We Ride the Ocean

Forcément, Alejandro était déçu et le mot est faible. Il avait presque l'impression de s'être fait avoir. Ne manquerait plus qu'on lui dise qu'il y a une caméra dans la cabine. Il se sent con, mais à voir Katalia, ya de quoi avoir pitié et penser qu'elle se sent tout aussi conne. Au moins ça. C'est qu'ils étaient quand même à deux doigts de... non, moins que ça même. Mais qu'importe, nous voici de retour à la case 0 et le beau brun fait beaucoup, énormément d'effort pour prendre sur lui. Parce qu'il l'aime bien la petite Kat'. Une autre, il aurait été tentée de la balancer par-dessus bord pour lui avoir fait ce coup.

Mais Katalia était désolée comme tout. En tout cas, c'est ce qu'il comprend. Ils se parlaient italien depuis le début, mais là, la jeune femme marmonne, articule moins et enfile les mots vitesse grand v, alors il fronce les sourcils, essayant de comprendre. En gros, il comprend qu'elle admet ses tords. En même temps, il l'a peut-être poussé trop vite, allez savoir. Il va se repasser ce moment quelques fois dans sa tête et se demander où ou comment il a pu merder. Devinant qu'elle a surtout envie de se rhabiller et ne sachant pas trop quoi répondre du reste, il lui tend le t-shirt, qu'elle prend et enfile aussitôt. Quand la belle brune ajoute être une idiote et... il bouge la tête de gauche à droite.

-Ça va.

Inutile de dramatiser ce qui est déjà bien assez malaisant. Alejandro se détourne d'elle, se rhabille, assez rapidement. Le voilier ne va pas quitter cette crique tout seul après tout. Son manteau peut bien rester là, son bonnet aussi, il a assez chaud en ce moment et le froid fera... du bien. Il pensait à ça, histoire de se changer les idées, quand la voix de Katalia résonne à nouveau dans la cabine et là, il lui jette un regard froid à souhait. Cette maudite phrase, il aurait préféré ne pas l'entendre. Il prend une bonne inspiration et trouve la force de dire, finissant de mettre son shirt:

-Je crois pas que ce soit un "problème". Ce sont juste... des choses qui arrivent, c'est tout.

Pourquoi ce serait la faute comme si quelqu'un avait tord ici? Ils en avaient envie, puis le ils est devenu un il, fin de l'histoire. En tout cas, c'est ce qu'Alejandro essaie de se dire.

-Je vais nous faire sortir de la crique. Prends ton temps, je te laisse la cabine.

Lui de toute façon a besoin de sortir, de bouger et de... s'éloigner d'elle, il avoue. Alors Alejandro quitte d'un pas assez rapide la cabine, ferme la porte derrière lui et se retrouve à nouveau au frais. Il avait à faire. Remonter l'ancre en faisant tourner la manivelle, examiner le sens du vent, hisser la voile, bouger le mât arrière en fonction et puis faire à nouveau voguer la Nadina.