Dans le dictionnaire, le mot "avancer" est décrit comme aller de l'avant. Pour aller de l'avant ne faut-il pas être aussi doter de courage ? Chaque personne trainent une part sombre d'elle, chaque personne vit avec un passé plus ou moins difficile à montrer aux yeux des autres. Avancer pour progresser. Avancer pour guérir. Pas tout le monde était prêt à faire ce sacrifice, parfois on se complaisait dans nos inquiétudes, car cela avait quelque chose de rassurant mais en refusant d'être poussé vers l'avant, on risquait de tout perdre.
Il tapotait du pied sur le sol. Sa main faisait la même chose sur sa jambe. Kenny regardait la pendule. Une fois, deux fois. C'est bon l'heure était passé, il pouvait partir, elle avait deux minutes de retard c'était juste inadmissible. Avalant sa salive, le jeune homme se levait d'un bond. Partir pour ne plus jamais remettre les pieds ici, c'était la meilleure chose à faire. "Monsieur Kovalevski ?" Une voix. Cette voix qu'il ne connaissait pas mais qu'il se surprenait à vouloir voir un visage. Le brun se retournait doucement, relâchant la poignée avec énervement. Pourquoi est ce qu'elle était sortie de son bureau hein ? Pourquoi !!! "Bonjour... Je pensais que vous aviez décidé d'annuler c'est pas grave hein je peux prendre un rendez-vous plus tard !" Kenny posait ses yeux sur la vieille dame qui le dévisageait en souriant. La salle était vide, il n'y avait qu'eux. "Non je vous aurais prévenu si j'avais décidé d'annuler, je vous en prie rentrer..." D'un geste doux, la dame lui indiquait son bureau. Il était luxueux, un magnifique bureau en chaine, un canapé en cuir qui valait surement plus chère que le fauteuil posé en face. Kenny s'installait dessus nonchalant ne retirant même pas sa veste en cuir. "Vous avez craint de venir ici ?" Le brun soupirait, il posant ses coudes sur ses genoux détaillant l'immense bibliothèque du regard. Se levant, le brun s'arrêtait devant le diplôme. "Harvard... Le contraire m'aurait étonné !" dit il en souriant. Curieux, le brun laissait ses doigts parcoururent les étagères en regardant les livres. "Harvard est une très bonne université, d'ailleurs je crois savoir que vous y êtes, non?" Le jeune homme hochait la tête, continuant son petit chemin. "J'étudie le droit rien à voir avec vos études !" La femme se mit à rire doucement. "Vous savez la psychologie n'est pas franchement différent, c'est tout aussi compliqué !" Kenny tournait la tête vers elle en hochant la tête, pas convaincu. "Je pense pas qu'entrer dans la tête des gens soient compliqué, la manipulation c'est facile suffit juste d'avoir les bons gestes et mots !" dit il en regardant la fenêtre. "Je pense pas que cela soit de la manipulation, je pense qu'on peut aider les gens pourquoi êtes vous venu sinon?" "J'ai pas eu le choix, je veux reprendre les études et j'ai besoin d'un certificat médical pour le doyen donc je vous propose un truc, je vous donne 6 000 dollars et vous me le signer en disant que je vais bien !" La psychiatre regardait le jeune homme un peu médusé avant de sourire. "Vous avez l'habitude de soudoyer les gens comme ça ?" Kenny fronçait les sourcils assez agacé. "Arrêter avec vos questions de merde, je vous propose du fric et vous me répondez même pas !" dit il en serrant les dents. Le jeune homme revenait à sa place, assis. "Je vous signerais pas le papier, pas tant que vous me ferez pas par de ce qui vous arrive !" Première fois qu'on refusait à Kenny quelque chose, d'habitude, il payait les gens pour qu'on lui foute la paix et là elle osait s'interposer. "C'est pas grave, y a tellement pleins d'autres psy ailleurs !" Victorieux, le brun se levait partant vers la sortie. "Je suis celui mandater par le doyen pour votre dossier, monsieur Kovalevski ! Alors à votre place, je m'installerais pour prendre le temps de discuter !" Amusé, le jeune homme se retrouvait complètement piégé. "Et après vous dites que vous ne manipuler personne ?"
La suite de la séance se déroulait sous silence, Kenny regardait la psy dans le blanc des yeux, elle ne démordait pas non plus soutenant son regard avant qu'une petite sonnerie retentissait. "l'heure est terminé !" Kenny se levait de son siège, il sortait de son portefeuille une liasse de billet qu'il mit sur le bureau. "Je vous vois demain !" déclara la psy. "Je pense pas non !" Surprit, le brun n'allait pas accepter. "Vous reviendrez je le sais !"
