(TW) Bad Trip (libre)

C'est beau cet endroit, c'est festif, du monde partout, et t'es dans un état second. Créature désinhibée par la drogue et l'alcool, tu danses dans la foule que tu trouves habituellement oppressante. Tu vides les verres rapidement, tu files dans les chiottes du bar pour te faire un nouveau rail de blanche sur la coque arrière de ton téléphone. Ça te pique le nez, tu le frottes, tu renifles quelques fois pour être sûre de ne pas en laisser sur les bords de tes narines et tu sors comme si de rien n'était. Tu retournes t'amuser, mêler ton corps auprès de ceux d'inconnu.e.s jusqu'à te sentir mal. Ton esprit s'assombrit, se trouble, crise de panique. Tu quittes la piste avec précipitation, cherche de l'air à l'extérieur. Gamine effrayée, tu cherches refuge sur les marches d'un bâtiment. Tu balances ton corps d'avant en arrière, t'as la sensation qu'on te dévore de l'intérieur, tu joues de tes mains avec frénésie sur ta peau. Tu te griffes, te pinces, tu marmonnes des trucs insensés, et tu ne fais pas attention à la présence qui te fait face. Silhouette floue, sans doute inconnue, ou peut-être connue.

★ ─ bad trip
w/ @Eliza Mickelson

Au dernier moment on m’avait parlé d’un Spring Break qui se ferait à la Nouvelle Orléans. C’était en quelque sorte une bonne opportunité pour mixer et me faire connaitre. Davantage. Je m’y étais donc rendu, ayant réussi à trouver des créneaux toutes les nuits, et même en journée. Cela faisait maintenant quatre jours que je n’arrêtais pas. Légèrement sur les rotules, car ce n’est plus vraiment de mon âge de rester éveillé autant de temps. Je n’ai plus l’âge de tous ces jeunes qui dansent sur ma musique. J’ai l’esprit jeune, mais mon corps ne l’est plus lui. Cette nuit-là, j’avais mixé en début de soirée. Plutôt content, je pensais pouvoir rentrer à l’hôtel, très vite et dormir comme une loutre. Sortant dehors, j’envoyais un message à ma belle pour lui dire que j’avais terminé et que je me dirigeais vers l’hôtel, précisant que je lui enverrais un message une fois arrivé. Mais dès lors que je rangeais mon téléphone dans la poche intérieure de ma veste, je vis au loin une silhouette. Et quelque chose me fit dire qu’elle n’allait pas très bien. Je ne pouvais pas partir et faire comme si je n’avais rien vu. Et si ça avait été ma fille … J’aurais aimé qu’on l’aide. J’avançais donc vers la jeune femme, fronçant les sourcils je pouvais voir qu’elle était complètement défoncée. Ah la drogue … Je me mets alors à sa hauteur, pour ne pas la brusquer. “Ça va ?” Quelle question ! Je râclais ma gorge, avant de rajouter. “Souhaitez-vous de l’aide? ”