PERSÉPHONE BAE KERR ► zahara davis

Sa mère est née et élevée en Amérique, une beauté éblouissante qui ne s'était pas fanée malgré les années passées, descendante d'immigrants. Son père est né au Pakistan dans une famille nombreuse, mais choyé. Il a immigré aux États-Unis pour poursuivre ses études d'avocat à Harvard. Des regards furtifs au premier abord, des sourires complices et des baisers échangés à la fin. Deux amoureux transit. Ne voyait ni couleur de leurs peaux, ni l'origine de chacun, seulement deux personnes qui sont tombées amoureuses de l'âme de l'autre. Un amour pur qui se définissait par un homme près à tout donner, une femme prête à tout abandonner. Des mois et des années inoubliables qui furent scellés par le mariage. Une magnifique union entre deux peuples, entre deux cultures, mais surtout, entre deux amoureux. Par plus tard, un enfant unique tissé d'amour. Elle se nomme Perséphone Bae Kerr . Héritière des cheveux ébène de sa mère, mais les yeux pétillants de clairvoyance de son père. Ce dernier était fier comme un paon de sa princesse. Ils voyagent au Pakistan pour visiter la ville natale de son père , Islamabad. Sa petite Persé, c'est ainsi qu'il la présente. En un claquement de doigt, elle est devenue la coqueluche de la famille Kerr. Il y avait une ambiance conviviale, sauf de la part du frère cadet, d'humeur cynique en permanence. Sa mère s'est tout de suite méfiée, mais ne dit rien à son père pour ne pas le blesser. Ils l'avaient accepté avec beaucoup d'amour, elle ne voulait pas gâcher le moment. Les jours passent, l'heure du départ avance. Durant ce laps de temps, son père commence à changer d'attitude. Le temps de partir, il prétexte une fausse raison à sa femme, le croyant parole sur parole, elle décide de prolonger son séjour, sans vraiment se questionner. Et puis, son père devient soudainement de plus en plus violent, incompréhensible. L'être aimant et le père modèle fut remplacé par une masse bouillonnante d'animosité. Quand sa femme tente de lui faire comprendre qu'ils ne peuvent pas rester plus longtemps, il refuse d'y retourner tout comme il refuse pour sa fille, mais se fiche bien que sa femme parte ou non. Regardant son enfant, Perséphone, qui n'avait que quelques mois, les yeux remplis d'incompréhension et d'innocence, fut la raison première pour sa mère de s'enfuir à l'ambassade américaine. Il était hors de question pour elle que son enfant grandit dans une ambiance sordide et violente. Jamais elle ne revue son mari, tout comme jamais Perséphone ne connaîtra son père.

C'était un matin, le 11 septembre 2001, Perséphone engloutissait ces céréales, venant tout juste de se rétablir d'un rhum, tandis que sa mère sirotait son café en regardant l'actualité. Cette dernière reste pantoise devant la terrible annonce des écrasements des avions dans les tours jumelles, au pentagone et la Pennsylvanie. Un amer présentement parcouru ses veines. C'est comme-si elle le savait, sans toutefois en être certaine. Perséphone, plus lucides que les autres de son âge, ne posa pas de question quand sa mère lui demanda qu'elle reste dans sa chambre sans justification. Quelque jour plus tard, suivant les écrasements, un suspect fut arrêté. Abraham Malik Kerr, membre des djihadistes d'Al-Qaïda, fut arrêté pour ces actes terroristes.  Des photos filtrés montrent son père en présence des mêmes kamikazes des attentats du 11 septembre. L'arrestation médiatique de son père fut le début des cauchemars. Le téléphone sonnait sans arrêt. Les gens sonnaient chez elles à n'importe quelle heure, des manifestants se maintenaient dehors devant chez elles, jurant des propos racistes, accusant sa mère d'avoir épousé un meurtrier et d'avoir attiré un terroriste dans leur pays. Les parents de sa mère, ses grands-parents, ont coupé tout contact avec elles. Sa mère perd son emploi pour des raisons invalide. Nesayem se faisait regarder d'un mauvais œil par ses camarades tout comme ses professeurs. Ce fut par accumulation de ces harcèlements, jugement sans fondements et de la peur qu'un mal soit fait au à sa fille, que sa mère décide d'immigrer au Canada.  Elles furent vite oubliées aussitôt qu'elles partirent.  

Elles ont tout effacé derrière elles, ne laissant aucune trace de leur passé. Elles n'en restaient pas tout de même cicatrisées. Surtout Perséphone. Malgré qu'elles aient immigré au Canada, sa mère devait subvenir à leur besoin. Cette dernière n'a pas obtenu son diplôme en médecine, car le métier d'avocat de son ex-mari répondait amplement à leurs besoins et il l'avait convaincu que c'était meilleur pour Perséphone d'avoir sa mère disponible en tout temps pour elle. Quelle naïveté, elle en paya les conséquences. Voyant dans quelle misère elles vivaient, Perséphone fit de son mieux en tout. En tant que fille, en tant que personne et en tant qu'humain. Elle se surpasse en tout. Quitte à n'avoir qu'une minuscule poignée d'amis, ou même du tout. Des cours élémentaires au lycée, elle enchaînait les réussites. Ayant peu, mais arrivait à tout. Elle chérissait le rêve de devenir médecin tout comme sa mère le souhaitait l'être autrefois. Elle veut marcher dans les pas de sa mère, sans toutefois répéter les mêmes erreurs. Tout comme elle, Perséphone décide d'intégrer Harvard, ignorant le fait qu'elle rentrait dans le même terrain hostile qu'elle avait quitté des années avant. Perséphone était comme ça, se sacrifier pour parvenir à ce qu'elle veut. Ce qui fut amplement récompensé en faisant maintenant partie des rares étudiant ayant obtenu une bourse d'étude, surtout en médecine.