(witherbitt) so far, so close

L'accident de métro avait été la première vague du tsunami et l'agression de Roxanne avait été la seconde vague, la réplique. Plus petite, qui touche moins de monde, mais qui fait mal à ceux qui se la prennent de plein fouet. J'avais marché, à la hâte, une bonne partie du chemin. Le métro était bloqué le temps des travaux et j'étais pas certaine d'être capable d'y remettre les pieds de si tôt. Arrivée à l'hôpital, je prenais les renseignements avant de me figer au beau milieu du couloir, dans un état de panique conséquent. Cela faisait quelques temps que je ne l'avais pas vu parce qu'elle m'en voulait. Je m'en fichais pas mal à vrai dire. Elle était ma sœur et peu importe la situation, je l'aimerais quoi qu'il arrive. Puis, j'me demandais si sa famille serait présente. Son père. Est-ce qu'il est là ? Parce que je n'avais aucune envie de le rencontrer et le simple fait d'y penser me donna la nausée. Les mains tremblantes, j'essayais de me reprendre et de souffler, jusqu'à ce que je sers les doigts autour de la boite de chocolats et que je me remette en marche en direction de sa chambre. Une pause, un souffle et je toque avant d'entrée. La vue me glaça le sang, me figea sur place. Je détournais les yeux pour regarder la boite entre mes mains. « J'ai apporté des chocolats » même si elle ne voulait rien. La situation était difficile. La voir ainsi, c'était difficile. Et lutter contre mon milliard de sentiments l'était tout autant.

@Roxane Nesbitt

c’était pas vraiment ce qu’elle avait imaginé. à vrai dire, elle aurait jamais pensé être dans cette position. reine roxane, reine intouchable. et finalement, au milieu de la nuit, après une effraction dans son chez elle, elle avait vécut l’horreur.

horreur qu’elle taisait à travers des mensonges et propos cinglants.

elle allait bien, elle allait s’en remettre, c’était pas si grave que ça. puis elle est forte roxane. elle est si forte que même ça ne peut pas l’atteindre. doux mensonge quand en réalité, elle ne cessait de jeter des coups d’oeil paniqués à la porte de sa chambre comme si les même agresseurs pouvaient soudainement débarquer ici sans se faire remarquer.

mais non, personne d’autre que marla.

elle inspire lentement, masque qu’elle remet en place. imperturbable. c’est rien. rien que des côtes cassés, des bleus au visage, l’impression que ce même visage est en souffrance constante au moindre mouvement.

merci qu’elle souffle finalement. me regarde pas comme si j’étais morte. je ne le suis pas.

Toi qui est si pimpante habituellement. Cela me faisait un drôle d'effet de te voir aussi vulnérable. J'aimerais pouvoir te rassurer et te dire que tout ira bien. Malheureusement, j'ai la sensation de ne pas te connaitre. On a beau essayer, il y a toujours un fossé qui nous sépare toi et moi. Vingt-deux ans pour être exact. Ça ne m'empêche pas d'être là et de m'accrocher si fort à toi. Parce que par chance, j'étais une personne qui ne renonçait jamais. Je n'allais pas te laisser t'échapper Roxane. Non, ne compte pas sur moi pour lâcher prise et rendre les armes. Pas même en étant la pire des garces, j'attendrais que ton masque tombe pour que tu te rendes compte que je suis toujours à tes côtés et j'peux être la sœur dont tu as toujours rêvé. J'pose les chocolats et je viens m'asseoir au bord de ton lit. Mon sourire faible se renforce à ton remerciement et ma main attrape la tienne avec délicatesse tandis que tu reprends la parole. "me regarde pas comme si j’étais morte. je ne le suis pas." Aah Nesbitch. "On ne se débarrasse pas d'une reine comme ça" que je souffle. Tu sembles si solide que même dans les pires moments, ça serait impossible de te voir flancher. "J'ai eu peur pour toi. J'ai toujours peur. Mais, je te sais assez solide" Même si, en voyant Aidan, je commence à me demander si la fragilité n'est pas de famille.

aucun tact, jamais. elle aurait beau essayer de toutes ses forces qu'elle ne serait pas certaine d'y arriver. parce que grande roxane met constamment les pieds dans le plat et.. dans le fond, elle n'était pas morte. elle aurait pu, elle avait mal et sûrement que le traumatisme était là mais jamais ô grand jamais elle ne laissait tomber le masque. pas comme ça. refus total de perdre la face. léger sourire, ses yeux qui dérivent sur ta main qui attrape la sienne. sensation étrange. vous êtes pas les plus proches. elle sait que c'est compliqué roxane. que vous avez du mal à vous entendre. que ton départ de la pfo n'a fait que rajouter un peu plus de distance au fossé qui vous séparez déjà. j'peux pas partir comme ça qu'elle souffle doucement. ta vie serait trop morne si j'étais pas là pour te faire des histoires brèves taquineries qui survient alors qu'elle pose les yeux sur cette soeur qu'elle a tant cherché et a qui elle a pourtant tant de mal à lui laisser une place. les choses seraient plus facile si le monde de la nestbich était moins compliqué. j'voulais pas que tu t'inquiètes, y a rien de grave physique qui crit l'inverse. trop de bleus, le visage trop abîmé sans parler de l'interne, des côtes cassées. piteux état qu'a la reine en réalité.