Quelques jours plus tard, Kenny était effectivement revenu après un entretien avec le doyen. Brillant le jeune homme avait passer un marcher avec le vieux comme il l'appelait. Il venait une fois par semaine et il pouvait en même temps reprendre ses études, c'était assez bizarre de savoir qu'on ne pouvait pas reprendre ses études ainsi mais c'était de la faute à Kenny, s'il n'avait pas demander son report d'année bien il en serait pas là. Désormais guérit, le jeune homme voulait valider sa sixième année et non attendre septembre pour recommencer.
Le jeune homme fixait les livres allongé sur le divan du psy. "Je jurais qu'il y a plus de 200 livres ici !' dit il en regardant la bibliothèque. "Vous lisez ?" Le brun haussait les épaules. "Non pas trop, je lis le code pénale ce genre de truc pour les études." La psy écrivait un gribouillis sur son carnet, Kenny se redressait et penchait sa tête au dessus. "Vous dessinez pendant que je parle ?! C'est une blague c'est ça ?" Choqué alors que lui ne faisait pas mieux, le brun croisait les bras et décida de marcher dans le bureau. "Vous regardez mes papiers sur mon bureau ou vous ouvrez les tiroirs pourquoi je me détendrais pas moi aussi ? Enfin, j'ai lu dans votre dossier que vous aviez deux sœur, comment s'appelle t'elle ?" Kenny s'installait sans gêne au bureau de la psy, sur le grand fauteuil. "Apple et Charlie, elles sont fausses jumelles et ça c'est clair que ça ce voit!" ria le brun. "Pourquoi ?" Kenny souriait, il attrapait un petit cadre sur le bureau ou la femme en face de lui portait un bébé. "Vous avez des enfants..." lâcha t'il un peu nerveux. "Elle s'appelle comment ?" Kenny se retrouvait plus vulnérable, plus triste, sa nonchalance était comme parti. "Eleanor... Elle a 22 ans à présent." La psy se levait de son fauteuil avançant vers le brun. "Vous avez de la chance..." dit il en avalant sa salive. "Vous en aurez un jour, vous verrez que faire..." Kenny levait l'index vers le ciel pour la stopper. "La question ne se pose même pas, je peux pas en avoir puis de toute manière ma petite amie m'a bien fait comprendre que ce n'était pas dans ses projets faut croire que je fais parti de la catégorie des gens qui réussiront que professionnellement !" Fière d'elle, la femme se posait sur le fauteuil en face du brun, elle le détaillait du regard avant de soupirer. "Racontez moi..." Le jeune homme tournait le fauteuil pour regarder par la fenêtre et décida de se lancer. Sa relation avec Anastasiya était passer au crible, il racontait ce qui c'était passé. Les disputes, les réconciliations, l'explosion et enfin la découverte de cette nouvelle, sa vie s'en retrouvait déchiré, son cœur tout autant. Kenny ne pouvait pas concevoir qu'on puisse lui retirer ce droit. Il était meurtri, blessé et faible parce qu'il cachait un autre petit secret. "Elle est jeune, vous avez trois ans de différence parfois tout change à cause de trois années..." Le brun restait perplexe avec Anastasiya il s'entendait bien même très bien mais sa coinçait souvent. "Je pense pas... J'aurais été prêt à faire des concessions pour elle mais pas elle. j'ai l'impression que sa marche que dans un sens, je donne mais finalement j'ai rien en retour." Le brun jouait nerveusement avec sa montre, cette relation le rongeait et pas forcement dans le bon sens. "dans un couple y en a toujours un qui donne plus que l'autre mais je ne pense pas qu'on puisse considéré le fait d'avoir un enfant comme faire une concession !" déclara la psy. "Je pense, je sais pas..." La psychiatre regardait ailleurs, Kenny se perdait tout seul dans le fils de ses pensées. Il ne connaissait pas vraiment Anastasiya en tant que petite amie peut être qu'il brusquait trop leur relation. "Est ce que vous l'aimez vraiment ? Je veux dire, elle pas le fait qu'elle peut réaliser votre rêve juste elle." La question le désarçonnait, Kenny passait sa main sur le visage. Pourquoi est ce qu'il parlait de ça avec cette inconnue, il ne devait pas en parler, se livrer ce n'était pas son truc. "Je vois pas pourquoi on en parle, cela a rien a voir avec le fait que je veuille reprendre mes études !" dit il en faisant des yeux faussement méprisant. "Alors pourquoi vous évitez la question ?" haussant les épaules, le brun touchait machinalement ça montre qu'il avait eu pour la saint valentin offert par elle. Kenny se sentait mal à l'aise. "Parce que la faiblesse n'est pas quelque chose qui me caractérise !" "Vous considérez l'amour comme une faiblesse ?" "Pas vous ? on peut nous atteindre facilement quand on sait à qui on est attaché. Blesser la personne qu'on aime c'est blessé les autres qui l'aiment aussi, je refuse qu'on fasse quelque chose contre elle alors oui je juge l'amour comme une faiblesse."
