Vendredi 8 Janvier. 06:30 pm
Restez chez vous. Ne prenez pas la route si ce n’est pas nécessaire. Le message était répété partout. Je l’avais entendu de trop nombreuses fois. Et, franchement, en jetant un coup d’œil à l’extérieur, vous n’aviez pas envie d’aller à l’encontre de ces consignes. Bordel, j’aurai aimé rester chez moi au chaud aux côtés de mon petit-ami. J’aurai aimé ne pas prendre de risques. Cependant, l’Enfer m’était tombé dessus et le choix n’existait plus. Ce soir, je ne pouvais pas décider de mon avenir. Je devais faire ce qu’on m’avait dit. Ce que Rob m’avait ordonné. Je devais retrouver ce client bloqué à l’hôtel depuis plusieurs jours. Ce client un peu trop sur les nerfs. Ce client qui m’attendait impatiemment. J’avais essayé d’expliquer la situation à Rob et de lui dire que ce n’était pas possible. J’avais tenté de repousser ma venue auprès de cet homme qui attendait. Mais, les choses étaient tombées. Limpides. Impossible à oublier. Impossible à contourner. Si je n’allais pas à ce rendez-vous, je brisais le deal. Si je brisais le deal, Rob foutrait une balle dans la tête de la sœur de Côme avant d’attendre l’arrivée de Côme pour le tuer dans d’atroces souffrances. Et après… Peut-être qu’après il viendrait jusqu’à Boston pour s’en prendre aux personnes qui comptaient pour moi et me briser. Lentement. Sûrement. Je n’avais pas eu le choix. Je ne devais pas désobéir. Malgré la tempête qui faisait rage, malgré le froid glacial, j’avais quitté mon doux cocon pour m’enfoncer dans le tourbillon extérieur qui venait bouffer mes entrailles. Perché sur ma moto qui ne tournait même pas, j’avançais avec lenteur les pieds au sol jusqu’à cet hôtel où j’étais tant attendu. Cet hôtel où j’échouais sans problème. Cet hôtel où je me retrouvé forcé une nouvelle fois laissant les larmes couler dans mon esprit refusant d’être trop faible devant l’homme. Cet hôtel où je me retrouvais utilisé pendant quelques heures malgré la douleur. Cet hôtel où les coups s’étaient abattus sur moi. La marque dans mon cou avait retrouvé sa place tandis que des bleus viendraient orner mon corps. J’avais aussi une blessure sur la joue lorsque j’avais tenté d’échapper à la poigne de l’homme et qu’il m’avait frappé plusieurs fois laissant sa bague venir écorcher ma peau. Blessé, brisé, épuisé, je me retrouvais mis à la porte et lâché au sein de la tempête.
Vendredi 8 Janvier. 10:45 pm
J’avais hésité. Longtemps. Peut-être un peu trop longtemps. Je m’étais demandé si je devais rentrer dans mon appartement dans cet état. Est-ce que je ne ferais pas mieux de prendre une chambre à l’hôtel et de prévenir Lukas que c’était trop dangereux de revenir ? Est-ce que je ne ferais pas mieux de rester seul pour tenter de me vider toujours plus la tête ? Oublier Lukas et cette angoisse incessante à cause de son état. Oublier Côme et ces adieux déchirants. Oublier Nixon et sa froideur déchirante. Oublier Elia et tout ce qu’elle pouvait faire. Oublier Nadia qui revenait et m’effrayait. Oublier Caesar qui refusait de s’éloigner. Oublier tout. Oublier ma vie et qui j’étais. J’aurai sans doute mieux fait de rester dans une chambre d’hôtel. J’aurai mieux fait de ne plus bouger d’ici jusqu’à ce que les choses aillent mieux. Malheureusement, l’angoisse pulsait. J’avais peur de laisser Lukas seul. J’avais peur qu’il finisse par sortir pour rejoindre une nouvelle fois cette demeure qui l’avait rendu fou. Cette demeure où il avait été retenu captif. Incapable de prendre sur moi, j’avais fini par reprendre la route. Le casque sur la tête, le manteau boutonné jusqu’en haut, les gants bien ajustés, j’enfourchais la moto allumant le moteur. Hors de question de perdre des heures à rentrer en avançant seulement avec mes pieds. Le moteur tournait et j’avançais dans Boston. J’avançais sur ces routes si difficilement praticables. Encore plus à moto. Ça glissait. Je me rattrapais. C’était flou. Mais, je continuais. Et finalement tout venait me bouffer. Les démons s’invitaient dans ma tête. Je n’oubliais plus