"J'peux pas partir comme ça. Ta vie serait trop morne si j'étais pas là pour te faire des histoires." Je ris et mes yeux dévient pour regarder nos mains. J'crois que c'était de famille que de faire des histoires. Parce que je me débrouillais très bien toute seule pour faire naître le chaos dans ma vie. "Tu me manquerais surtout" Parce que ouais, au delà du fait qu'on avait la fâcheuse tendance de ne pas réussir à s'accorder, tu restais ma sœur. J'étais attachée à toi, même si j'avais tendance à montrer le contraire par moment. J'étais sincèrement attachée et en aucun cas je voudrais te voir différente. "J'voulais pas que tu t'inquiètes, y a rien de grave" Ma tête se secoue de gauche à droite, doucement, l'air grave. Tu sais, je grandis Roxane et j'apprends très vite. "Il y a des choses que tu ne peux pas me cacher…" que j'te glisse en relevant les yeux. Le masque, il sert à rien là. Parce que ce genre de douleur physique, je les ai déjà ressentie. "Mais tout rentrera dans l'ordre, j'en suis certaine…" Parce que je te connais assez pour savoir que quand tu seras de nouveau sur pieds, tu reprendras le contrôle de la situation.

et elle arrive toujours pas à comprendre le pourquoi du comment. une scène qui s’est déroulée trop vite, la terreur sur ses traits. c’était pas elle qu’on cherchait. est-ce que ce n’était pas pire ? elle en savait rien. peut être que si elle était dans ce lit désormais, c’était justement parce qu’elle n’était pas la personne visée mais à côté, elle avait juste servit de souffre douleur pour une histoire dont elle ne connaissait rien, pour une fille qu’elle ne connaissait pas. oh, aidan pouvait bien lui reprocher toutes les crises du monde mais jusqu’à preuve du contraire, il était celui la mettant perpétuellement en danger. inspire lentement, chasse les pensées pour éviter de piquer une nouvelle colère, ses yeux qui se reportent sur marla. quand elle y pense, ça fait un moment qu’elles ne se sont pas vus. frustration et rancoeur qui sont venues camper entre elles deux les empêchant de passer ne serait-ce qu’une seconde ensemble. elle sait pas vraiment si elle regrette, roxane et sa stupide fierté. lève les yeux au ciel sur les mots qui dérangent, passe presque directement à autre chose. mh c’est trop facile, forcément. elle débarque soudainement ici et reine roxy n’a pas eu le loisir de faire son cinéma. de planquer tout et de prétexter que rien n’était arrivé. sûrement. elle passerait à autre chose comme bien souvent. comme si ce n’était qu’un détail futile qu’elle pouvait pousser au loin sans se soucier de ceux lui disant qu’elle devrait se battre pour cette injustice. tout est déjà rentré dans l’ordre. je vais bien et fin y a pas de traumatisme, rien. rien qu’elle ne souhaite montrer de toute façon.

Putain ce que tu es bornée. Tu m'en fais sourire Roxane. La situation est dramatique et mon sourire n'enlève pas ma peur qui se loge dans mon ventre, mais quand j'te vois agir, j'peux pas m'empêcher de réagir. J'aimerais tellement être comme toi, avoir un masque aussi parfait. J'ai fait des progrès de ce côté, mais il y a encore à faire tu vois. En attendant, j'essaie d'être là, comme je peux. Si on arrivait à mettre notre fierté de côté, j'suis certaine qu'on pourrait s'allier et être redoutable ensemble. On pourrait faire des malheurs. On pourrait surtout tout partager, comme des sœurs. Malheureusement, on passait à côté de plein de moments. « tout est déjà rentré dans l’ordre. je vais bien et fin » Mes sourcils se dressent alors que j'te regarde, un soupir s'échappe. Tu vas bien ? Très bien. J'me redresse et j'tire sur la couverture de ton lit. « Si tu vas bien alors bouge tes grosses fesses Nesbitch et fais moi de la place dans le lit » J'rigole pas, j'attends réellement. « J'en ai marre des prises de tête. J'veux ma soeur, j'veux tout savoir encore et encore. J'veux que tu me parles et que tu exploses la barrière » Celle entre nous « Tu as un petit ami et tu ne m'as même pas dit ce qui t'insupporte chez lui » J'impose mon popotin. Franchement, tu dois en avoir marre des personnes larmoyantes, non ? J'le suis, mais j'veux avant tout te changer les idées.

