elle. Et c'est légitime. Qui sème le vent récolte la tempête, n'est-ce pas ? La voilà, ma tempête. Celle qui défonce tout sur son passage. Elle est là. Et putain, qu'est-ce que ça fait mal.
J'ignore combien de temps je reste silencieuse après ça. En une fraction de seconde, elle a même réussi à voler ma voix. Peut-être le temps de quatre, cinq secondes. Peut-être plus. Tout ce que je sais, c'est qu'en attendant de retrouver l'usage de ma voix, je pousse mon verre un peu plus loin de moi. Je n'ai même plus envie de le finir. « De toute manière, il n'y a plus d'amitié. » dis-je enfin, le souffle presque coupé. J'aurais préféré lui répondre de manière plus cinglante, plus blessante, pour lui prouver que tout ce qu'il vient de se passer ne m'atteint pas. Mais le poids de ses mots est tellement écrasant que je ne suis même pas capable de répondre aussi sèchement que ce que j'aurais souhaité. « Et je crois que je n'ai plus rien à faire ici. Tu as eu tout ce que tu voulais. » Mais au moins, j'aurais eu le mérite, ce soir, d'avoir eu une once de contrôle sur mes émotions (pour une fois). Je sens que rien ne va à l'intérieur, mais je fais de mon mieux pour rester le plus impassible et le plus digne possible -- et je peux m'en féliciter. Certaines auraient fondu en larmes. D'autres auraient hurlé, peut-être brisé un vase en l'envoyant de l'autre côté de la pièce. Mais j'ai tenu bon, et je suis capable d'abandonner mon verre ici sans me retourner. Papa me crierait certainement de ne pas lui tourner le dos mais là, je m'en moque. Qu'est-ce qu'un coup dans le dos, à côté d'un cœur en miettes ?

@Céleste Courtin-Clarins Les mots qui blessent, tu ne connais que trop bien ça. Des années après, la situation s'inverse pourtant… pourtant tu prends aucun plaisir à faire ça. Trou béant qu'elle a laissé dans ta poitrine sans vie, voleuse des sourires et des couleurs de ton visage. Tu lui rends la pareille, mais t'as mal. Presque autant que la dernière fois, peut être plus encore. La douleur dans tes tripes et dans les traits encore une fois. Ton visage impassible en toute circonstance s'effondre et t'es forcée de regarder ailleurs car là bien au fond de tes pupilles qui se mettent à briller, y'a juste ton âme complétement à nue. T'as envie de balancer le verre au fond de l'évier, ou à travers la pièce. Faire n'importe quoi, briser le silence qui devient pesant. Juste car ta peur que, de là où elle est, elle puisse entendre ton battant qui s'emporte sous le poids de la peine. Tu veux pas qu'elle entende ou voit à quel point t'es blessée et pourtant… étrangement t'as du mal à le cacher. C'est pas comme avec tout le monde. Un beau mensonge ou une belle pirouette ne suffira pas. Car c'est elle. De quelques mots vifs elle met un terme à la conversation mais toi, t'es pas prête "non j'ai pas terminé." Tu lances d'un ton sec, la forçant et faire croiser vos regards, le tien ayant repris sa contenance habituelle avant de finalement s'adoucir sous tes paupières fébriles et tes sourcils soucieux "une dernière chose…" tu prends une inspiration "pourquoi… t'as attendu autant d'années pour le le dire ?" Non c'est pas la dernière chose. T'as encore mille mots, mille questions, t'as besoin de t'arracher cette douleur de la poitrine "est-ce que tu regrettes ?"

