RYU-JIN NAM-KIM ► Kim Jin-woo

On m’a déjà demandé comment c’était avant mon adoption, à mes quatre ans, si j’en avais des souvenirs ce genre de choses, et j’ai toujours répondu, que j’étais trop petit pour ça. Un sourire aux lèvres bien entendu, ça passe toujours mieux et c’est plus crédible. Mais en réalité, c’est un peu un mensonge. J’en n’en ai pas beaucoup de souvenirs, c’est vrai, mais il m’en reste quelques-uns, flous, marquants. Je me souviens du sentiment d’abandon par exemple, de la solitude. La seule chose qui est claire, dont je me souviens, c’est le dernier regard de ma mère avant de me laisser dans un magasin, me disait qu’il revenait. C’est fou comme la mémoire est amusante. Le foyer qui m’a accueilli je ne m’en souviens presque pas au contraire.

Est-ce que j’en veux à mes parents biologiques ? Un peu. Je les ai haïs très longtemps. Mais j’ai grandi, et je me suis fait une raison. Maintenant ce ne sont que des inconnus, qui au final, m’ont permis d’avoir une bien meilleure vie. Pour m’abandonner, ils ne devaient pas avoir grand-chose à offrir. C’est ce que je cesse de me répéter depuis longtemps.
Maintenant j’ai des parents aimants, que j’aime aussi, de l’argent, un avenir assuré. Ils m’ont donné une bonne vie, et c’est la seule chose pour laquelle je leur suis reconnaissant. Je ne veux plus rien avoir à faire avec mes parents biologiques.

On m’a régulièrement raconté comment j’avais rencontré mes parents actuels, en commettant un délit, j’étais rentré dans l’entreprise de musique de mes parents et m’étais caché jusqu’à la fermeture. Au lieu de prévenir la police, mon père a passé la nuit avec moi à me faire visiter. J’ai toujours trouvé l’histoire amusante, et assez incongrue, même si je n’en ai aucun souvenir. J’aurais bien aimé savoir ce qui m’avait pris. Je suppose que j’aimais déjà la musique à cette époque.
J’ai rencontré ma sœur peu de temps après mon adoption. J’ai eu du mal à me faire à ma nouvelle famille, mais Yura m'a beaucoup aidé, on est tout de suite devenus très fusionnels. J’ai eu une enfance plutôt heureuse grâce à mes parents. Tout allait pour le mieux, je veux dire, mes parents m’ont élevé avec amour, j’avais une sœur formidable, je ne manquais de rien.

Mais en dehors de notre petit cercle familial ce n’était pas exactement la même histoire. Je l’ai senti tout de suite que je n’étais pas comme les autres enfants. J’avais été adopté, et j’ai toujours été jugé pour ça, en particulier lorsque j’ai grandi. Pour beaucoup, ils pensaient que j’avais juste gagner au loto pour être tomber dans une telle famille en étant un petit orphelin. Il y avait même des théories étranges comme quoi j'étais l’enfant illégitime de mon père qu’il avait fini par adopté. Laisser traîner ses oreilles innocentes d’enfant avait de bons comme de mauvais côtés.
J’ai appris rapidement qu’il ne fallait pas montrer quand on ne va pas bien, qu’il fallait passer au-dessus du jugement des autres, ou au moins faire penser que c’était le cas. J’ai compris qu’il fallait tirer son épingle du jeu. Alors je garde le sourire en façade face aux gens hypocrites, m’abaissant à leur niveau, faisant comme si je ne savais pas exactement ce qu’ils pensaient de moi. Je faisais l’enfant modèle pour honorer mes parents.

