FELIX S. GALLOWAY ► Silas Weir Mitchell

Déjà dans le ventre de sa maman, tout commençait très mal pour Felix. Sa mère était une femme pauvre, elle se droguait et se prostituait pour pouvoir vivre et acheter sa came. Elle est tombée enceinte d'un de ses clients. Evidemment, c'était une grossesse involontaire, clairement pas désirée, un accident, une erreur de parcours. La "mauvaise" nouvelle et le manque d'argent étant clairement présent, elle avait décidé d'avorter. Ce qui aurait certainement pu être une très bonne idée, fait dans de bonnes conditions sanitaires et par des professionnels. Mais malheureusement, elle préféra se tourner vers de l’illégal, l'avortement de rue, l'avortement de boucher, comme on dit familièrement parlant. Premièrement, l'avortement fut un gros échec cuisant, deuxièmement, la jeune femme attrapa une grave infection, suite à ceci. Le fœtus fut touché par la bactérie, il continua de se développer dans le ventre malade de sa mère, pendant huit mois et trois quart. Lors de l'accouchement, elle perdra la vie, le bébé arrivera avec un autisme certain. On décèlera rapidement chez lui un syndrome de tourette, d'autisme et un léger retard mental, accompagné de t.o.c.s. Le bébé fut récupéré par une famille d'accueil jusqu’à ses trois ans. Pour finalement être placé dans un orphelinat avec d'autres enfants au début de parcours plus ou moins tumultueux, comme lui.

Depuis tout petit, Felix fût suivit par des professionnels, des médecins, des psychiatres, des spécialistes divers, il aurait tout aussi bien pu avoir une carte de fidélité, si on aime l'humour noir. Un strabisme se développait dans son regard un peu perdu, alors qu'en même temps s’intensifiaient ses t.o.c.s et ses crises d'autismes. Les autres enfants de l'orphelinat le laissaient clairement de côté, il subissait quotidiennement moqueries et rackets, pendant les heures d'écoles et même le reste du temps. Enfant, Felix a énormément souffert de son état, les autres le qualifiaient de "débile mental", de "mongolien" et tout autres florilèges d'insultes puériles toutes aussi méchantes et violentes, les unes que les autres, dans la bouche d'un enfant. Dans la bouche de n'importe qui d'autres, d'ailleurs. En grandissant un peu, le petit garçon put avoir un traitement plus adapté à lui, à ses syndromes, ses crises et t.o.c.s diminuèrent peu à peu, mais restèrent tout de même présents et visibles. Il n'avait que très peu d'amis, c'était un petit garçon très solitaire, très timide et renfermé sur lui même. Il n'avait pas vraiment d’interactions sociales avec les autres de son âge, il était un petit garçon réservé. Habituellement, les enfants de son âge passent leur temps à jouer, à courir, à rigoler, à pleurer. Lui, pas. Il s'était forgé une petite carapace avec le temps. Dans sa petite tête d'enfant, il avait son petit monde à lui, ses amis imaginaires. Il avait toujours un petit air rêveur et perdu sur le visage, il s'était créé son petit bonheur rien qu'à lui, avec l'aide de dessins et de peintures. Il s'est rapidement découvert une passion pour le dessin. Il se créait des petits personnages, il les faisaient vivre des aventures, avec du papier et des crayons.