parce que c’était surtout ça roxane. tout planqué bien loin au fin fond de son être pour laisser paraître que la reine n’avait pas été atteinte. et tant pis si c’était avec sa famille ou le peu de proche qu’elle pouvait avoir. elle continuerait à clamer haut et fort que tout allait bien et qu’il n’y avait certainement pas de quoi faire un drame dans cette histoire. dans le fond, c’était probablement juste sa manière d’éviter le sujet, de ne pas remuer les flashs qui venaient envahir son esprit pour lui rappeler que non, elle n’était pas invincible. soupire doucement, se joint à celui de marla alors que soudainement, le drap la quitte. wtf ? pardon ? nesbitch et grosses fesses dans la même sentence. c’était ?? y en avait clairement une qui avait prit soudainement la confiance et pourtant, c’était un sourire qui venait tirer les lèvres de la rouquine. marla c’était difficile tu sais ? de faire péter cette barrière dont tu parlais. elle était pas douée pour ça. ni pour se livrer ni pour se montrer un tant soit peu sympa. c’était peut être pas dans son adn ou une connerie du genre. pourtant, tu finis dans le même lit et quelque part, ça lui fait du bien à roxy. de se rendre compte que y avait peut être des gens qui se souciaient réellement d’elle. de voir que même si ça n’avait pas été la cohue dans cette chambre, y en avait quand même qui avait fait le déplacement. ses blagues. il est persuadé d’être super drôle mais la plupart du temps, je comprends même pas pauvre roxane dépourvu d’humour. puis il prend tout à la légère. j’ai l’impression que.. rien n’est important. la capacité à tout tourner à la dérision tout le temps. mais il me fait du bien. j’fais vraiment des efforts pour être moins elle, moins sur la défense. dawie et son super pouvoir.

Je n'avais pas peur de te bousculer, tu sais. Rangez au placard la douce et fragile petite Marla, parce que j'en avais ma claque de me faire malmener et qu'on m'utilise pour ma fragilité. Tu vas bien Roxane ? Alors tu ne verras aucun inconvénient à ce que je teste le confort de ton lit d'hôpital ? « pardon ? » Ce n'est pas une question. Allez, pousse-toi ma belle, fais de la place à ta jeune sœur que tu aimes tant détester. Tu sais, il existe un temps pour une fois la surprise est passée, plus rien ne fonctionne comme avant. Et bien moi, je ne suis plus trompée par ton masque. J'crois même que j'te comprends bien plus que tu ne veuilles l'admettre. Dans un énième élan, je te supplie de m'ouvrir les portes de ton monde. Accepte-moi Roxane. Tel que je suis. « marla » Je sais. Pourtant, ce n'est pas la mer à boire. Regarde, tu souris déjà. Suffis que j'te prenne à bras-le-corps pour que tu t'illumines. Comme si du mordant en face de toi te faisait sentir dans ton monde. Alors quoi, c'est ça le secret ? J'envoie valser mes chaussures d'un geste simple et j'm'installe, j'prends mes aises, même un peu de place d'ailleurs, bien que j'fasse attention à ton confort à toi. « ses blagues. il est persuadé d’être super drôle mais la plupart du temps, je comprends même pas » Je pouffe de rire. Je n'étais même pas étonnée. Les deux faisaient un duo qui matchait étrangement bien. « puis il prend tout à la légère. j’ai l’impression que.. rien n’est important. » - « C'est un homme » que j'te réponds le plus naturellement du monde. « Et tu sais quoi ? Je me suis rendue compte que les hommes, ils te font croire que tout est pris à la légère justement, ça doit être une histoire d'égo, alors qu'au final, ce sont les premiers à paniquer ». Je l'avais remarqué avec mes exs. Ils faisaient du mal, ils semblaient s'en foutre alors qu'aucun d'eux n'avaient été indemne du tsunami Marla. Et je mettais ma main à couper que Dawie, il vivait les pires jours en ce moment. « mais il me fait du bien. j’fais vraiment des efforts » - « Je sais, je le vois » que j'te cache pas, un sourire léger sur les lèvres pour accompagner la confidence.

est-ce qu’elle changerait complètement ? probablement pas. mais elle essayait en tout cas. d’être moins insupportable, moins mesquine. et n’importe qui connaissant son tempérament pouvait constater à quel point elle se faisait violence pour que cette relation marche. parce qu’elle l’aimait dawie. elle l’aimait comme elle n’avait encore jamais aimé personne. elle, la gosse dont tout le monde était convaincu qu’elle était incapable d’aimer avait prouvé à travers le footballeur qu’elle disposait du même organe que tout le monde. être un homme n’excuse pas tout parce qu’elle aussi avait tenté d’user de l’excuse ; c’est roxane des milliards de fois et ça ne lui avait jamais apporté la moindre circonstance atténuantes même si dorénavant, tout le monde était parfaitement conscient que la rousse était la personne la plus perfide du monde. oh. ouais peut être.. mais j’suis pas sûre que dawie il panique pour grand chose. drôle de façon qu’il avait de fonctionner. comme si rien n’était jamais important. j’te jure, il est bizarre des fois lance l’air le plus sérieux au monde. parce que concrètement, il était rare qu’elle réussisse à saisir quoi que ce soit venant de lui. ça se voit tant que ça ? qu’elle demande par curiosité. est-ce que ça la rendait plus humaine ? plus approchable ? j'sais pas si j'en fais assez et si roxane avait jamais eu peur de grand chose, la simple pensée que dawie puisse la quitter suffisait à être pire que tout.