En Corée, les études, c’est extrêmement important, et ça l’était davantage pour moi, je voulais faire mes preuves. Je n’ai jamais eu de problème à beaucoup travailler, j’avais d’ailleurs des facilités qui m’aidaient grandement. Les cours du soir j’en avais l’habitude, en plus des cours de danse et de chant. Parce que bien rapidement j’ai compris que j’adorais ça, et mes parents n’ont pas hésité à m’en payer. J’ai eu une enfance avec un planning très chargé ne laissant pas énormément de temps pour l’amusement. Mais je pratiquais ma passion alors ça m’allait bien. Je montrais ce que je valais.
Mon objectif principal après le lycée, c’était l’université nationale de Séoul. C’était mon plus grand rêve. Pour montrer que j’avais réussi. Tout comme ma sœur avait réussi à l’intégrer. Je savais qu’il y avait de très bonnes écoles en dehors de notre pays, mais je voulais aller à Séoul. J’ai énormément travaillé pour cela. Mais la chance n’était définitivement pas de mon côté, j’au eu merde sur merde. J’ai réussi à y rentrer de justesse. Ce fut une grande déception pour moi, c’était plus que décevant.

Quand ma sœur a voulu partir au Etats-Unis pour devenir danseuse, j’ai tout de suite su que les parents ne l’accepteraient jamais. Mais moi je ne voulais que son bonheur alors je l’ai aidé. Mais la séparation a été très difficile, pour nous deux, mais aussi pour notre famille. Mais parents n’ont pas été ravi de mon implication dans cette histoire. Mais ils m’ont pardonné, sauf que je ne devais plus parler à Yura. Bien entendu que je n'ai pas obéis. Ma sœur, jamais je n’aurais pu l’abandonner.

J’ai beaucoup de connaissances, mais peu d'amis sincères. Car pour moi, des amis proches sont des personnes qui me connaissent vraiment, or il y en a très peu dans ma vie. C’est difficile pour moi de faire confiance aux gens.
Pour avoir des faveurs des personnes, c’est toujours bien de s’entendre avec beaucoup de monde. Et il y a une chose que j’aime beaucoup, les embrouilles. Pas quand cela me concerne, mais j’avoue trouver cela extrêmement divertissant chez les autres. C’est un petit côté sadique dont je suis pleinement conscient mais que je ne montre pas trop.

On ne peut pas dire que j’ai été quelqu’un de très chanceux en amour. Quand je vois mes parents, je me suis toujours dit que l’amour c’était beau. Que c’était ça un couple heureux. Je suis un peu fleur bleue sur les bords. Mais je n’ai jamais trouvé la bonne personne.
J’ai déjà eu des copines, mais mon emploi du temps très chargé de plaisait pas forcément. Et bizarrement, il y avait toujours un pépin qui faisait qu’elle me quitte au bout d’un moment. Si ce n’était pas à cause de moi, c’était qu’il y avait quelqu’un d’autre de mieux. J’ai du mal à être totalement sincère avec les gens, et ça a gâché beaucoup de mes relations. Mon côté manipulateur a aussi tendance a éloigné quand on l’apprend. Je n’ai jamais eu de grande relation. J’ai été amoureux, mais souvent déçu.
Evidemment, sur ce sujet, j’ai été poisseux jusqu’au bout. Enfin c’est ce que j’ai pensé pendant longtemps. Quand j’ai découvert, que les femmes n’étaient pas les seules à attirer mon attention, j’ai mis beaucoup de temps à le remarquer et à l’accepter. Ça aurait été une honte pour ma famille. Et puis Yura est partie peu de temps avant. Je n’ai pas osé en parler. Ça aurait été trop pour eux. Et ce n’était clairement pas la bonne période. Alors je l’ai gardé pour moi. Je n’ai jamais osé en parler, ou le montrer, même si c’est compliqué parfois.
Je n’ai eu qu’une seule relation avec un homme, qui s’est conclue par un échec cuisant. Même si j’essaye de me convaincre du contraire, je sais que je n’ai jamais abandonné l’espoir de trouver la bonne personne, c’est bien caché, au plus profond de moi. Je ne cherche pas l’amour, les études c’est plus important.

Yura a reprit contact avec mes parents, et j’en ai été soulagé. Je n’aimais pas la savoir loin de nous. Mais j’étais aussi inquiet de la raison, en particulier quand elle décida de reprendre ses études à Harvard. La distance étant trop pesante entre nous, j’avais alors décider de la suivre aux États-Unis.