Rien n'a trop changé en grandissant, si ce n'est que Felix commençait peu à peu à s'ouvrir tout doucement aux autres, à certaines personnes timides et réservées, comme lui, du moins. En revanche, il avait l'habitude de se faire tabasser par d'autres jeunes ado. L'âge bête, l'adolescence, les premiers émois, les premières expériences, les premiers amours. Il tomba raide amoureux d'une fille de sa classe, à l'époque. Elle était belle, populaire, en somme la fille intouchable, qui ne s’intéresse qu'aux petits caïds de l'école, tout le contraire de Felix, finalement. Cette fille la, elle sortait avec le capitaine de l'équipe de foot du lycée. Ce dernier apprit rapidement le béguin que Felix avait, pour sa mignonne petite amie, pas farouche du tout. Il en profita pour se moquer un peu de Felix et il imita un petit poème et un lieu de rendez-vous. Felix tomba dans le panneau, il était naïf et beaucoup trop amoureux de cette fille, pour avoir le recul nécessaire et ne pas tomber dans le piège. En se pointant au lieu du rendez-vous, il tomba sur ce gars et ses amis bagarreurs. Après l'avoir tabassé et frappé, il laissèrent le pauvre Felix dans ses larmes, avec ses multiples blessures. Après ça, il refusa de retourner en cours. En apprenant le difficile parcours du jeune homme, la famille d’accueil qui l'avait élevé lorsqu'il était bébé, demanda l'adoption de ce jeune homme. Les notes de Felix étaient brillantes, c'était un élève très intelligent et sage. Sa famille d'accueil décida tout de même de le retirer de la scolarité normale, pour lui offrir un parcours plus adapté pour lui, quelque chose qui lui correspondrait mieux. Après quelques tests, il s’avéra que Felix était un jeune homme surdoué et clairement attiré par l'art, en général. Il termina sa scolarité dans un établissement adapté à ses problèmes de santé, le suivi était plus régulier et les personnes qui l'entouraient était beaucoup plus informé des soucis de développement de Felix. Ça a vraiment été bénéfique, pour lui. A ses dix-huit ans, il intégra une école d'art, sa passion, ça lui plaisait, mais il était tout de même un peu dissipé par moment, car il y avait ce garçon, qui étudiait avec lui. Il avait un peu moins de vingt ans, à l'époque, Felix, il le trouvait beau, il avait du talent, il était admirable aux yeux du jeune homme. Mais avec l'unique et mauvaise expérience qu'il avait eu en amour, avec cette fille, quelques temps auparavant, il n'osa rien faire, rien dire, le premier pas n'était pas venu de lui, mais de l'autre. Ils passaient leur temps à se chercher, à se tourner autour. Jusqu’à ce que, le jour des vingt ans de Felix, l'autre lui avoua qu'il devait déménager pour suivre ses parents, sur un autre continent. Felix fut dévasté par ce départ, il partagea avec ce jeune homme, son premier baiser et sa première et seule expérience sexuelle avant très longtemps. Il avait été le seul à dépasser la maladie et les difficultés sociales de Felix, pour lui offrir de l'amour pur, ça lui avait fait un bien fou, à ce dernier.

En devenant adulte, Felix avait appris à passer à côté des réflexions plus ou moins bien placées des autres personnes. Avant, il se sentait blessé et insulté, maintenant, il n'y faisait même plus attention, parfois même, il s'en amusait carrément. Il n'avait toujours que très peu d'amis même adulte, mais il avait toujours eu des bons contacts avec sa famille d'accueil, ceux qui l'avait sauvé d'un échec sociales, en l’adoptant au moment où il avait le plus besoin d'aide et de soutien. Lorsque cette mère et ce père avait finalement perdu la vie, dans un accident de voiture grave, il avait environ une trentaine d'années. Il se sentit plus seul et abandonné que jamais, ses crises se faisaient plus présentes et finalement, son traitement fut changé, pour quelque chose de plus puissant et solide, pour le détendre et le relaxé au maximum. Depuis, il a toujours ce petit air nonchalant et mou. Lorsqu'il fut accepté comme professeur d'art, il s'acheta un petit appartement au centre de Boston. Appartement qu'il n’intègre que très peu souvent, car il préfère largement de loin le calme de la nature, il y entrepose ses tableaux et ses dessins principalement. Il y dort, de temps à autres. Mais la plupart du temps, il dort en dehors de la ville, en camping, ou bien dans une cabane en forêt, ce genre de chose. Il s'isole, il peint, il dessine dans la nature. Il aime le calme et la sérénité du plein air. C'est un homme seul et extrêmement solitaire, c'est d'ailleurs ce qui alimente les rumeurs, qui racontent que Felix a fait de la prison et est un psychopathe. Ce qui, bien évidemment, est totalement faux, puisque Felix est tout le contraire de ça, lorsqu'on apprend à le connaitre en profondeur et qu'on dépasse sa maladie et ses difficultés, il se trouve que cet homme est quelqu'un de très doux et merveilleux. Il a tout simplement été déçu de la vie et des humains, ce qui ne facilite pas le contact avec lui, évidemment, car il semble assez froid et distant, dans un premier temps. Il n'a pas vraiment l'habitude des interactions sociales et du contact avec les autres. Il a énormément de mal à faire confiance et à s'attacher à des personnes. Même si il adorerait trouver l'amour, fonder une famille, il ne trouve pas ou plutôt il ne s'autorise pas ce genre de choses. Sa seule expérience sexuelle et amoureuse était lorsqu'il avait vingt ans, avec ce jeune homme qui à déménagé sur un autre continent. Il s'enferme dans sa passion qui est l'art, il enseigne, il peint, il dessine, il écrit, voilà à quoi se résume sa vie. Le psychologue qui le suit depuis plusieurs années, l'aide à s'ouvrir aux autres, à s'autoriser d'aimer et de faire des rencontres. Il l'encourage à se lâcher, à avoir un petit grain de folie dans la vie, mais c'est pas facile du tout.