ARTHUR C. CARTIER ► Lorenzo Zurzolo

Arthur a vu le jour à Paris, en 1996, l'année des  150 ans du groupe Cartier. D'aussi loin qu'il se souvienne, personne ne lui avait expliqué ce qui était arrivé à sa mère; son père l'évitait la plupart du temps, lui préférant la direction de Cartier, la multinationale, le véritable amour de sa vie. Il savait juste que la femme de son père n'était pas sa mère biologique, et il l'avait toujours soupçonné d'être une croqueuse de diamants. Sa mère était morte, quand il était encore bébé, et ses nourrices ne lui en diraient pas plus.

Il a toujours été jaloux des familles aimantes et animées qu'il voyait à la télévision; il y voyait des fêtes de fin d'année passées en famille, de grandes fratries, des parents aimants... Les fins d'années de son enfance se résumaient à une poignée de main solennelle de son père, un cadeau choisi par une assistante, et une soirée passée seul devant la télé. Son père passait traditionnellement la fin d'année au soleil, avec son épouse, qui ne pouvait supporter un gamin pendant ses vacances. Arthur a donc fini par haïr sa belle-mère, et plus elle gagnait l'affection de son père plus elle le dégoûtait. Il lui aurait suffit de cohabiter paisiblement avec elle, mais Arthur est rancunier, et il n'a jamais su faire semblant.

Alors il fut décidé de l'inscrire dans un pensionnat pour garçon, en Suisse, ne revenant à Paris que pour les vacances. Il aimait la campagne Suisse, et s'était même habitué à la rigidité de son éducation. Et c'est là qu'Arthur s'est mis en tête qu'en excellent dans ses études, qu'en donnant le meilleur de lui-même, il finirait sûrement par impressionner son géniteur. Il demanda et obtint de poursuivre ses études au Royaume Uni. Il avait commencé à établir des plans sur le long terme; il ne voulait plus impressionner son paternel. Désormais il visait Oxford, sûrement Harvard, et avec du temps, les bons lobbys, il pourrait tenter de virer son père du siège du groupe Cartier. Tout irait parfaitement, tant qu'il s'en tenait à son plan.

Entretemps, Arthur avait développé un goût pour l'alcool, les soirées, les filles. En tant que fils d'une famille d'anciens joaillers, il avait toujours un joli diamant à disposition, une montre, une bague, et il comprit qu'il pouvait s'acheter le monde, s'il le demandait. Et à défaut d'avoir la famille qu'il voulait, Arthur maintient un cercle social sélectif à Oxford. Il avait fait son hobbie de réunir l'élite de son âge autour de lui, que ce soit à Paris ou à Londres, ou même à New-York, où il aimait passer le temps. Ambitieux, il avait hâte de se faire un nom à travers le Groupe Cartier. Il s'est mis à organiser soirées, galas, enchères, et voyages comme personne. Et une fois son Bachelor en Business obtenu, son inscription à Harvard était la suite logique.