Butterfly • Hazel

Cela faisait quelques temps que j'étais à la recherche de colocataire. Histoire d'avoir un peu de compagnie dans l'appart, de tisser des liens sociaux autre que celui avec mon écran, même s'il n'y avait rien de mal à cela. Mais au lieu de mettre des annonces, je préférais faire le processus inverse, contacter les gens qui avaient besoin d'un appartement. C'était comme ça que j'avais donné rendez-vous à Hazel le samedi matin.

Lui donnant l'adresse de l'appartement, je m'étais levée un peu plus tôt afin de le rendre présentable. J'avais préparé une paire de chausson supplémentaire dans le genkan et j'étais à présent prête à recevoir mon invitée.

Entendant l'interphone sonner, je lui ouvris la porte avant de l'attendre sur le pallier pour l'accueillir. Habillée d'un jean bleu avec un t-shirt de True Damage, les cheveux noirs et la coupe au carré.

Bonjour Hazel ! Je suis Ahri !

Merci Captain Obvious. Elle devait s'en douter vu qu'on avait rendez-vous mais je ne comptais plus le nombre de fois où les gens s'attendaient à tomber sur un homme lorsqu'ils entendaient le nom d'Ahri donc je me sentais obligée de préciser.

Un sourire se dessina sur mes lèvres tandis que je l'invitais à rentrer à l'intérieur.

Il y aura quelques règles à respecter dans la colocation mais ce n'est rien d'imbuvable, ne t'en fais pas.

Retirant mes chaussures, je montais sur la marche pour enfiler mes chaussons, l'invitant à faire de même.

C'est la première règle, on retire ses chaussures dans l'entrée et on enfile des chaussons pour se déplacer dans la maison.

@Hazel Paulson

Alors que j'étais encore au Summer Camp, mon propriétaire m'avait envoyé un message « je suis sincèrement désolé mais votre appartement ainsi que tout le bâtiment a pris feu. Les délais de reconstruction sont excessivement long. j'en suis encore désolé. »
J’étais donc sans maison avec uniquement les affaires de ma valise pour unique garde-robe et surtout sans les souvenirs que j'avais laissé derrière moi en attendant de les retrouver en septembre. Dans la recherche d'un nouveau chez-moi, j'ai donc posté une annonce « recherche coloc plutôt urgent ». Ahri fut la première à me répondre. Après avoir un peu discuté nous avons convenu d'un rendez-vous ce samedi.

J’étais donc au pied de l'immeuble. C’était un quartier plutôt riche en couleur, la façade entrevoyez des appartements plutôt neufs, bref, je n'avais pas de quoi avoir peur. Je vis l'interphone. Westwood, Westwood, Westwood. Comme pour appeler Beetlejuice, à la prononciation de son nom de famille je vis ce mot apparaître sur l'écran. Je sonne et la porte s'ouvre. Elle était là sur le palier à m'attendre.

« Salut Hazel ! Je suis Ahri ! », avait-elle dit en souriant.

C'est vrai que je ne m'en étais pas doutée. Elle était littéralement la seule personne sur le palier à attendre quelqu'un un samedi matin.
Elle m'invita à rentrer, ce que je fis bien volontiers.

« Il y aura quelques règles à respecter dans la colocation mais ce n'est rien d'imbuvable, ne t'en fais pas »
« Pas de souci chef ! »

Le premier règle étant de retirer ses chaussures et enfiler ses chaussons. Elle avait une paire supplémentaire de chaussons pour moi. Je retire donc mes vans et enfila les chaussons. Mes grands pieds ne logez pas totalement à l'intérieur et on pouvait observer mes talons dépasser. Qui me fit rire, ce n’est pas bien grave, je trouverais toujours des chaussons dans n’importe quel commerce du coin.

« Je te suis Capitaine ! »

Et c'est sur ces mots que commença la vraie visite …

Ma famille avait acheté cet appartement sur plan il y avait maintenant une vingtaine d'années mais l'immeuble avait eu le droit à plusieurs ravalement de façade lui donnant cet aspect neuf qui attirait sans cesse de nouveau locataire. Moi je n'étais toujours pas partie car j'adorais cet endroit. Ce mélange de culture japonaise et américaine était devenue, en quelques sortes, les bases de mon univers et je ne l'aurais changé pour rien au monde. C'était pour cette raison que j'étais exigeante sur certains points auprès de mes colocataires.

