(witherbitt) power sisters

Roxane avait fait une entrée fracassante dans ma vie, elle était arrivée et avait balancé une bombe dans ma tête, m'obligeant à reconsidérer mes origines et ma notion de la famille. J'avais une nouvelle sœur. Elle voulait me connaitre, elle était là pour moi. Le test avait attesté l’authenticité de ses propos et maintenant, il ne me restait plus qu'à composer. J'avais pris mon temps, j'avais fini par accepter et je lui envoyais des messages de temps en temps pour essayer de tisser un lien, lui proposant même de se présenter à la tête de la Pforzheimer à mes côtés. J'y voyais là une occasion d'apprendre à se connaitre et une façon comme une autre de "s'obliger" à passer du temps ensemble. Alors malgré le moment de silence de ces derniers temps, j'étais revenue à la charge en lui proposant une soirée entre sœurs. Maintenant qu'elle était là, je voulais vraiment la découvrir et avec la silence radio de Miles suite à ma bourde, j'avais aussi besoin de penser à autre chose pour ne pas devenir complètement folle. Rendez-vous chez moi donc, je laissais Roxane mettre le nez dans mon intimité, me dévoilant peu à peu un peu plus. « Je ne connais pas tes goûts en matière de nourriture, mais au cas où tu serais végétarienne, je n'ai pas prévu de viande... » que je glisse en l'invitant à pénétrer dans le salon. Parce que oui, j'avais préparé les choses bien. « Au fait, tu as entendu parler de personnes qui se présenteraient potentiellement à la Pfo en dehors de nous ? Des rumeurs ? Histoire qu'on sache qui on va devoir éliminer... » Et je n'étais pas le genre de personne qui aimait perdre donc je déconnais à moitié.

@Roxane Nesbitt  

si roxane avait en premier lieu tout misé sur sa rencontre avec marla, fallait croire que de l’eau avait coulé sous les ponts depuis. peut être qu’elles n’avaient pas le temps ou.. peut être que c’était juste difficile de lier des liens avec quelqu’un que l’on ne connaissait pas à partir du moment que l’on apprenait faire partie de la même famille. en soit, il pouvait y en avoir des tas de raisons mais quoi qu’il en soit, il fallait quand même avouer qu’elles n’étaient pas spécialement proches. quelques sms qui s’étaient eux aussi pas mal espacés et au final, c’était chacune sa vie et rien de plus prononcé. pourtant, marla avait une nouvelle fois fait un pas en avant en invitant la rousse à venir chez elle pour passer la soirée. et si elle ne savait pas vraiment à quoi s’attendre, elle acceptait tout de même, prenant en temps voulu la direction de l’appartement de sa soeur. ━ je ne le suis pas mais c’est sympa d’avoir essayé de penser à tout, d’avoir anticipé pour ne pas avoir de mauvaise surprise. long soupir et elle retire sa veste en cuir, laisse ses cheveux dégringoler dans son dos alors que la plus jeune tente de reprendre la conversation presque immédiatement. ━ absolument pas. autant, on aura absolument pas de concurrence qu’elle lâche d’un haussement d’épaule. ━ et toi ? parce que s’il fallait évincer des gens, roxy était plus douée dans la matière et n’hésiterait clairement pas à se débarrasser d’éventuels candidats juste pour assurer cette victoire à marla qui semblait y tenir. ━ au pire, on truquera les votes aucune conscience, remember ?

C'était étrange de découvrir une sœur sur le tard. J'étais partagée en deux ; ayant à la fois la sensation qu'une partie de moi venait de se compléter et une autre partie de moi sentait qu'on lui greffait un corps étranger. C'était d'autant plus particulier que d'essayant de composer avec quelqu'un qu'on ne connait pas. D'une certaine manière, je me faisais violence, moi qui n'étais pas la personne la plus sociable du monde. Je prenais sur ma timidité et je sortais de mes sentiers battus. J'étais néanmoins obligée de constater que malgré la hâte que Roxane avait manifesté aux premières heures de notre rencontre durant l'été, ça ne semblait plus aussi évident à l'heure actuelle. Dans tous les cas, j'avais prévu tout pour ce soir, même le repas, en prenant des précautions. « je ne le suis pas mais c’est sympa » Un sourire étire mes lippes. Je prenais note dans un coin de ma tête et je relançais tout aussi vite la discussion. « absolument pas. autant, on aura absolument pas de concurrence. et toi ? » Ma bouche se tord en une grimace et je secoue la tête négativement. « Non, je n'ai rien entendu pour le moment... » Faut dire que je n'étais pas non plus la personne à qui on venait parler malgré la petite popularité que je pouvais avoir du à ma présidence de l'année passée. « au pire, on truquera les votes » Je ris aussitôt, parce que oui, je le vois comme une blague avant de réaliser qu'elle peut-être pas. « Tu ferais vraiment ça ? » J'étais amusée, un tel acte n'était pas mon genre. « Je crois que je préfère être élue parce qu'on m'apprécie... ou qu'on me fait confiance ».

