Xifei Li ► Xu Jiaqi

Statut de marbre, jolie poupée ;; elle serait belle dans un musée. Gamine poussée aux limites neon red de la perfection, image ((trop)) sage plus que vivante. Mécanique, mutique. Enfant unique qui fait tâche dans le tableau d'une famille élitiste ou les héritiers sont des hommes. Parents désabusés - déçus, blasés, elle sait pas trop - le géniteur se lasse vite d'elle, obnubilé par son business sûrement pas très net. Macao ville des folies, Vegas chinois dirigé par l'argent perdu aux jeux truqués de casinos aux lumières agressives dans la nuit. Li marqué au fer rouge sur les cartes et les jetons, poker face contre les rumeurs qui font rage. Li fondu dans l'or des bijoux, gravé à même le diamant des pièces d'orfèvre réputées à travers l'Asie. Sad little rich girl, if only you could smile.

Poussée vers les échecs par sa mère dès l'âge de quatre ans, elle commence la compétition à neuf ans. Brillante, montrant des capacités de repère dans l'espace impressionnante pour son âge, une excellente mémoire et un jeu agressif sous la pression, son classement ELO atteint deux mille points à l'âge de douze ans. Réputée en Chine pour ses ouvertures simples et ses fermetures rapides laissant peu de chances à ses adversaires, elle est sélectionnée pour faire partie de l'équipe chinoise junior d'échecs aux championnats du monde 2011. Remporte la compétition, annoncée favorite. Technique acclamée par les plus grands, mais elle reste froide - une illusion maîtrisée quand le cœur bouillonne d'une fierté mal contrôlée - obstinée. Rejoint les rangs des grands maîtres internationaux après sa victoire, ainsi qu'une place d'honneur, étant la plus jeune femme à remporter le titre. Surnommée the ebenist due à la récurrence de ses parties gagnées avec les pièces noires.

[...] Sa vie se résume à un univers en noir et blanc composé de soixante quatre cases ou les plus faibles n'ont d'autres choix que se sacrifier au bon vouloir des puissances supérieures. Elève irréprochable mais isolée, concentrée sur une réussite scolaire plus que sociale, c'est une gamine seule. L'aura en nuances de gris qui perd ses nuits sur des analyses de parties, petit trésor de Chine. Toujours active sur le plan international, plus obsédée à l'idée de gagner contre un programme ordinateur que contre l'être humain ((l'erreur leur appartient)). 2015, sa qualité de jeu se dégrade doucement, dépassée par d'autres - plus ingénieux, plus dangereux, les même à avoir repassé ses parties à la lueur psychotique d'un écran brûlant - qui connaissent ses moindres faiblesses. The ebenist se retire de la grande scène à dix huit ans, annonce une pause dans une carrière malmenée, jalousée, admirée. Acceptée à Beijing en sciences de l'ingénieure, toujours passionnée à l'idée de battre un programme informatique formaté pour gagner le moindre jeu. Elle est la fierté dépolie d'une famille reléguée au second plan.  

Les échecs ne sont plus un monde, un passe temps tout au plus, une guerre contre elle même - le besoin viscéral de se battre monté à la tête - presque pathétique. Vie passive -agressive, étudiante glorieuse formatée par des années de compétition ;; elle est rationnelle, pragmatique, incapable de tolérer la moindre erreur. Tombe amoureuse. Il est tout et son contraire, étudiant lassé aux désillusions acides. Fils de bonne famille à la réputation entachée de volontés révolutionnaires, gosse vif aux idées parfois dangereuses. Rêveuse à ses côtés - besoin sacral de se révolter quand elle l'embrasse en secret - elle se sent libre.    

Relation de deux ans avec celui qu'elle pense être le bon - comble de la naïveté à son paroxysme - sans révéler quoique ce soit à ses parents ((figures d'une autorité contestée au pouvoir encore trop grand, capables de la rapatrier à Macao au plus faible écart)). Fantôme disparu sans donner de nouvelles, revenu marié en 2020 après trois mois sans réponses ;; l'excuse est mauvaise, sombre histoire d'alliance politique à laquelle elle apporte en réalité peu d'importance. Redevenue gamine à pleurer dans l'oreille pour un chagrin d'amour qui n'en vaut pas la peine - ça dure deux heures, peut être même trois, élipse éclipse - la lune avant le soleil. Elle décide de partir étudier aux USA après avoir envoyé son dossier à Harvard pour intégrer un programme d'ingineering en sessions d'été avant la rentrée de septembre. Arrivée à Boston en août 2020, relativement perdue et dépassée par une culture western dont elle ne comprend pas toutes les subtilités malgré un anglais parfait ;; éloignée de la pression familiale, angoissée à l'idée de perdre le contrôle. Effacée, téméraire, ambitieuse. Dangereuse.