rien. Tout cognait trop fort. La tête en vrac. Il y avait tout qui déraillait. Ça braillait. Ça taillait. Et je me perdais. Je me perdais loin dans ce brouillard. Je me perdais loin dans ces entrailles. L’Enfer me bouffait. Réel. Cruel. Il me dévorait. Et moi je n’y pouvais plus rien. Je me laissais faire. Alors, je perdais. Et ça déraillait. La moto glissait. Mon corps tombait. Je n’étais pas loin de la maison, mais il fallait que ça arrive. Que j’échoue. Que je m’échoue. Moi et mon existence bancale. Moi et mes histoires infernales. Le bitume glacé venait mordre ma peau aussi fort que cet Enfer me poussait à crever depuis des mois. Ma tête cognait. Je ne savais plus si c’était réel ou illusoire. Je ne savais plus si ça faisait mal ou si ce n’était qu’une porte ouverte pour une échappatoire. La moto à des mètres de moi bien trop abîmée. Mon corps échoué sur le sol glacé. Je redressais doucement la tête pour retirer mon casque qui m'oppressait. Je le laissais rouler. Loin. Plus loin. Comme j’aurai aimé que mes pensées fassent. Ma tête retombait sur le sol et je fixais le brouillard. Ce brouillard qui m’enveloppait. Mes dents claquaient. Je ne pouvais pas bouger. Ma jambe droite refusait de répondre. Tout mon être me suppliait de rester à terre. Où est-ce que j’étais exactement ? Plus proche de chez Nixon ? Plus proche de chez moi et Lukas ? Je ne me souvenais pas de la route empruntée. Je ne savais plus où j’étais. Et peu importait en fait. Je fermais les yeux laissant le froid me cueillir. Je fermais les yeux appréciant cette soudaine pause qui me faisait tout oublier. Je fermais les yeux et c’était bien. Je respirais enfin calmement. Libéré de tout.
Restez chez vous. Ne prenez pas la route si ce n’est pas nécessaire. Le message était répété partout. Je l’avais entendu de trop nombreuses fois. Et, franchement, en jetant un coup d’œil à l’extérieur, vous n’aviez pas envie d’aller à l’encontre de ces consignes. Bordel, j’aurai aimé rester chez moi au chaud aux côtés de mon petit-ami. J’aurai aimé ne pas prendre de risques. Cependant, l’Enfer m’était tombé dessus et le choix n’existait plus. Ce soir, je ne pouvais pas décider de mon avenir. Je devais faire ce qu’on m’avait dit. Ce que Rob m’avait ordonné. Je devais retrouver ce client bloqué à l’hôtel depuis plusieurs jours. Ce client un peu trop sur les nerfs. Ce client qui m’attendait impatiemment. J’avais essayé d’expliquer la situation à Rob et de lui dire que ce n’était pas possible. J’avais tenté de repousser ma venue auprès de cet homme qui attendait. Mais, les choses étaient tombées. Limpides. Impossible à oublier. Impossible à contourner. Si je n’allais pas à ce rendez-vous, je brisais le deal. Si je brisais le deal, Rob foutrait une balle dans la tête de la sœur de Côme avant d’attendre l’arrivée de Côme pour le tuer dans d’atroces souffrances. Et après… Peut-être qu’après il viendrait jusqu’à Boston pour s’en prendre aux personnes qui comptaient pour moi et me briser. Lentement. Sûrement. Je n’avais pas eu le choix. Je ne devais pas désobéir. Malgré la tempête qui faisait rage, malgré le froid glacial, j’avais quitté mon doux cocon pour m’enfoncer dans le tourbillon extérieur qui venait bouffer mes entrailles. Perché sur ma moto qui ne tournait même pas, j’avançais avec lenteur les pieds au sol jusqu’à cet hôtel où j’étais tant attendu. Cet hôtel où j’échouais sans problème. Cet hôtel où je me retrouvé forcé une nouvelle fois laissant les larmes couler dans mon esprit refusant d’être trop faible devant l’homme. Cet hôtel où je me retrouvais utilisé pendant quelques heures malgré la douleur. Cet hôtel où les coups s’étaient abattus sur moi. La marque dans mon cou avait retrouvé sa place tandis que des bleus viendraient orner mon corps. J’avais aussi une blessure sur la joue lorsque j’avais tenté d’échapper à la poigne de l’homme et qu’il m’avait frappé plusieurs fois laissant sa bague venir écorcher ma peau. Blessé, brisé, épuisé, je me retrouvais mis à la porte et lâché au sein de la tempête.
