AALIYAH LIVINGSTON ► Lindsey Morgan

Je suis née à Salem, dans le Massachusetts, d’une mère mexicaine et d’un père irlandais. Je n’ai pas de frère et sœur. On peut dire que mes parents gagnent bien leur vie. Mon père est ingénieur en météorologie et ma mère est directrice d’un musée. Je n’ai jamais manqué de rien, vivant dans une jolie maison avec des parents aimants. Par contre, ils n’avaient pas les moyens de payer la totalité des frais d’Harvard donc je suis devenue boursière. A Boston, ils m’aident tout de même à payer mon appartement qui se trouve au Sud de la ville. Il n’est pas très grand mais est assez confortable, puis j’ai une jolie vue sur la plage de mon salon. Pratique quand l’envie me prend de faire une balade le long de la digue. En tout cas, je m’y sens bien avec mon chat Jipsy. J’ai un oncle qui se trouve à Boston. Il y tient un garage où je suis mécanicienne. Je ne sais pas trop pourquoi mais à l’adolescence, j'ai commencé à m'intéresser à la mécanique et à aider mon oncle de temps en temps à son garage. Le fait de réparer des choses est très satisfaisant pour moi. On va dire que c’est mon p’tit côté perfectionniste qui ressort. Mon oncle m’a tout appris. Donc si un jour vous avez un problème avec votre voiture, venez me voir !

J’ai toujours mis un point d’honneur à réussir dans les études. A l’école, je passais plus de temps la tête dans les bouquins plutôt que de sortir m’amuser. Mes parents m’ont toujours poussé à donner le meilleur de moi-même. La réussite est importante pour eux. Pour moi aussi. Je suis consciente de mes capacités et je fais en sorte de les exploiter au mieux. Je suis assez exigeante envers moi-même. Mon rêve est d’entrer à la NASA et je ferai tout pour atteindre mon objectif. Je me souviens du jour où mes parents ont acheté mon tout premier livre sur les planètes. Je devais avoir 8-9 ans. J’ai tout de suite accroché en le lisant. Je trouvais cet univers magique. A partir de ce moment-là, tous les soirs je regardais les étoiles de la fenêtre de ma chambre, à m’imaginer planer parmi les planètes, puis à marcher sur la Lune. Des posters sur la galaxie et des jouets comme des fusées et des vaisseaux spatiales inondaient ma chambre. Je me déguisais même en cosmonaute à chaque HALLOWEEN. C’était une véritable obsession puis c’est devenu une véritable passion. J’ai même un joli télescope chez moi.  En tout cas, je pense vraiment que mes études à Harvard vont me permettre d’atteindre mon but : devenir ingénieure en aérospatiale. Je prends chaque jour plaisir à venir en cours et je suis très heureuse d’avoir réussi à intégrer cette école.

Il y a quelques années, j’ai vécu un véritable cauchemar. Mon ex petit-ami m’a séquestré et violenté pendant deux ans. Je l’ai rencontré au garage de mon oncle. Je suis vite tombée amoureuse de lui. Il était si charmant. J’ai même rompu avec mon copain de l’époque, Elijah, pour être avec lui. Il avait reçu une bourse à l’Université de Stanford, en Californie. Il voulait absolument que je le suive et il pouvait se montrer très convaincant. Puis j’étais si amoureuse. J’étais prête à tout pour lui. Donc j’ai laissé tomber tous mes projets, comme entrer à Harvard, pour emménager à San José avec lui. Tous mes proches désapprouvaient mon choix. Surtout mes parents qui espéraient mieux de ma part. Mais ça m’était égal à l’époque. A San José, très vite mon ex a changé de visage. Il est devenu de plus en plus méchant. On se disputait énormément et un jour il en est venu aux mains. Il me tapait régulièrement après ça. A chaque fois, je lui trouvais des excuses, je pensais que c’était de ma faute. Il revenait toujours vers moi pour s’excuser, un bouquet de fleurs à la main, en disant qu’il ne lèverait plus la main sur moi et qu’il changerait. Il disait qu’il m’aimait beaucoup trop et qu’il ne voulait pas me perdre. Et moi comme idiote je le croyais et je lui pardonnais. Car bien sûr, les coups recommençaient. C’était un cercle vicieux. Il me séquestrait. Je n’avais plus le droit de sortir de l’appartement. Je passais mes journées enfermée à l’appartement. Il m’avait isolé de tout. Plus de portable, plus d’ordinateur, je n’avais plus aucun contact avec quiconque. Je ne me rendais même plus compte du mal qu’il me faisait. J’encaissais, c’est tout. Je n’essayais même pas de fuir car je l’aimais. Tout simplement. Il était clairement en train de gâcher ma vie. J’étais aveuglée par l’amour.  Heureusement, des amis ont soupçonné que quelque chose clochait quand j’ai commencé à ne plus donner signe de vie. Certains avaient même déjà remarqué des hématomes sur mon corps par le passé. Ils ont averti la police et des policiers ont débarqué chez moi. Tout s’est passé très vite après. Mon ex a été arrêté. Il a pris 5 ans de prison par la suite. De retour à la réalité, je me suis rendue compte de tout le mal qu’il m’avait infligé. J’ai fini par le détester et à essayer de me reconstruire. J’ai commencé à consulter un psy pour surmonter l’enfer que je venais de vivre. Aujourd’hui, ça va beaucoup mieux, j’ai retrouvé goût à la vie et je profite pleinement de ma liberté retrouvée.  