Accueillante mon éventuelle future premade, j'expliquais la première règle mais je me rendis rapidement compte que les chaussons que j'avais préparé n'était pas du tout adapté à la taille de ses pieds. Regardant les miens, je me grattais la tête avant de rire légèrement.

Désolée, j'aurais du prévoir des chaussons un petit peu plus grand.

Ouvrant la marche à l'intérieur de l'appartement, je la laissais découvrir la pièce de vie. Une grande salle lumineuse par ses grandes baies vitrés, du parquet en bois clair au sol, la pièce était assez sobre mais décoré avec gout afin que tout le monde puisse s'y sentir à son aise. En revanche, il n'y avait pas de télé. Elle la laissa observer quelques minutes.

Voici la pièce à vivre, avec le salon et la salle à manger. On peut facilement accueillir une dizaine de personne à table. Oh et pour la télé, on a ça...

Attrapant une télécommande, je laissais descendre l'écran du rétroprojecteur sur les grandes fenêtres. Je n'aimais pas particulièrement aller au cinéma. Il y avait toujours trop de bruits, trop de monde. Non je préférais être à la maison avec un bon bol de pop corn et un film Netflix entre potes.

On continue ?

Nous avançons et entrons dans une grande pièce assez lumineuse.
Elle était immense ! Honnêtement, je n’aurais jamais parié qu’une pièce aussi grande puisse rentrer dans un appartement qui semblait tout petit. Ce salon était à couper le souffle, littéralement. Je m’approche alors des baies vitrées. On voyait la ville. Oh mais, ne serait-ce pas l’océan au fond ? C’est beau. Je me demande à quoi ressemble la ville quand les lumières joyeuses sont allumées au crépuscule. Je me demande si le soleil qui se lève pourra me réveiller quand je boirais un thé face à cette vue.

« Wow, la vue est magnifique ! »

« Voici la pièce à vivre, avec le salon et la salle à manger. On peut facilement accueillir une dizaine de personne à table »

« Je te rassure, je ne suis pas du genre à inviter 10 personnes à manger ! Si, peut-être un fois, je l’ai fait pour un anniversaire ! Je me rappelle avoir fait un Banoffee Cheesecake délicieux ! » l’avais-je coupé

«  Oh et pour la télé, on a ça... »

C’est alors qu’un écran blanc descendit du plafond. Mais c’est génial ! C’est encore mieux qu’une télé, voilà la pièce décorer d’un cinéma ! Donc cet appartement cachait déjà des trésors et je n’en avait vu que deux.

« Je te suis avec grand plaisir » avais-je répondu à la jeune femme.

C'était tout le charme de cet appartement. Il semblait petit mais en réalité, il présentait des surfaces tellement bien agencées qu'on avait presque l'impression de vivre dans un manoir. J'adorais cet endroit, c'était pour cette raison que j'avais fait un scandale à mes parents et que j'étais incapable de partir.

Là on est orienté sud donc on a le soleil une bonne partie de la journée. C'est agréable en hiver mais on peut avoir vite chaud en été. C'est pour ça qu'il existe une magnifique invention. La climatisation.

Riant doucement. Sa réponse me rassura légèrement. Pas que j'étais contre les soirées mais ce n'était pas vraiment mon truc. Néanmoins un passage de sa réponse m'interpella.

Banoffee... Banane/Café ?

Si c'était le cas, je trouvais l'association des deux saveurs plutôt osés, quel gout pouvait avoir un tel mélange. Mais a en voir son expression, ça devait être délicieux. J'attendis sa réponse avant de continuer la visite vers la cuisine ouverte qui se cachait dans le L de la salle. Elle n'était pas très grande mais bien équipé. Comme mentionné dans la conversation, le four était au gaz.

Là, la cuisine avec un peu tout ce qu'il faut en équipement. Et l'alarme incendie en cas de besoin.