FLASH BACK
"MAMAN !!!" Kenny montait les escaliers de la sublime demeure des Kovalevski avec une hâte indescriptible. Il tenait une lettre dans sa main, une lettre qui le faisait sourire à en croire ses yeux il en était même ému. On était un beau jour de février à Londres, Kenny n'avait que 13 ans quant il savait ce pourquoi il était destiné, le droit serait son métier. Etrange pour un enfant de s'orienter dans cette filière aussi rapidement mais Kenny avait toujours été précoce et débrouillard. "Maman..." Madame Kovalevski était assise sur le lit, regardant un cadre photo d'elle et le père du petit brun qui restait bloqué devant la porte de la chambre. "Oui mon chéri..." Elle détournait le regard, Kenny baissait les yeux. "Je... Tu pleures?" demanda t'il en allant vers elle. Kenny poussait ses fesses proches d'elle, il était triste de la voir ainsi parce que c'était sa maman, parce qu'elle n'avait pas à être malheureuse. "J'ai vu un film triste c'est pour ça ! Dis moi qu'est ce qui te rend aussi content ?" Elle souriait. Lui aussi. Kenny préférait voir le bon côté des choses, c'était ça d'être enfant. "J'ai eu mon stage au service juridique de chez papa !" Sa mère le regardait souriante, elle le prenait dans ses bras, Kenny ne disait rien, content mais au fond il voyait bien que sa mère était détruite, l'amour qu'elle avait pour son père était bien trop fort comparé à ce qu'il lui donnait en retour. Il n'était jamais là, toujours ailleurs, on ne savait pas vraiment et Kenny avait pris la décision de protéger les femmes qu'il aimait. Aujourd'hui c'était le début de tout, le jeune homme prendrait la place de son père pour surveiller ses soeurs Charlie et Apple.
RETOUR AU PRESENT
"Justement vos soeurs, vous entretenez de bonne relation ?" Rieur, le brun ne pu s'empêcher de s'étaler comme une larve sur le canapé pour regarder le plafond en souriant. "Charlie c'est... Avec elle c'est fusionnel et c'est comme ça depuis qu'on est gosse. Apple c'est compliqué... Elle est différente, elle a fait des choix qui nous ont emmener à être séparé..." Kenny ne s'en cachait pas, Apple était devenue une femme qu'il n'appréciait pas vraiment par ses choix qu'elle avait fait. Elle avait crié quand elle avait su qu'il était malade, l'engueuler alors qu'il avait besoin d'elle ce n'était pas juste. "Vous pensez pouvoir vous retrouver un jour ?" Tournant la tête, Kenny décidait finalement de regarder de nouveau le plafond. "Non, je pense pas. J'ai essayé d'aller vers elle, je recommencerais pas, pas après ce qu'elle m'a fait !" Kenny exposait alors leur dispute au téléphone, il restait meurtri et blessé par celle qu'il avait longtemps protégé. Apple choisit une autre option, pour le brun, elle reniait sa famille ce qui était tout le contraire de lui. Charlie quant à elle restait la personne qu'il n'abandonnerait pas, ils se comprenaient bien trop. La séance prit fin. Pour une fois, Kenny se retrouvait plus léger, plus libre de ses gestes et surtout moins honteux de la personne qu'il était devenu. Ambitieux, fière, le brun prenait conscience que tout ceci faisait parti des gens qui avaient été élevé pour devenir de grande personne dans ce monde. Franchissant la porte de chez le psy, le brun se retrouvait avec le fameux papier tant attendu dans les mains. Il pouvait reprendre les cours après avoir passer un test psychologique assez dur. Souriant un peu, Kenny claquait la porte derrière lui.
Kenny faisait les 100 pas sur le parking, il se rongeait les ongles attendant encore et encore. Devant il y aller ? Son cœur lui disait que oui, son esprit s'opposait totalement à cette idée. La tête encore pleins de souvenirs de cet endroit si douloureux. Les minutes passaient en ce début septembre 2013. L'été était passé, les vacances prenaient fin totalement et il était perdu. Il avait un peu besoin d'être aiguillé, de parler tout simplement pour mettre de l'ordre dans son esprit. Une chose est sur, il était là bien vivant et un peu près en bonne santé.
