LEENA VAN OORDT ► Josefine Pettersen

story of my lifeVan Oordt, c'est doux quand on le prononce. Il invite au voyage, il crée le mystère. Des parents avec des situations correctes, le professeur de physique quantique rencontra celle qui finira élue au parlement néerlandais. Cette famille forme l'admiration, le respect. La perfection avec leurs deux enfants. Les parents aiment cette idée, et feront tout pour que la photo ne perde pas ses jolies couleurs. Les sourires sur les lèvres, la joie de vivre, une inspiration pour tous. Ils ont toujours intrigués les Van Oordt, même les enfants, même à l'école. Leena l'indomptable, pourtant avec ce visage de poupée. Elle avait souvent des hématomes, sans pour autant être la plus téméraire dans la cours de récréation. C'était pourtant trop beau pour être vrai, trop flagrant pour ne pas inquiéter. Alors on ferma les yeux, comme les parents, comme elle même.

Leena et Marius, c'est l'amour, l'attachement, la passion. Trois années les séparent, mais ils font tout ensemble depuis leur plus tendre enfance. Comme des jumeaux. Ils sont les inséparables, ces petits oiseaux qu'on ne peut éloigner au risque de les voir mourir. Leena, elle a toujours eu l'impression de tout ressentir chez lui, ses joies, ses tristesses, ses angoisses. Elle lui pardonne tout, de peur de le perdre à tout jamais. Elle sait qu'il aime passionnément. Ses poings la cognent régulièrement, et elle a fini par trouver des excuses à chaque fois. Les parents dissimulaient les colères, Leena les subissait sans un mot. Elle a grandi sous ce silence ahurissant, persuadée qu'il l'aime d'un amour fou pour la marquer à vie de ses poings. Parfois, elle pleure le soir dans son lit, juste pour montrer un sourire radieux le lendemain. Mentir, de plus en plus de fois. Apprendre à dissimuler les hématomes sous des histoires d'accident de vélo ou de sa maladresse. Les adultes y croient, à moins qu'ils ne veulent pas voir. Marius s'excuse toujours, et avec miséricorde, elle pardonne. Il est malade, elle s'en persuade. Ses accès de violence sont parfois au bord de la briser totalement. La noyade pendant un week-end en famille, les coups qu'elle évite en se cognant elle même contre quelque chose. Sa folie habite cette relation fraternelle, cette maladie qui touche son frère et dont elle ne veut parler à personne. Alors elle protège son visage avec ses bras, lui permet de frapper des zones moins voyantes, moins douloureuses aussi. Elle consomme des crèmes et des médicaments qu'elle vole dans la pharmacie des parents. Puis apprend à utiliser le fond de teint, lorsque les zones sont trop à la vue. Mais Leena, elle croit en l'humain, elle croit que chacun est profondément bon, à l'origine, et qu'il reste toujours une partie de bonté en chacun, même si elle est bien dissimulée, même si on essaye de l'enfouir sous une montagne de défauts. Elle y croit dur comme fer. Et elle l'aime plus que sa propre vie.

Leena grandit, dans cette perfection que tout le monde lui envie. Elle ne montre que ce qu'elle décide, mais cette joie de vivre embaume toujours son entourage. Sa gentillesse lui permet de grandes amitiés, et quelques petits amis. Aucun écart à déclarer. Vie sociale épanouie, études admirables. Il n'y a pas d'ombre au tableau. Elle est le bâton qui ne rompt pas, le métal qui ne tord pas. C'est la droiture, la fidélité. Elle est la Joconde, un mystère à résoudre, une peinture qui ne montre qu'un seul sentiment, le sourire aux lèvres. Personne ne sait vraiment à quoi elle pense sous ce visage enjoué. Elle aime rire de tout, elle aime l'humour, les beaux paysages, les enfants du monde entiers. Leena, elle est folle des enfants et des animaux, elle aime ce qui n'est pas transformé, ce qui reste pur, comme le son du cristal.

Leena est encore au lycée quand elle apprend le scandale qui surplombe son frère à l'université. Elle se permet de dénigrer les anciennes petites amies de son frère pour le protéger. Défendre Marius envers et contre tout. La réputation de son frère ne sera pas ternie par des filles qui n'ont fait que profiter de lui. Et pourtant, il décida de partir sur Boston. Leena et Marius se sont séparés, pour la première fois, comme une cicatrice qui déchire et ouvre de nouveau la plaie. Alors, il fallait travailler plus, pour pouvoir le rejoindre dans la meilleure université qui soit. Le travail porte ses fruits, et elle a pu entrer à Harvard grâce à ses notes et la passion qu'elle dégage. Il fut moins difficile de partir loin de son petit ami que de son frère. Elle laissa le premier à Amsterdam, sans vraiment mettre un point final à cette relation. Ils s'écrivent régulièrement, mais la distance étiole les sentiments, et ralentit les battements du cœur de la blonde.