SULLIVAN HUMPHREY ▬ max irons

Sept mai 1991, c'est en ce jour là que je suis né, sur l'Île de Madeire. La mama Conceicao, le papa Humphrey, et me voila à trouver l'air aussi bien que possible. Parfois, on naît avec certains problèmes et moi ca m'est arrivé, une malformation cardiaque et un problème aux poumons m'empêchaient de respirer seul, sans problèmes. Un mois en couveuse avant de rentrer chez moi, avec un suivi médical très poussé, c'était pas marrant d'être un bébé pour moi, mais je n'y pouvais rien, j'avais juste à vivre, tenter de faire comme les autres, et la vie me sourirait peut-être, enfin, après un début de vie difficile. Le temps passait, j'allais chez le médecin toutes les semaines et à l'hôpital tous les mois mais je n'étais pas difficile, parait-il que j'étais un enfant presque trop sage, apparemment. Mais personne ne s'en plaindrait, un bout de chou mignon comme un coeur, disait ma grand-mère, et sage comme une image, c'était parfait selon eux, mes parents. Je vivais tranquillement, dans une maison ni trop grande ni trop petite, avec mes deux parents et ma grand-mère. Il n'y avait aucun problème pour nous, mes parents travaillaient tous deux et je rentrais à la maison le midi pour manger avec grand-mère, lui raconter ce que je faisais à l'école, ce genre de choses. Une fois, on m'a dit que j'avais un quotient intellectuel au dessus de la moyenne, mais à huit ans, c'est pas un truc qu nous intéresse vraiment, on préfère aller jouer au football avec ses copains plutôt que de passer son temps après les cours à faire des tests d'intelligence. Mais enfin, mes parents avaient pas l'argent pour me payer des études de toute façon, donc je partais pas dans un délire de devenir quelqu'un d'important, ce genre de choses, ca me dépassait complètement, même lorsque j'étais au collège. Toujours premier de la classe, mes parents se montraient fiers de ma réussite et espérait même que je pourrais toucher des bourses pour des études, c'était leur projet en tout cas et je ne pourrais dire que je n'en espérais pas autant. A l'âge de quatorze ans, mes parents m'apprirent que l'on déménageait. Mon grand-père paternel venait de décéder, et il avait appelé mon père récemment pour le prier de venir habiter chez lui, de retourner à Londres et reprendre l'entreprise familiale. Cela donnerait plus de ressources à leur ménage donc ils décidèrent de partir de notre île, pour en rejoindre une autre, au climat bien moins clément.



Londres, la capitale de l'Angleterre, de belles choses à voir pour un fan d'art comme moi, mais je ne retiens que deux choses de mon passage anglais, et la première fut celle qui fit basculer ma vie. Mon quinzième anniversaire était aujourd'hui, j'avais eu la meilleure note de la classe sur l'année scolaire et j'avais eu le numéro d'une fille qui me plaisait énormément. Le plus beau jour de ma vie ? Non, le pire. Revenant de l'école sourire aux lèvres, je le perdis bien vite en voyant les larmes de grand-père. Lorsqu'elle m'expliqua, je n'eus aucune réaction. Je ne pus pleurer, ne je pus rien faire, à part m'asseoir, prendre grand-mère dans mes bras, et attendre. Mes parents étaient morts et je ne leur avais pas dit au revoir, je n'en avais pas eu l'occasion. On me les enlevait et je n'avais pas mon mot à dire. Leur enterrement fut un dimanche, je mis un costume noir, je ne pus parler ce jour là, j'aurais aimé leur dire comme je les aimais mais je n'avais pas réussi, devant toute la famille, j'étais resté sans voix, sans expression. On accepta que je vive seul avec ma grand-mère, et je fus obligé de continuer ma vie, sans eux.



La vie anglaise m'avait volé mes parents mais m'avait offert des personnes extraordinaires. J'avais rencontré Rio depuis fort longtemps, elle s'était trouvé dans ma classe lors de ma deuxième année de collège. Plus jeune, j'étais amoureux de sa soeur jumelle, Apple, elle était belle et je ne pouvais résister à cette charmante demoiselle, même si les sentiments n'étaient pas partagés. Malgré cela, Rio n'en était pas moins belle que sa soeur, elle était magnifique et je l'aimais beaucoup, mais je ne pouvais prétendre être tombé amoureux d'elle, même si elle m'avait toujours beaucoup attiré. On passait pas mal de temps ensemble finalement, et un jour, elle m'invita chez elle. On regarda un film et sans vraiment m'en rendre compte, je l'embrassa fougueusement. Je n'avais jamais fait l'amour, j'avais pensé que trouvé une bonne personne était quelque chose d'important, une première fois, quoi qu'on en dise, ca reste gravé. Je fis donc l'amour pour la première fois avec Rio -qui était elle aussi à sa première expérience sexuelle- et je passais un très bon moment avec elle. Je l'aimais beaucoup mais je n'avais pas un coup de foudre pour elle. J'avais peur qu'elle ne pense que j'ai couché avec elle car je ne pouvais pas avoir Apple mais ce n'était pas le cas, j'avais un grand amour pour elle, mais peut-être pas celui qu'elle attendait de moi. Malgré cela, c'était celle qui m'aidait à oublier mes parents, leur mort.



Grand mère mourut un vendredi, je m'en souviens bien, comme si c'était hier. Un costume plus grand m'attendit cette fois-ci, toujours d'une couleur très sombre. Rio vint avec moi, je ne pouvais pas revivre ce moment seul à nouveau et elle fut là pour moi, et dieu sait à quel point je ne saurais la remercier de cela. J'avais pas mal économisé depuis quelques temps, je travaillais à mi-temps, en plus de mes cours, dans un magasin où je gagnais le minimum que l'on donnait mais c'était toujours cela. J'avais hérité de la maison à Madeire, celle de Londres ainsi que la petite entreprise familiale. Je n'avais aucun attachement pour celle de Londres et je fis donc les démarches pour la vendre, dans le but de ma payer des études. Rio était partie à Harvard, tout comme sa jumelle. Je me dis que c'était ma chance de ne pas perdre les dernière choses qui me restaient, les jumelles et je fus pris, à ma grande surprise, dans cette université de renom. Ma nouvelle vie commencerait ici, et j'espérais ne plus revivre les fantômes du passé.