"Je pensais pas vous revoir monsieur Kovalevski..." déclara la dame qui lui faisait signe de rentrer dans son bureau. "Moi non plus pour tout vous dire !" Le brun passait la porte pour s'installer sur un fauteuil face à elle, hors de question qu'il aille sur le divan, il avait pas envie de penser qu'il était malade, juste... En fait il ne savait pas, plus rien ces derniers temps, Kenny exposait ses doutes sur son avenir professionnel. "Si je m'écoutais ?" répéta le brun en regardant la psychologue. "Je cesserai ma thèse, je prendrais des cours de Russe et de droit sur ce pays, pas par obligations futurs, par envie mais je sais pas ce que mon père va dire c'est compliqué..." Oui encore et toujours la crainte de son père, à presque 26 ans Kenny vivait avec cette angoisse, il se sentait jamais libre de ses mouvements, il était comme un pantin articulé alors il parlait d'Anya qui était pareil que lui, finalement ils se comprenaient tous les deux. "J'en déduis que vous êtes toujours avec Anastasiya..." Un sourire se lisait sur son visage, il était content. "Oui, on est fiancés, elle est enceinte aussi, elle est parfaite..." Il rougissait légèrement, regardant ailleurs. "Vous vous sentez comment à ses cotés ? Mieux qu'avant ?" Kenny fronçait doucement les sourcils, il ne savait pas vraiment quoi dire avec Anya c'était pareil bien que ces dernières semaines soient plus facile. "Je me sens chanceux... Anya est... Je sais pas elle représente tout ce que j'aime c'est... j'ai pas de mot !" Un léger rire de la part de la jeune femme, elle posait son stylo sur la table. "Et vous lui avez parler de votre projet personnel ?" Kenny hochait négativement la tête. "Non, j'ai pas envie qu'elle pense que je le fais par obligation, je le fais par plaisir et je pensais pas dire ça un jour mais je suis quand même excité à l'idée de partir vivre en Russie avec elle et le bébé..."
Quand Kenny sortait de la salle une heure plus tard, c'était un homme soulagé. Il avait enfin compris que peu importe les choix qu'il ferait si Anya était toujours présente à ses cotés malgré tout c'était par amour. Désormais il allait s'assumer, au revoir papa, il prenait les devants, sa vie en main. Dans quelques mois il deviendrait père à son tour, il était fiancé aussi. Arrivé à la maison, Kenny prenait un papier et un stylo rédigeant sa lettre de démission pour sa thèse afin de s'inscrire à des nouveaux cours.
Bien que sa vie future ne soit ni en Angleterre, ni aux Etats-Unis, il a décidé d'entretenir une relation plus que fusionnelle avec ses sœurs. Apple vit une période difficile, Kenny essaye de l'épauler mais sa manière très maladroite de le faire n'a pas l'effet escompté. Charlie quant à elle, bien elle prend son envol sous le regard protecteur de son frère, même si elle prétend se taper un petit vieux, il a décidé de ne rien dire essayant au maximum de la faire devenir quelqu'un de responsable car Kenny à décidé de lui réserver une vie professionnelle bien particulière si elle décide de l'accepter.
"Salut Tyler !" lâcha le jeune homme en écoutant son meilleur ami qui était parti vivre en Australie. "Kenny tu l'as reçu ?" L'anglais manger son petit bol de céréale, assit sur une chaise de comptoir il attendait que le temps passe, c'était long, il avait cours que l'après midi et il avait déjà tout fait à la maison, ranger, nettoyer, ses devoirs pours les semaines à venir, bref ce coup de fil tombait à pique. "Reçu quoi ?" Le jeune homme fronçait les sourcils avant de reprendre. "Genre tu m'as envoyé un cadeau ? Arf je savais que tu étais un meilleur ami !" Il riait, Kenny n'entendait pourtant rien d'autre au téléphone qu'un soupir. "L'ordre..." Sa cuillère tombait. Ses jambes rejoignaient le sol pour accourir jusqu'à la boite aux lettres. En boxer, il s'en foutait, il ne pensait qu'à ça, qu'à ce que Tyler lui avait dit au téléphone qui c'était pour la même occasion retrouvé au sol. "Vous êtes attendu à Norflok le 14 septembre 2013, 6h00 du matin..." C'était les grandes lignes, Kenny n'en revenait pas. Il tenait ce petit bout de papier si particulier, jamais il n'avait cru qu'il allait devoir y aller, il était réserviste c'est tout. "Je comprend pas, on est pas... Pourquoi ?" lâcha le brun en reprenant son téléphone. "C'est au cas ou je crois même si tu sais que toi et moi on..." Kenny le coupait sèchement. "Je sais..."