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les larmes roulent sur ses joues, n’en finissent plus — gamine au regard vide, gamine au cœur meurtrit. main abîmée, posée sur le rebord du lavabo. ses jointures deviennent si blanches, forcée de s’accrocher pour ne pas s’écrouler. elle n’a pas le droit de s’écrouler ahreum, elle est plus forte que ça. elle ne doit pas, pour soojin, pour tous les autres qui n’ont pas eu la même chance qu’elle. mais, c’est dur, ça fait mal. et ahreum, elle craque finalement. après s’être retenue depuis que les secours sont arrivés pour récupérer sa sœur ; à ne pas la lâcher une seule seconde, hormis pour aller rendre visite à hyunjae. à se mordre les lèvres, si fort, pour retenir les sanglots. elle ne peut pas pleurer ahreum. les épaules s’affaissent, la cambrure dorsale se courbe. vision de la vie altérée par les événements récents ; finalement, la vie ne tient qu’à un fil. en un claquement de doigt, elle peut tout perdre. perles salées sur les joues, roulent sans retenues. elle n’a plus de force ahreum, pourtant elle arrive à se redresser, le regard qui se pose sur la forme abstraite de sa silhouette contre la buée du miroir, à essuyer. vision d’horreur, lorsqu’elle se voit dans le miroir. à essuyer ses larmes de sa main, attraper une serviette pour essayer de sécher ses cheveux encore trop mouillés. mais, elle n’y arrive pas. serviette qu’elle repose sur l’étendoir avant de sortir de la salle de bain ; visage bouffi. surprise, un peu gênée de tomber nez à nez avec une infirmière. qui semble comprendre l’état dans lequel elle est, puisque naturellement, elle vient l’aider à finir de s’habiller. (…)
allongée dans son lit, tourné vers sa sœur, elle soupire légèrement. elle est fatiguée, exténuée. gamine qui veille jour et nuit au chevet de sa jeune sœur, soojin. elle a remué ciel et terre, quitte à faire payer la famille pour qu’elle puisse avoir un lit auprès d’elle. ahreum, elle s’est interdit de la laisser seule dans la tourmente. incapable de s’en défaire lorsqu’elle se met à imaginer une vie sans elle. impossible. le cœur se serre dans la poitrine, lui donne l’impression d’étouffer. attrapant son portable, elle se perd sur le monde d’internet. juste une parenthèse, pour l’aider à souffler. mais, ses yeux s’ouvrent en grand, le cœur s’arrête. ji-sung. se relevant d’un coup, elle cherche son contact, tape difficilement de sa main libre le message. à se bouffer les lèvres, elle ne l’a pas revue depuis le train, elle ne sait pas comment il va, trop concentrée sur sa sœur. soupire de soulagement quand il lui répond et lui indique qu’il est lui aussi, dans le même hôpital. sans réfléchir, elle se lève, embrasse le front de sa sœur, lui demande de la pardonner si elle se réveille et qu’elle n’est pas là avant de filer aussi vite que son entorse lui permet.
arrivée devant la porte de sa chambre, elle a le cœur qui s’emballe alors qu’elle cogne contre la porte, n’attends pas de réponse avant d’entrer. tombant nez à nez avec une jeune homme, le bras comme elle, immobilisé. et c’est des vagues qui la traversent, le soulagement de l’avoir là, de le voir vivant, la peur qu’elle a ressentie quand elle se remémore le regard qu’ils se sont donnés dans le train. s’avançant vers lui, boîte légèrement à cause de la chaussure immobilisant sa cheville, elle ne réfléchit pas ahreum, laisse le corps, le cœur s’exprimer lorsqu’elle capture son visage pour déposer sa bouche contre la sienne. simple baiser contenant trop d’émotions qu’elle laisse de nouveau quelques larmes s’échapper avant de le prendre dans ses bras. silencieuse, remerciant la vie de lui avoir laissé le garçon.
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