Vendredi 8 Janvier. 10:45 pm
J’avais hésité. Longtemps. Peut-être un peu trop longtemps. Je m’étais demandé si je devais rentrer dans mon appartement dans cet état. Est-ce que je ne ferais pas mieux de prendre une chambre à l’hôtel et de prévenir Lukas que c’était trop dangereux de revenir ? Est-ce que je ne ferais pas mieux de rester seul pour tenter de me vider toujours plus la tête ? Oublier Lukas et cette angoisse incessante à cause de son état. Oublier Côme et ces adieux déchirants. Oublier Nixon et sa froideur déchirante. Oublier Elia et tout ce qu’elle pouvait faire. Oublier Nadia qui revenait et m’effrayait. Oublier Caesar qui refusait de s’éloigner. Oublier tout. Oublier ma vie et qui j’étais. J’aurai sans doute mieux fait de rester dans une chambre d’hôtel. J’aurai mieux fait de ne plus bouger d’ici jusqu’à ce que les choses aillent mieux. Malheureusement, l’angoisse pulsait. J’avais peur de laisser Lukas seul. J’avais peur qu’il finisse par sortir pour rejoindre une nouvelle fois cette demeure qui l’avait rendu fou. Cette demeure où il avait été retenu captif. Incapable de prendre sur moi, j’avais fini par reprendre la route. Le casque sur la tête, le manteau boutonné jusqu’en haut, les gants bien ajustés, j’enfourchais la moto allumant le moteur. Hors de question de perdre des heures à rentrer en avançant seulement avec mes pieds. Le moteur tournait et j’avançais dans Boston. J’avançais sur ces routes si difficilement praticables. Encore plus à moto. Ça glissait. Je me rattrapais. C’était flou. Mais, je continuais. Et finalement tout venait me bouffer. Les démons s’invitaient dans ma tête. Je n’oubliais plus rien. Tout cognait trop fort. La tête en vrac. Il y avait tout qui déraillait. Ça braillait. Ça taillait. Et je me perdais. Je me perdais loin dans ce brouillard. Je me perdais loin dans ces entrailles. L’Enfer me bouffait. Réel. Cruel. Il me dévorait. Et moi je n’y pouvais plus rien. Je me laissais faire. Alors, je perdais. Et ça déraillait. La moto glissait. Mon corps tombait. Je n’étais pas loin de la maison, mais il fallait que ça arrive. Que j’échoue. Que je m’échoue. Moi et mon existence bancale. Moi et mes histoires infernales. Le bitume glacé venait mordre ma peau aussi fort que cet Enfer me poussait à crever depuis des mois. Ma tête cognait. Je ne savais plus si c’était réel ou illusoire. Je ne savais plus si ça faisait mal ou si ce n’était qu’une porte ouverte pour une échappatoire. La moto à des mètres de moi bien trop abîmée. Mon corps échoué sur le sol glacé. Je redressais doucement la tête pour retirer mon casque qui m'oppressait. Je le laissais rouler. Loin. Plus loin. Comme j’aurai aimé que mes pensées fassent. Ma tête retombait sur le sol et je fixais le brouillard. Ce brouillard qui m’enveloppait. Mes dents claquaient. Je ne pouvais pas bouger. Ma jambe droite refusait de répondre. Tout mon être me suppliait de rester à terre. Où est-ce que j’étais exactement ? Plus proche de chez Nixon ? Plus proche de chez moi et Lukas ? Je ne me souvenais pas de la route empruntée. Je ne savais plus où j’étais. Et peu importait en fait. Je fermais les yeux laissant le froid me cueillir. Je fermais les yeux appréciant cette soudaine pause qui me faisait tout oublier. Je fermais les yeux et c’était bien. Je respirais enfin calmement. Libéré de tout.
(Neal T. Hood-Spritz)