Avant toute chose, avant que tu commences à vouloir me déchiffrer en tentant de rentrer dans ma tête et de comprendre qui je suis et pourquoi j'agis comme ça, on va déjà parler de l'origine de mes prénoms.
Tu te demandes bien d'où ça sort, ce Marso, non ? Et puis ce Bruce ? Tu dois te dire que ça à une signification, une putain d'origine lointaine et qui pourrait m'apporter un minimum de streetcred ? Et bien tu te trompes, tu te fourres un bon gros doigts dans l'œil, prend le pouce, histoire de bien le sentir. Mère alcoolique, père drogué et fan de Bruce Lee. Tout deux originaire d'Angleterre et venue s'installer à Boston aux alentours de leurs vingtaines, et bien figuré vous que ces deux énergumènes ont toujours été fan de la France. Hm la Tour Eiffel, hm les croissants, hm la baguette de pain. Bref je vais pas tout te citer, toi comme moi on en a un peu rien à carrer et vu tout ce que j'ai bouffé en étant gosse, je peux t'assurer que j'ai aucune envie de foutre les pieds dans ce pays. Putain, je vois encore ce tableau de l'arc de Triomphe accroché dans les chiottes. Bref, je parle je parle, mais à aucun moment tu comprends pourquoi je m'appel Marso. Bruce si t'es un minimum éveillé t'as compris. Père, fan de Bruce Lee. Deuxième prénom Bruce. Au passage, je suis plusieurs fois allé à l'école dans le costume de Bruce Lee, ouais, merci de la fermer à ce sujet. Donc, Marso... Je vous mets dans le contexte, on est le jour de ma naissance, mon père est complètement défoncé, aucune idée de ce qu'il a bien pu prendre. Ma mère elle, fidèle à elle même, complètement perché, à des années lumières de notre Terre. De base, je devais m'appeler Marceau, fan de la France tu l'as retenu ça. Sauf que mon père, mon putain de père qui n'a jamais été foutu d'être sobre au moins une putain heure, l'a écrit Marso. Ouais, il a osé, et le pire, c'est que mes deux abrutis de parents ont trouvé ça, je reprends leurs mots, "Américanisé". Ta grand mère aussi elle est américanisé ? Alors voilà, j'ai débuté dans la vie de cette façon, je suis arrivé sur terre avec deux parents pas capable d'être un minimum réveillé, pas capable de donner un putain de prénom passe partout à leur gamin. Quelle merde.
Je pense que là, tu commences à comprendre que ma vie, ça n'a pas été une petite vie tranquille. Je peux pas dire que j'ai eu une enfance de merde, non, elle a été ultra merdique. On va faire simple, car pour le coup, on s'en branle un peu de reparler de ça, ça n'avancera à rien, tu n'as pas besoin de savoir, tu n'as pas besoin d'en apprendre plus à ce sujet-là. J'ai déjà vu assez de psy dans ma vie. Parents à problème égal enfant à problème. Heureusement qu'ils n'en ont fait qu'un comme moi d'ailleurs. Ouais, j'ai appris que mon père avait des problèmes au niveau des testicules, bref, je vais dégueuler. Je parlais donc des psy, le dernier que j'ai vu c'est en prison, et du coup, c'est de ça qu'on va parler. De la prison. Pourquoi ? Comment ? Combien de temps ? Innocent ou coupable ?