Je ne veux plus rester là. Je veux partir, claquer la porte derrière moi, quitter cette bulle oppressante qui m'assomme un peu plus seconde après seconde. Je veux respirer, gonfler mes poumons d'air frais, calmer ce cœur qui ne sait plus s'il doit redoubler d'effort ou s'éteindre complètement. Je veux... partir. Me préserver de la douleur. Arrêter de me torturer en restant près d'elle, près de ce qu'on était, de ce qu'on ne pourra plus être. Parce que j'ai tout tué. Je l'ai tuée. Ça s'est vu dans son regard, ce jour-là. Et aujourd'hui aussi. On se connaît par cœur ; on a beau essayer de le cacher, on sait où se trouvent les fissures dans ce masque qu'on s'obstine à montrer. Je suis persuadée qu'elle l'a vue, la douleur qu'elle m'a infligée. Le coup de grâce -- calculé ou non, je le mérite, et personne ne pourra dire le contraire. Alors je veux m'éloigner, panser cette ultime blessure avant qu'elle ne m'engloutisse entièrement. Mais Katalia me coupe dans mon élan, prolonge notre entrevue déchirante. Curieusement, je reste. Une profonde inspiration et je me tourne, lui fais face. Mes yeux brûlent encore plus lorsque je vois ses prunelles s'adoucir. Passant ma main sur mon visage pour effacer toute trace de ce torrent d'émotions qui me noie, je laisse échapper un soupir tremblotant. Deux questions. Et elle aura ses deux réponses, une après l'autre. « Tu méritais mieux qu'une girouette en proie à ses émotions. » Et ce n'est ni plus ni moins que la vérité, aussi dur soit-il pour mon égo. « Je n'allais pas revenir comme ça, comme une fleur. Tu... tu méritais mieux. Tu mérites tellement mieux, K. » Pourquoi est-ce que tu me retiens ? que j'ai envie de lui hurler. Pourquoi ? Mais je ravale ma salive et, pour la deuxième réponse, baisse le regard un bref instant (et ce n'est pas de moi). « Tu es l'une des rares qui me connaissent autant. Malgré tout ce que j'ai voulu montrer, je sais qu'au fond de toi, tu sais. » Incapable de le dire à voix haute. Parce que j'ai toujours eu du mal à m'ouvrir à vif devant les autres, devant mes proches. Parler de ce que je ressens tout au fond... c'est compliqué. C'est accepter et dévoiler mes faiblesses, mes peurs les plus profondes. Et puis là, peut-être que je veux seulement m'assurer qu'il y a toujours ce truc, cette connexion entre nous. Qu'elle est toujours capable de lire en moi comme dans un livre ouvert. Qu'elle me connaît toujours autant.

@Céleste Courtin-Clarins Souvenir brulant d'un passé disparu. Cette petite lettre, cette simple foutue lettre, propulsée au milieu de la conversation comme une relique du passé. T'aimerais, tu voudrais lui en vouloir encore plus, la détester plus que de raison pour avoir réouvert cette plaie béante et pourtant… pourtant toi-même t'as fauté il y a quelques minutes. Oui mais toi t'as le droit. Car toi tu ne l'as pas repoussé, jamais. Sauf aujourd'hui. Sauf depuis quelques semaines. Mais au fond car t'es persuadé que les conversations ne vous mèneront jamais à rien. Tout a été brisé et t'es pas une personne rancunière mais… t'as besoin de temps. T'as surtout besoin de te convaincre qu'elle n'a plus voulu être ton amie et qu'elle ne le veut surement toujours pas. Que t'as pas le droit de faire ça à ton cœur blessé. T'as pas le droit de te raccrocher à cet amour que t'as jamais cessé d'avoir pour elle. T'as pas le droit de faire encore plus de mal à ton cœur meurtri qui en a déjà assez subit. "je sais… et c'est surement ça le plus dur à encaisser." Oui tu comprends son mal, tu comprends ses actes, tu comprends car tu la connais si fort si bien. Enfin tout ça au passé, maintenant tout est terminé. T'as voulu avoir ta conversation, tu l'as eu, maintenant t'as juste envie de t'effondrer. Une seconde fois, comme il y a des années. Mais pas devant elle, elle ne mérite pas ça, elle ne mérite pas de voir tes larmes. "je te remercie d'avoir été honnête." Qu'est ce que tu veux d'elle maintenant ? L'ignorer ou lui sourire, lui parler ou l'oublier ? T'en sais rien, tu sais plus. Là tout de suite tu veux surtout t'envoler. Pourtant tes ailes elles ont été coupées, alors c'est juste le fracas de tes talons sur le marbre qui t'emportent vers un ailleurs si possible plus paisible. "bon après-midi…" tu quittes la pforzheimer sans un regard de plus en arrière et lorsque t'es dehors, complétement seule et dans le froid des prémisses du printemps, tu termines "C…" t'as envie de te croquer la langue, juste pour te punir de l'avoir dit, de l'avoir pensé. Surtout pour te punir de l'avoir désiré.

fin du rp