« ils savent peut être déjà qu’ils seront perdant de toute façon » Peut-être. Peut-être pas. On s'en savait rien. Ou alors, peut-être qu'il n'y avait que moi que ça intéressait réellement. Même Roxane, elle faisait ça pour moi, je le savais très bien. Pour ma part, je voulais m'occuper de la Pforzheimer parce que j'étais du genre première de la classe et que clairement, c'était le genre de titre qui m'allait à merveille. Néanmoins, pas au point de falsifier des résultats. Roxane elle, elle avait l'air à l'aise avec l'idée. Le regard à la fois amusé et dubitatif, j'essayais d'en savoir d'avantage. « pourquoi pas ? » Je me sentais déjà mal à l'idée de ne pas être pleinement contre une idée, me contentant de simplement hausser les épaules en la regardant. Reprends toi Marla, c'est comme si la rouquine en face de toi avant une mauvaise influence d'un coup. Ouais, nan. Impossible. Je préférais largement être élue en sachant que l'on m'apprécie assez pour me vouloir. « t’es mignonne » ah. Le rire en dit long. J'me vexe sans le vouloir. « j’suppose que beaucoup faisait confiance à trump et.. voilà le résultat. c’est surfait » J'allais pas rentrer dans le débat, mais si Trump était au pouvoir, c'était seulement parce que le système américain était mal fichu. Dans tout ça, il y avait surtout une chose que je retenais. « Me compare pas à Trump s'il-te-plait, merci » C'était le genre de remarque qui me faisait bouder. « t’en fais pas, dans tous les cas on sera élues » Un nouveau sourire apparait et j’acquisse d'un hochement de tête. Le silence s'installe, mais une question me brule les lèvres. « Tu es déçue ? » Je ne fuyais pas son regard, j'avais un réel intérêt pour sa réponse. « Tu étais vraiment pressée de me rencontrer et ça s'est essoufflé un peu, alors j'me demandais si tu étais déçue... » On était tellement différentes qu'elle aurait pu avoir d'autres attentes.

« c’est pas ce que j’ai fais, t’es pas le centre du monde » Mes sourcils se fronçaient automatiquement, aurais-je osé penser cela pendant un instant ? Non, jamais, ça serait mal me connaitre. « j’veux dire, c’était un exemple bête de politique, y avait pas d’insinuation que vous étiez pareil » Je ne m'attarde pas plus, je sens que Roxane fait des efforts là et autant abréger ses souffrances en changeant de sujet. Ou pas en fait. Puisque la suite ne présageait rien de meilleur en terme de conversation sérieuse. Et si je ne savais pas si elle était à l'aise dans ce domaine, j'allais vite le savoir. « quoi ? » Je rougis, par habitude. Est-ce que je dois répéter ? Mes épaules se haussent comme si d'un coup j'assumais plus autant ma question quand enfin Roxane se lève pour récupérer ses affaires. Si pendant les premières secondes j'ai l'impression qu'elle est saoulée et qu'elle va m'abandonner là, je comprends rapidement ce qu'il en est quand elle m'apporte des lettres. « tu m’avais demandé la dernière fois » Ouais. J'avais fait ça et... je ne m'attendais pas à les lire un jour. Certainement pas ce soir en tout cas. « ça t’aidera à mieux comprendre » J'étais intriguée, assez pour ouvrir la première de la pile. « Tu veux... tu veux que j'lise ça ce soir ? devant toi ? » J'demandais mais j'étais déjà en train de commencer en réalité. La première lettre était plutôt classique, une entrée en matière. « Est-ce qu'on se ressemble alors ? » je souriais, caractériellement non, c'était certain.

« comme tu veux » J'étais déjà lancée dans ma lecture de toute façon. J'avais de la curiosité à assouvir et j'avais l'impression que toutes les clés étaient dans ces morceaux de papier. Comme si ça allait m'aider à déchiffrer la rouquine en face de moi. Si la première lettre me fit sourire, me demandant à mon tour si on se ressemblait tant que cela. « on est rousses » Ouais, c'était peut-être le seul point commun, en tout cas, le plus visible, peut-être qu'il allait falloir que je creuse un peu la carapace de la sulfureuse pour en savoir davantage. La suite de la lecture avait effacé mon sourire. Elle faisait preuve de transparence et cette personne vulnérable qui posait des mots dans des lettres me ressemblait d'avantage. J'étais dépassée par le flot d'information qui se trouvait sous mes yeux. Elle n'avait aucune sensibilité et moi, j'étais une éponge à sentiments. Je ressentais tout, vraiment tout. J'attirais toujours les mêmes personnes jusqu'à moi ou alors, c'était moi qui étais attirée par elles. Comme un papillon de nuit vers la lumière. Plus ça allait, plus les paliers devenaient plus compliqué. Roxane, elle était dans la même veine que Miles. C'était la même "catégorie" de personne et même s'il était un con sans excuse, j'arrivais à composer avec lui avec peut-être que j'arriverais à composer avec elle aussi. Mais c'était difficile de trouver une excuse face à ce qu'elle avait fait bien que mon cerveau essayait de se faire entendre et de dire que je n'étais pas là, que je pouvais pas juger. Ça me renvoyait à mon propre vécu. Je n'étais pas heureuse moi, je ne l'avais jamais été. J'aimais pas tellement la vie non plus, c'était compliqué. Je reposais les lettres en silence sur la table basse, cherchant mes mots pour la suite. « Je... J'ai.. » Mes yeux se fermaient quelques secondes histoire de trouver du courage. « J'ai fait une tentative de suicide il y a un an » Ma main frottait mon front nerveusement. « Miles m'a aidé, mais j'suis pas complètement sortie de la spirale infernale. J'te blâmerais pas pour ce que tu as fais, mais si tu as un goût pour la destruction, les coups pourront être fatals sur moi... » Autant être clair, poser les mots noir sur blanc. Là, j'étais lucide quant à mon état psychologique fragile, mais parfois, j'étais dans un brouillard qui m'empêchait d'avoir assez de recule. Fallait vraiment qu'elle ait conscience de ça. Il le fallait parce que les personnes comme elle étaient des requins et quand elle sera dans ses meilleurs jours, je serais dans les pires.