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T’es partie plus tôt du Spring Break. T’as voulu rejoindre Boston pour diverses raisons qui t’ont poussées à le faire. T’as repris ta petite vie, t’as repris ta formation, t’as repris le sport et le boulot et surtout, t’as essayé de retrouver une vie normale. T’essaies de ne pas penser à tes vieux démons, t’essaies de ne pas fuir cette ville, encore une fois. Alors que tu sais que la dernière fois, ça t’a aidé à garder la tête hors de l’eau. Cette fois, tu sais que des gens comptent sur toi, que tu dois apprendre à faire face, apprendre à être forte et prouver que t’es capable de passer outre tout ça. Alors tu suis ta formation assidument et ce même si elle se termine à passer 21h. Tu sors de la salle, tu prends le temps de discuter avec ton prof, tu lui demandes des bibliographies intéressantes, qui pourraient te permettre d’avancer dans ta formation. Parce que t’es ce genre de femme, tu veux avancer plus vite que la musique. T’as aucune patience, Meluzine, ça on le sait. Tu discutes et t’intéresses tellement, que t’en oublies l’heure de ton bus. Pas de voiture aujourd’hui, t’as préféré la laissée à ta petite sœur. Toi, t’es piétonne, et tu te rends compte que tu l’es belle et bien lorsque tu remarques que t’as loupé le dernier bus pour te ramener jusqu’à la Marina de Boston, là où se trouve ton appartement. T’as pas envie d’emmerder ton monde, t’es pas le genre à demander de l’aide, plutôt à te débrouiller toute seule. Alors tu commences à marcher, cinq, dix minutes, jusqu’à ce qu’une goutte vienne s’écraser sur ta veste. Puis une deuxième, et puis cette pluie s’intensifie, et tu te retrouves en dessous du déluge le plus total « Putain, Karma de merde » rage-tu alors qu’il ne semble pas y avoir énormément de passage. T’avance, t’espère qu’un bon samaritain viendra à ton secours, te déposera gentiment là où tu désires te rendre, sans bruit, sans remue-ménage. T’espères pas un psychopathe, ni un violeur, juste un gars, une nana, comme ça.

Le Spring Break a pris fin, t’es rentrée la veille au soir. T’as débarqué chez toi en trombe, en foutant un capharnaüm pas possible pour marquer ton retour. Tu te dis que Raphaël se souviendra longtemps de cette arrivée et que t’as marqué son esprit pour trente ans au moins. Peut-être qu’il le racontera à ses enfants puis à ses petits-enfants plus tard, qui sait ? L’idée seule que t’aies pu troubler son confort et sa bulle de calme t’arrache un sourire. Tu l’aimes bien, ton colocataire. Il est spécial et, quand bien même vous êtes de parfaits opposés, tu te dis qu’il a un bon fond. Il est la lune et toi le soleil. Sans doute que vous vous complétez. Tu défiles au bord de ton 4x4 dans les rues de Boston après une sortie entre copines, des retrouvailles avec celles qui n’ont pas pu être de la partie au Mexique. Les gouttes commencent à tomber, un peu plus au fil des boulevards que tu traverses, jusqu’à combler entièrement les endroits encore secs de ton pare-brise. Il est tard, il fait déjà nuit ; ça te manque, le Mexique. Le soleil, la chaleur, la plage. Tu te perds dans tes souvenirs de la veille jusqu’à ce que tes billes ne s’attardent sur une silhouette à quelques pas de là. Les pneus de ta voiture crissent sur le bitume alors que t’entrouvres ta fenêtre, ton visage se tournant vers elle. « Hey, besoin d’aide ? Restez pas là, montez ! » que tu lances en déverrouillant aussitôt ta voiture. Tu le sens qu’elle avait pas prévu de se faire tremper et qu’elle passe sans doute un mauvais quart d’heure.