J'y ai passé deux ans, de mes vingt deux ans à mes vingt quatre ans. Officiellement, je suis tombé pour vente de stupéfiant et conduite en état d'ivresse, mais ça, c'est parcequ'ils ont jamais réussis à prouver que j'avais quelque chose à voir avec le meurtre de Sean. Sean, parlons en de cette petite merde, repose en paix au passage. Le respect des morts un minimum. Donc ce mec là, je l'ai rencontré lors d'une soirée dans les quartiers pauvres. Une maison délabré, de la musique un peu trop forte, beaucoup, beaucoup de personnes à qui vendre de la drogue, beaucoup de tête à claque. Sean, il m'achète de la drogue ce soir là, mais Sean son problème, c'est qu'il en a toujours voulu plus. Un soir, deux soirs, trois soirs. Un mois, deux mois, trois mois. Quand le mec il vient jusqu'à chez toi pour te demander de le dépanner, quand le mec il te menace de tout balancer de tes activités aux flics si tu lui donne pas ce qu'il veut, t'es obligé de prendre des mesures adéquates pour lui faire fermer sa gueule. Alors j'ai composer quelques numéros, j'ai payé gros, j'ai craché pas mal de billets pour le faire supprimer. Oui, ça a fonctionner, oui, il repose six pieds sous terre, oui, on a jamais balancé mon nom, mais oui, y'a eu des soupçons sur moi. Moi, petit dealer, enfant de drogués, fils de pute, bon a rien, celui qui passera pas les trente ans... "Tu vas la ramasser la savonnette si tu ne nous dit pas ce que tu sais." Plutôt crever que de parler, j'ai pas payé pour ensuite avouer, autant le faire moi-même dans ce cas-là non ? Au passage, je ne l'ai jamais ramassé cette putain de savonnette, faut savoir se faire respecter, mais faut pas non plus être trop sauvage, au risque de te retrouver seul dans un coin avec une dizaine de mec prêt à te défoncer la gueule et te raser le crane à coup de lame de rasoir. On dit souvent que la prison ça te change un homme. On dit souvent que si tu sors de prison, y'a deux options qui s'offrent à toi, soit te ranger, arrêter les conneries, soit y retourner dans les mois qui suivent. Honnêtement, j'ai pas changé, j'ai pas changé le moins du monde, et je n'y ai pas remis un foutu pied. Je pense même que ça m'a appris à me démerder encore plus, et ça, malgré le fait que la psy a toujours voulu comprendre ce qui m'avait poussé à devenir la personne que j'étais. C'est sur que de s'asseoir sur une chaise en rond, entouré de vrais têtes de con, ça aide et ça donne envie de tout déballer.
Mais tout ça, c'est derrière moi, depuis que je suis sorti, je continue mon bordel, je n'ai pas de travail déclaré, par moment, lorsque je sens que je vais trop loin et qu'on risque de mon tomber dessus, je vais dans une boite d'interim taffer une semaine ou deux histoire d'avoir des preuves au cas où. Je ne vis pas d'amour et d'eau fraiche, loin de là. Je vis de violence, de drogue, de corruption, de relation, je part du principe que tout objet peu se vendre, que toute offre peu être étudier, et que chaque personne est un pigeon a enculer. Je n'ai confiance en personne, je ne pense même pas avoir confiance en moi-même c'est pour dire. Mais à part ça tout va bien, à part le fait que je n'ai pas de réel ami, que je n'arrive pas à garder une relation plus de deux mois, que je finirais surement par me faire tuer car je serais tomber sur plus fort que moi, je m'en sort bien. Peut-être même qu'un jour je me foutrais une balle dans le crane avant que quelqu'un ne le fasse, qui sait ?
Pour en finir avec tout ça, pour en finir avec cette histoire de ma vie qui ne suffirait pas à résumer qui je suis vraiment, je vais vous demandez, qu'est-ce que j'aurais du dire, à cette putain de psy aux lèvres refaites ? "Mon père était un junky, ma mère une alcoolique, j'ai passé plusieurs jours sans rien manger, juste à boire l'eau du robinet car le peu d'argent que mes géniteurs avaient passait dans la drogue, donc je suis une erreur" Ouais, une erreur, mais le truc c'est que je me suis fait à cette putain d'idée, à l'idée d'être une erreur, un test. L'idée que t'étais pas forcément destiné à naître. L'idée que ta vie, ça sera de la merde toute ton existence. Mais tu sais quoi ? J'en ai rien à foutre, j'en ai complètement rien à foutre. Je me branle bien d'où je viens, je me fais mon propre chemin, parfois, je prend des raccourcis, parfois des rallongements. Je n'ai pas vraiment de but en soit, je marche à la violence, au feeling, jusqu'au jour où il sera trop tard.