La regardant en lui faisant un clin d'oeil pour la rassurer. Retournant sur mes pas, j'allais dans le couloir où se trouvait pas moins de six autres portes. Dont l'une d'elle était une porte coulissante en papier.

Tu veux commencer par quelle salle ?

@Hazel Paulson

Ahri ne savait pas ce qu’était un Banoffee. Ça se comprend, moi non plus, je ne savais pas. J’avais trouvé cette recette sur internet il y a longtemps maintenant.

« Banane/toffee, une sorte de caramel en soit » avais-je dis en riant des yeux.

Elle alla un peu plus loin dans le salon-salle à manger. Je la suivie en me demandant où elle pouvait se diriger. C’est là, dans l’ombre d’un mur, qu’une grande cuisine apparue. Je me vois totalement tomber dénue, encore une grande pièce dans cet appartement aux multiples secrets.
Ahri m’explique qu’elle est toute équipée. C’est juste merveilleux. Je pense que je vais laisser mon appa-reil photo pour le troquer contre un tablier (ou plusieurs). Oh et il y a une alarme incendie ! C’est tou-jours plus que mon dernier appartement, vous savez, celui qui a cramé parce que mon voisin a eu la bonne idée de s’endormir avec un steak sur le feu !

Ahri me ramena vers le couloir.
« Tu veux commencer par quelle salle ? »

Quelle salle ? Mais il y avait beaucoup de porte ! Il y en avait une qui semblait particulière, comme si elle était faite de papier transparent et opaque à la fois.
« Je veux juste terminer par celle-là » avais-je répondu en pointant la porte du doigt.
« Disons qu’on commence à gauche et on va dans le sens des aiguilles d’une montre ? » proposais-je.

Un mélange banane/caramel semblait déjà trouver mieux grâce à mes yeux. Présenté de la sorte, ça avait même l'air délicieux. Ma langue passa doucement sur ma lèvre supérieure afin de l'humecter légèrement.

Je serais curieuse d'y gouter maintenant.

Et comme pour appuyer mes dires, je lui présentais la cuisine avec ses multiples équipements. J'étais assez fière de cet endroit car c'était ici que ma mère nous avait appris à cuisiner. Même si ce n'était pas vraiment mon truc, la seule chose que je savais faire, c'était du ramen soja au porc. Mais j'en avais tellement mangé à une époque que j'espaçais les préparations à présent.

L'emmenant dans le couloir pour lui faire choisir une porte, un sourire se dessina sur mon visage lorsqu'elle montra de l'intéret pour la porte en papier. Acquiesçant légèrement, j'ouvris la première porte qui donnait sur une première chambre de 12m². Les murs étaient blancs, le lit double plutôt sobre, un dressing tenant dans le mur. Il y avait encore un peu de place pour rajouter des rangements supplémentaires et un bureau. La fenêtre était face au lit et donnait sur le toit des immeubles voisins, il n'y avait pas du tout de vis à vis.

Tu as une première chambre libre ici.

La deuxième porte mena sur une deuxième chambre, identique à la première.

Et la deuxième. Tu peux choisir l'une des deux. Attention, le choix risque d'être cornelien.

Rien légèrement, c'était bien entendu ironique mais elle pouvait avoir un feeling sur l'une ou l'autre en particulier.

Elle ouvrit la première porte. Une chambre d’une taille plus que convenable apparue. Elle était grande et surtout grandit par les murs blancs. J’entre alors dans la chambre et m’avance directement vers la fenêtre. C’est important la lumière. C’est ce que j’aime par-dessus tout. C’est pour ça que j’habitais au 4e étage avant que l’appartement parte en fumée. J’avais une vue. Une belle vue. C’est à ça que je me remémore quand je vois les toits des immeubles voisins.

« C’est haut. » avais-je dis, presque le souffle coupé. C’était magnifique, je pouvais voir l’horizon.

Nous allâmes dans la chambre suivante qui était presque similaire.

«Attention, le choix risque d'être cornelien »

J’éclatai de rire. La ressemblance était frappante et pour être honnête, choisir l’une ou l’autre revenait au même.
Après m’être remis, je lui suggérai de poursuivre.

« Je te suis ! », tout sourire.