Malheureusement, on m’a vite reconnu à Harvard. L’histoire avec mon ex avait fait polémique seulement quelques mois avant mon entrée à Harvard. Ça avait paru dans les journaux. Il y eu des articles avec ma photo sur le net donc des gens n’ont pas mis longtemps à me reconnaître. Ça a fait le tour de l’université puis maintenant je suis connue pour avoir été séquestrée par son ex. Disons que j’ai connu mieux comme étiquette. Personne ne m’en parle car on doit se douter que c’est un sujet sensible. Ce qu’on peut penser de moi et de mon passé m’importe peu. Tout ce que je voulais, c’était passer à autre chose. Prendre un nouveau départ. Et c’est ce que j’ai fait. Ce que personne ne sait, pas même mes proches, c’est que j’étais enceinte à l’époque. J’ai pu avorter à temps mais ça a été la décision la plus dure et la plus déchirante à prendre de toute ma vie. J’étais totalement brisée et je ne me voyais pas élever un enfant dans ces conditions. J’avais besoin de faire un travail sur moi-même, de me retrouver. Cet enfant n’aurait pas été heureux, surtout avec un père en prison. C’est la seule chose dont j’ai vraiment honte. Je ne regrette pas mon choix mais j’ai cette impression d’avoir tué mon enfant. J’en parle encore aujourd’hui à mon psy et on fait un travail sur ça, pour que je pense autrement. Je dois me libérer de toute culpabilité.

Maintenant, je suis redevenue la jeune femme pleine de joie d’autrefois. J’ai retrouvé le sourire et je ris de nouveau aux éclats. Non sans l’aide de mes proches qui m’ont beaucoup soutenu. Se sentir aimer aide beaucoup. J’avais perdu toute confiance en moi. J’étais en pleine déprime. J’ai réussi à surmonter tout ça pour redevenir la Aalyiah d’avant. Il me reste encore quelques blessures qui ne partiront jamais vraiment mais ça va beaucoup mieux. J’ai gagné en assurance et je suis devenue beaucoup plus forte. Notamment grâce à la boxe. Des cours de boxe faisaient partie de ma thérapie. Ça m’a permis de déverser toute la colère que j’avais en moi de frapper dans des sacs. Je vous jure ça soulage énormément. Je continue de venir à des cours de temps à autre, quand je ressens le besoin de me défouler et pour canaliser mes émotions. Je sors beaucoup maintenant, comme pour compenser ces années d’enfermement. Je m’occupe toujours. Je profite de la vie. Je ne m’interdis rien. Puis ce n’est pas comme si je n’avais rien à faire. Entre mes cours à Harvard, mes heures de travail au garage, mes répétitions à l’orchestre de l’université, puis toutes les p’tites activités que je fais à côté, disons que mes journées sont bien remplies. Ça me fait du bien de m’activer, puis j’évite de rester trop longtemps à l’appartement sinon j’angoisse… Ah et ne me parlez plus d’amour. Je ne suis pas prêt de retomber amoureuse de si tôt. C’est le plus gros problème qui reste à régler dans ma vie. Je n’ai plus confiance en les hommes et j’essaie de ne pas tous les voir comme des pervers-narcissiques qui cherchent à me manipuler. C’est le seul point sur lequel je peux être très pessimiste. Sinon je suis un vrai p'tit rayon de soleil, promis !